Le tribunal a mis à profit le délai sollicité par la défense pour ordonner une expertise psychiatrique de l’accusé, incapable hier d’expliq...
Le tribunal a mis à profit le délai sollicité par la défense pour ordonner une expertise psychiatrique de l’accusé, incapable hier d’expliquer son comportement. Sur les conseils de son avocate, Me Stéphanie Vaidie, Sylvain (*) a sollicité hier, comme la loi l’y autorise, un délai pour préparer sa défense.
Ce jeune homme de 22 ans, originaire de Mayotte et un temps étudiant en droit à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), est accusé de conduite sans permis ni assurance, mais aussi – et surtout – de refus d’obtempérer, de dégradation ou détérioration de bien public, de rébellion avec arme et de violences avec usage ou menace d’une arme. Des faits théoriquement passibles d’un total de plusieurs années de prison et de centaines de milliers d’euros d’amende.
Le procès se tiendra le 8 septembre prochain
Sylvain, présenté hier au tribunal en comparution immédiate, reviendra donc le 8 septembre prochain. D’ici-là, il a été maintenu en détention provisoire. Il devra s’y plier à une expertise psychiatrique.
Jeudi 27 juillet dernier, en pleine après-midi, une patrouille de la brigade anticriminalité remarquait une Renault 21 bleue qui roulait à fond la caisse dans les rues de Bourges (Bourges est une commune française, préfecture du département du Cher), au cœur d’une circulation très dense. Sitôt le gyrophare enclenché, son conducteur accélérait encore… et engageait contre plusieurs voitures de police une course-poursuite mémorable, appelée à rester dans les annales de la délinquance routière berruyère.
En l’espace d’une demi-heure, tout y passait : feux rouges et stops brûlés, rues dévalées à contresens, voitures et même piétons frôlés de très près… Bref, c’était miracle que l’affaire se termine sans aucun blessé, voire pire.
Deux voitures de police hors d’usage
Sur la route de La Charité, à Saint-Germain-du-Puy, la Renault folle était enfin immobilisée, non sans avoir volontairement embouti – et détruit – deux voitures de police.
Sommé de quitter son volant, son chauffeur tentait de frapper les policiers qui le cernaient et en blessait (légèrement) quatre au moyen d’une barre de fer (l’antivol de la voiture, en l’espèce) avant d’être neutralisé par un tir de Flash-Ball.
Incapable de s’expliquer, Sylvain laisse son avocate évoquer sa personnalité, son parcours, sa dérive.
D’étudiant à SDF en deux ans
Il a passé son bac à Mayotte et a déboulé à Clermont-Ferrand avec une bourse d’études. Deux années de droit sans rien au bout et le voilà sans le sou. Dès lors, le jeune homme se marginalise, erre de foyer en foyer, fréquente l’antenne locale de la Fondation Abbé Pierre, dort et survit bien souvent dans sa voiture. Le bout du bout de la précarité.
À le voir dans le box des prévenus, difficile de faire la part de l’hébétude, du détachement et d’une sorte de sérénité un peu rêveuse. Sylvain sait-il seulement qu’il est question de lui?? Et que son sort va se jouer en ces lieux, dans quelques jours?
Il est célibataire, sans enfant. Il a rompu les amarres avec ses origines, a bien une sœur en France, qu’il n’évoque que douloureusement. Il assure à la présidente, Pauline Wattez, qu’il ne boit pas, qu’il n’est pas toxicomane. Il se serait présenté à Pôle emploi, à Bourges, désireux de « travailler dans le bâtiment, dans l’électricité ».
On n’en saura pas plus. À l’expert psychiatre de prendre le relais.
(*) Le prénom a été changé.
Emmanuel Letreulle ©leberry.fr