Photo d'illustration Dans un précédent texte, j’évoquais le sentiment que laissait entrevoir le président comorien quant à ses agis...
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Dans un précédent texte, j’évoquais le sentiment que laissait entrevoir le président comorien quant à ses agissements qui pour beaucoup apparaissent surréalistes. Et je disais, alors, qu’il semblait intimement convaincu d’avoir une mission divine à réaliser aux Comores. Et pour cause, le parcours du Raïs est surréaliste.
L’homme dont il s’agit était un élève médiocre. Un ancien camarade de classe témoignera des efforts déployés à l’aider à faire ses devoirs.
Après son bac, il choisit l’armée or, sans tomber dans une caricature qui manquerait de respect aux forces militaires du monde entier, l’on sait que ce sont souvent les élèves moins brillants ou des jeunes qui par peur de ne pouvoir rien faire d’autre, se tournent vers l’armée. Nos amis militaires, ne tirez pas sur moi, mais vous ne pouvez pas nier le fait que l’armée est souvent « shuku-risée ». N’attendons pas fréquemment « shukuru wende wa vaye bpa udjeyishi » (à défaut d’autre chose, engage toi dans l’armée)?
Tout cela pour dire que l’orientation professionnelle de celui qui nous préoccupe ici, était liée à son niveau médiocre de l’époque. Une médiocrité que ne trahit point ce que l’on découvre ces derniers temps, tant dans les idées que dans le verbe, à travers les discours du Colonel.
Le massacre affligé à la langue française, langue de formation pour ceux qui seraient tentés de nous renvoyer au visage le fait que Macron ne sait pas dire bonjour en comorien, nous fait dire que bien avant le procès sur l’assassinat d’Apache jusqu’à celui de Gazon, à l’heure du Jugement dernier, le Colonel devra d’abord s’acquitter de la peine qu’il fait subir à Molière à chaque fois qu’il prend la parole en non-comorien.
ET POURTANT, malgré la médiocrité du bachelier il décrochera une place royale dans l’école militaire marocaine, accords bilatéraux facilitant les choses. S’ensuivront pour Azali des vacances dans des écoles militaires en France où, pour des raisons d’accords néocolonialistes, des militaires africains sont accueillis quelques mois pour être domptés à mieux servir les dictateurs que la France-Afrique placera successivement à la tête de leurs pays respectifs. Ils sortent généralement avec l’illusion d’être vraiment des Saint-cyriens.
C’est dans cet esprit que le nôtre évoluera à Kadani ou Voidjou dès son retour, sous les ordres de Bob Denard auprès duquel il développera sa passion pour le putschisme.
Devenu chef d’Etat major, il s’illustrera en 1995 par sa fuite devant l’attaque des mercenaires. C’est à l’ambassade de France que le plus haut fugitif de l’Etat trouvera refuge, laissant ses frères d’armes, placés sous son autorité, seuls devant l’ennemi. ET POURTANT, Malgré cet acte répréhensible dans la discipline militaire et le plus lache dans l’activité d’un soldat, quatre ans plus tard les militaires acceptent de le suivre dans le putsch de 1999.
Ils l’obéiront jusqu’à 2002 et l’aideront à se maintenir au pouvoir de 2002 à 2006. C’est sous les huées du peuple que l’ancien président quittera Beit Salama pour 10 ans de « chômage ». Durant cette période, de nombreuses affaires, notamment de détournements de fonds qui l’impliquaient éclatèrent. L’homme semblait symboliser aux yeux de la population, l’un des chefs d’Etat le plus corrompu.
ET POURTANT, en 2016, alors qu’il serait normalement arrivé 4ème au 1er tour, l’homme se retrouve avancer en 3ème position et remportera la présidentielle. Il jura sur le coran, la main sur le coeur, de céder le tour à Anjouan en 2021. Ensuite arriva les assises, puis la Constitution. Et l’homme changea d’avis pour s’éterniser au pouvoir. A l’heure d’aujourd’hui, il n’est pas besoin de recourir à d’inutiles sondages pour démontrer que l’homme actuellement à la tête des Comores est le plus impopulaire de son histoire! ET POURTANT, cela n’atténue en rien la certitude à peine déguisé d’une victoire attendue le 21 avril 2019.
