Le Colonel souhaiterait désormais qu'on l'appelle «AMANI» au lieu de «IMAM» J'ai écouté le discours du Colonel Azali Assoumani p...
J'ai écouté le discours du Colonel Azali Assoumani prononcé à l'occasion du nouvel an musulman. J'ai eu l'impression que c'était le Grand Moufti de la République.
Il nous parlait de l'après la mort alors que sa mission aurait été de nous parler de la vie et du bien être de ses concitoyens. Aussi j'ai eu le sentiment qu'il oublie qu'en Chef de l'Etat, il se doit de s'adresser non pas seulement aux comoriens musulmans mais aussi à tous les comoriens non musulmans et étrangers qui habitent sur le sol comorien. Ceci pourrait nous ramener au débat sur la laïcité de l'Etat comorien qui est un autre sujet..
Sur le fond de son discours, il voulait nous parler de dialogue un peu spécial car il définit lui-même seul son agenda et le contenu de ce dialogue et bientôt il désignera avec qui il veut en discuter (peut-être avec lui-même ou avec des opposants qu'il va fabriquer). En clair, le Colonel se moque de nous en disant qu'il voudrait un dialogue pour renouveler les instances nécessaires et indispensables pour son prochain agenda électoral dont il est seul à le croire (CENI, CECI, découpage électoral et ainsi de suite).
De qui se moque t-il? Au moment où le pays est déchiré et déstabilisé par ses décisions antidémocratiques et anticonstitutionnelles, le Colonel ne voit autre issue que son devenir politique pour continuer à exercer seul son pouvoir machiavélique jusqu'en 2024 et 2030.
En gros, comme son mandat est terminé, il supplie l'opposition à s'asseoir autour d'une table pour le légitimer jusqu'en 2024, étape mi-parcourt vers son émergence irrationnelle.
Toutefois, la pression internationale exercée sur lui est tellement forte qu'il est contraint de faire un semblant de dialogue pour tromper encore une fois l'opinion nationale et internationale. Et ce,, alors qu'il est au pieds mur et que la victoire est proche, par ce que la plaidoirie du peuple est enfin attendue par nos partenaires. Le Colonel se croit plus malin que TOUS. Il voudrait maintenant prendre les habits d'un réconciliateur. Il souhaiterait même désormais que l'on ne l'appelle plus 'IMAM' mais plutôt 'AMANI'.
Qui peut croire réellement à un dialogue constructif de la part d'un multirécidiviste en coup d'Etat électoral et constitutionnel ? Qui peut croire en la sincérité de Azali alors que d'entrée de jeu il fixe seul les objectifs et les règles du jeu? Horizon 2030 hoho...
Enfin, je voudrais réitérer au Chef de l'Etat que le dialogue dont souhaite l'opposition doit avoir un ou plusieurs médiateurs de la communauté internationale. Car en effet, la parole du Colonel n'est plus crédible, ne respectant ni les comoriens ni notre tradition ni nos institutions de la République et encore moins l'islam dont il devrait s'en inspirer. Ce que souhaiterait l'opposition c'est un dialogue de sortie de crise qui ferait le bilan de cette dictature, en tirer les conséquences, réconcilier la nation et se projeter vers un meilleur avenir, sans le dictateur ni la dictature.
Le dialogue dont l'opposition souhaite doit être précédé de mesures d'apaisement en faveur des exilés civils et militaires, des otages et des prisonniers politiques. Le dialogue dont l'opposition souhaite doit clarifier non seulement tous les assassinats et victimes de cette dictature mais aussi les profiteurs et commanditaires. Le dialogue dont souhaite l'opposition est celui qui rétablira l'ordre constitutionnel afin que notre pays puisse retrouver tous ses repères démocratiques qui garantissent tout à chacun ses libertés fondamentales et ses droits civiques.
Nous attendons donc impatiemment les mesures d'apaisement et la nomination d'un ou plusieurs médiateurs internationaux, qui sont les préalables sans lesquels aucun dialogue ne sera possible.
Ahmadou MZE SOILIHI
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