Un sportif comorien des Jeux des Iles en centre de rétention à La Réunion
SAINT-DENIS. Interpellé sur un chantier de construction par les gendarmes, Mouhamadi Daou Bacar a ensuite été remis à la Police aux frontières. Il se trouvait hier soir en centre de rétention administrative.
Ces derniers mois, Mouhamadi Daou Bacar s'est illustré avec brio avec son club de l'Entente du Nord en remportant plusieurs courses organisées aux quatre coins de l'île. L'athlète comorien est respecté et apprécié dans le monde sportif mais il a hier été rattrapé par son passé.
En août 2015, il était arrivé dans l'île avec les 250 sportifs et encadrants de la délégation des Comores dans le cadre des Jeux des Îles mais il n'est jamais reparti avec eux. Il fait partie des 58 «disparus» qui ne sont pas rentrés dans l'archipel alors que la durée de leur visa n'excédait pas un mois.
Considéré comme étant en situation irrégulière par les autorités françaises, Mouhamadi Daou Bacar n'était apparemment pas dans le viseur de la Police aux frontières (PAF) jusque-là, en dépit de son exposition médiatique. Tout a basculé hier matin alors qu'il venait de signer un contrat de maçon sur un chantier.
Selon son entourage, le chantier aurait été la cible d'un contrôle par les gendarmes, contrôle à l'issue duquel Mouhamadi Daou Bacar a été placé en garde à vue. Les militaires s'apprêtaient apparemment à le relâcher lorsque les agents de la PAF sont arrivés pour le placer cette fois-ci en rétention administrative.
D'après son avocat Me Mihidoiri Ali, que nous avons contacté, les policiers comptaient initialement le faire embarquer sur un vol, dès hier soir, vers le centre de rétention administrative de Mayotte, d'où il aurait pu ensuite être reconduit vers Moroni. Mais l'intervention de Me Ali semble avoir fait changer la donne.
« J'ai envoyé un fax au procureur de la République pour lui demander sous quel régime il est privé de liberté, relate l'avocat. J'ai appris par la suite qu'il n'avait finalement pas été reconduit mais qu'il se trouvait en centre de rétention ».
Le centre de rétention de la PAF n'étant toujours pas fonctionnel, le sportif a en fait été conduit à l'Hôtel Le Select, comme c'est le cas régulièrement dans pareille situation. C'est là-bas que son avocat devait se rendre hier soir pour s'entretenir avec son client.
Pour Me Mihidoiri Ali qui envisage de faire un recours devant le tribunal administratif, la procédure d'assignation à résidence était à privilégier pour son client. « On a affaire à quelqu'un qui ne se cache pas. S'il y a bien une personne qu'on pouvait assigner à résidence plutôt que de la placer en rétention, c'est bien M. Daou Bacar, comme la nouvelle loi sur le droit des étrangers en offre la possibilité ».
Le sort de l'athlète comorien reste toujours en suspens. Hier, ses camarades sportifs ne cachaient pas leur colère face au caractère expéditif de la procédure.
H.A.