Autopsie sur le umezi wa siyasa Komori ou la mendicité politique aux Comores

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Au-delà de la légende du roi Salomon et de la reine de Saba, du anda na mila (les us et coutumes) et du « wubabufu harumwa ye ma bangwe  ...

Au-delà de la légende du roi Salomon et de la reine de Saba, du anda na mila (les us et coutumes) et du « wubabufu harumwa ye ma bangwe » ( la palabre sur les places publiques), un phénomène nouveau fait son apparition dans le domaine politique comorien : le umezi wa siyasa.
Photo d'archives - Campagne présidentielle 2016

Le umezi wa siyasa est par excellence la transformation des hommes politiques en mendiants de la politique. Ce phénomène complexe mérite une approche analytique en mettant en exergue quelques éléments explicatifs, notamment le mdjihupviyo wa haraka (l’enrichissement personnel précoce), le mdjeneso (le paraître), le mpuzo wa daula ya sharian (le manque d’un Etat de droit) et le utsindzifu twamaya (le désespoir).

Le mdjihupviyo wa haraka ou enrichissement personnel précoce est un phénomène assez connu aux Comores. Il n’épargne pas les hommes politiques, dont la plupart ont encouragé la corruption afin de pratiquer le clientélisme politique (le système politique de « mwana hatru » ou notre enfant est le slogan fort du favoritisme politique postcolonial comorien). Et l’homme politique qui a très bien décrit le phénomène reste incontestablement l’ancien gouverneur de île Ngazidja, Said Hassane Said Hachim. Surnommé «ndjizi » ou miel (référence à ses belles paroles qui ont le goût du miel), ce grand tribun et petit-fils du sultan Hachim de Mbadjini déclara un jour : « Mi hushiya mauti ya hafla sha ndja paro ichiya utadjiri wa hafla» (j’entends une mort subite mais je n’ai jamais entendu de la richesse subite).

En ce qui concerne le « mdjoneso » ou paraître, c’est un phénomène fondamental qui caractérise très bien une société à forte tradition orale comme celle des Comores. Sur ce point, c’est la notion de shewo ou honneur pousse les gens à la surenchère financière et à l’endettement. Le système du grand mariage (un ensemble de prestations coutumières qui permettent à l’individu d’obtenir le statut social de notable) en est l’exemple. Et ce paraître est important pour l’homme politique (surtout en Grande Comore) dans la mesure où il a besoin d’un prestige social pour exister politiquement. Donc, il est sous la pression familiale et des notables (les wandrwadzima ou hommes accomplis) de son village pour qu’il fasse son grand mariage. Du coup, il se lance dans un système frauduleux, notamment les détournements de fonds publics, afin d’atteindre son objectif.

S’agissant du mpuzo wa daula ya sharian ou manque d’un Etat de droit, c’est un constat qui a été fait depuis fort longtemps. En effet, depuis l’accession des Comores à l’indépendance en 1975, la justice reste le parent pauvre du soi-disant Etat Comorien (un notable disait que « kapvatsi daula sha ngapvo msetro », il n’y a pas d’État mais il y a du désordre). Ce manque de justice favorise la corruption et les détournements de deniers publics chez certains hommes politiques : « Ils vont continuer à voler car ils savent qu’ils seront jamais inquiétés par la justice » (entretien, notable, 2010).

Enfin, le utsindzifu twamaya est un sentiment de déception qui s’est installé progressivement aux Comores au lendemain de l’indépendance. La plupart des Comoriens, qui avaient misé sur l’indépendance de leur pays, sont déçus par la façon de gouverner de leurs dirigeants politiques : institutionnalisation des pratiques corruptibles (il suffit d’être nommé D.G. des douanes pour asservir certains citoyens assoiffés et désœuvrés financièrement), instauration du clientélisme politique, du « villagisme » ( l’esprit du village est plus élevé que celui de la nation) et de l’impunité.

Par conséquent, ces multiples facteurs ont discrédité une bonne partie de la classe politique comorienne. Et l’ancien président Said Mohamed Djohar n’avait pas tort lorsqu’il disait « kapvatsi wandru wa siyasa sha ngapvo wa zulufu wa siyasa » (il n’y a pas des hommes politiques mais des affamés de la politique). Par Ibrahim Barwane
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