Chaque samedi, c'est comme un rituel pour moi, je me rends à mon bled natal au nord de Ngazidja pour le week-end. Ce samedi 30 juin n...
Chaque samedi, c'est comme un rituel pour moi, je me rends à mon bled natal au nord de Ngazidja pour le week-end. Ce samedi 30 juin n'a pas dérogé à la règle. Arrivé à Mitsamiouli, déviation. A la sortie nord de la ville, l'on quitte la RN1 et emprunte une piste qui passe par le défunt Galawa avant de retrouver la même RN1 à des centaines de mètres plus loin.
Ce fut l'occasion d'une leçon de vie à deux de mes garçons. Je leur au dit : "voyez-vous, les garçons, pour aller au paradis, il faut mourir d'abord. Moralité, passer par cette piste caillouteuse, c'est la mort ; la voiture se cabosse un peu. Nous la prenons aujourd'hui mais demain, nous aurons une belle route, le paradis, en fait. La voiture roulera très bien.
Mais, chers lecteurs, ce n'est ni du paradis ni de la mort dont je veux vous entretenir. Il y a des connaisseurs en cela. Je veux parler du GALAWA, le célèbre hôtel à Mitsamilouli, au nord de la Grande-Comore.
Passant sur le site de l'ancien hôtel de luxe, j'ai étouffé mon émotion, envahi par un malaise intérieur. Au fonds de moi, j'ai pensé : c'est méchant ce qu'ils ont fait, ce Sambi et les siens. Le Galawa, le saviez-vous?, c'était près de 500 emplois directs. Le GALAWA, nul ne l'ignore, c'était des achats quotidiens : les paysans y vendaient fruits et légumes. Le GALAWA c'était un joujou pas seulement pour touristes en mal d'exotisme mais un joyau économique.
D'une intelligence débordante, Sambi et les siens l'ont rasé à coups de tracteurs pour satisfaire on ne sait quelle lubie. Car de construction ou reconstruction d'hôtel, ce n'était ni leur désir ni leur capacité. Ce n'était pourtant pas faute d'argent. Une petite dizaine des milliards du [next] programme de citoyenneté économique auraient bien suffi. Mais certains, je n'en doute pas, me rétorqueront droits de l'homme, , liberté, cour constitutionnelle, dictature comme à chaque fois qu'on leur met le rapport parlementaire sous le nez. Sa puanteur leur suscite des haut-le-coeur et pour fuir ou pour noyer le poisson, ils parlent de démocratie, mettent en avant une sorte d'intégrité morale, parlent de gouvernance et tentent de se trouver une virginité politique.
De tout cela, nous aurons l'occasion d'en parler. Et pied à pied, nous dirons qui de nous est plus démocrate que l'autre, nous dirons qui est plus patriote que l'autre. Nous dirons simplement qui est qui et briserons les mythes.
Mais pour le moment, ce qui nous préoccupe c'est l'argent, c'est important, c'est très important car notre pays et son peuple en ont besoin.
Et pour finir, si ça ne tenait qu'à moi, nul n'irait en prison s'agissant du dossier ''citoyenneté économique. Tous ceux qui en seraient reconnus coupables, je me contenterai de retrouver les sous et les verser au trésor public". On débattra après si c'est démocratique ou pas.
En attendant, soutiens des destructeurs de l'hôtel GALAWA, vous êtes invités sous le badamier à Mitsamiouli, soutenir que ce forfait est une bonne chose et c'est démocratique. Par Mohamed Hassani
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