Et si tout était écrit là haut? Lui en est viscéralement convaincu. A bien analyser son comportement, le président comorien agit en Jacques le fataliste « tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas était écrit la-haut ». Rien de surprenant pour un musulman, dirait-on. Sauf qu’à cette croyance coranique s’ajoute pour Azali, une autre croyance. Celle d’une mission divine qui lui est fatalement assignée.
L’émergence c’est lui ou personne. Et cela lui suffit pour ne rien vouloir comprendre de rationnel. Aucun conseil ne lui paraît nécessaire. Ainsi, il n’est pas rare que parmi ses plus proches conseillers, certains confessent ne pas être d’accord avec certaines décisions ou comportement du président. C’est qu’en réalité se mêle à la croyance divine du président, propre, notamment à tout musulman, un attachement profond à d’autres forces. Celles là sont occultes, surnaturelles. [next]
« C’est un message, c’est un examen » tel un refrain, cette expression revient constamment dans les discours du président. Azali n’est pas loin de croire que ce prisonnier arraché des forces de l’ordre avant d’être battu à mort et démembré dans les rues de Mutsamudu, que la mutilation de ce gendarme de Sanfil, que ce taximan tué lors de l’insurrection Anjouanaise ou plus récemment ce jeune iconien abattu dans une banale affaire de voitures « volées », relèvent d’une épreuve divine, un message.
Et c’est cette croyance superstitieuse qui le rend peu, voire pas du tout sensible à la gravité des actes pourtant ignobles perpétrés dans le pays pendant ces deux dernières années. Rien de tout cela n’émeut l’homme de Beit Salama. Et la célèbre infodrameuse des réseaux sociaux ne s’est pas trompée lorsque dans son Infodrame de fin 2018, elle affirme que « ye mwalimu wa mapinduzi wa Assoumani, hamnadjimiya zindji wo mwaha wunu naye hazirende piya » (le marabout du président lui a prescrit beaucoup de choses pour cette année et il a tout exécuté).
Et puisque nous abordons la superstition, à laquelle nous autres n’accordons aucune espèce d’importance, ayons le respect à l’endroit de celles et ceux qui comme le président y apportent une attention particulière. Et dans ce cas allons-y, sans détour en relevant différents événements qui ont marqué les 2 ans du mandat d’Azali.
Aux actes meurtriers déjà évoqués plus haut, ajoutons ces rumeurs qui ont alimenté quelques temps les conversations volovoënnes et taximaniques sur ce besoin qu’aurait le président de sacrifices humains. On parlait à l’époque d’une prescription fait au Président de sacrifier 7 jeunes hommes. Et on comptait le nombre de décès « mystérieux.»
On a aussi mis sous le compte de cette demande maraboutique, l’amputation d’une main, la disparition, il y a quelques mois, de ces 4 jeunes retrouvés dans un puit à Moroni sans que jamais les circonstances de cet curieux acte n’aient pu être élucidées. On a également évoqué le curieux choix d’un lundi pour une élection nationale (le mariage d’un frère dimanche ne convainquant pas tout le monde).
Et très récemment c’est le choix de cette même chemise mythique que la président a porté lors des deux déclarations de candidature successives (2016 et 2019) qui a suscité la curiosité de certains. N’allons pas jusqu’à ajouter le port systématique des lunettes noires ou de cette cravate rouge pour les déplacements à l’étranger. Et pourtant...
Certaines indiscrétions rapportent qu’à chaque acte meurtrier qui lui est annoncé, le président se contenterait d’une surprenante réaction: « nayike zipvira yapvo » expression qui renvoie au « sacrifice » au « message divin », autrement dit, « un sacrifice utile » Loin de moi l’idée d’accorder à tout ceci une quelconque signification qui ne serait qu’irrationnelle, mais je n’exclus absolument pas qu’il y ait de la part du président comorien, lui, une réelle croyance et peut-être une soumission à de forces irrationnelles.
A agir comme il agit, Azali semble se passer volontiers d’une quelconque rationalité. Et c’est ce qui le rend irraisonnable. En fait Messi se prend pour le messie. Et dès lors, tout combat rationnel contre lui n’est qu’une perte de temps...
Par Said Idriss
Par Said Idriss
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