La cour d’assises d’Indre-et-Loire a condamné hier soir Kevin Mounier à quinze années de réclusion criminelle pour avoir tué son voisin d’un...
La cour d’assises d’Indre-et-Loire a condamné hier soir Kevin Mounier à quinze années de réclusion criminelle pour avoir tué son voisin d’un coup de couteau.
A-t-il eu le temps de savoir ce que Kevin Mounier lui reprochait, Chakirina Abdallah, quand il s'est trouvé face à lui ? Tout est allé très vite : pas le temps d'échanger un mot, tout juste d'entendre « Tu te fous de ma gueule ? » au moment où la lame est rentrée dans son abdomen.
A-t-il eu le temps de savoir ce que Kevin Mounier lui reprochait, Chakirina Abdallah, quand il s'est trouvé face à lui ? Tout est allé très vite : pas le temps d'échanger un mot, tout juste d'entendre « Tu te fous de ma gueule ? » au moment où la lame est rentrée dans son abdomen.
Un coup qui ne pouvait être que mortel, malgré tous les efforts des secours, comme l'a précisé le médecin légiste : « Il n'y avait rien à faire, mais on a tout fait cependant… »
Tout les opposait : la victime était un jeune homme joyeux, souriant, ouvert aux autres, quand son agresseur était introverti, d'une suspicion presque paranoïaque. Le bruit venant du dessus ne pouvait être que volontaire et délibérément tourné contre lui, le sourire de la victime ne pouvait être qu'un rictus de provocation destiné à l'humilier.
Pas l'ombre d'une chance d'éviter cette issue fatale. « Une mort absurde, gratuite et incompréhensible », selon le ministère public, Mme Norguet. La cour a pourtant tout fait pour comprendre ce qui s'est passé dans la tête du meurtrier, tout en butant sur l'irrationnel : l'abîme entre la gravité de l'acte et la futilité des motivations avancées par Kevin Mounier.
Car du bruit, il y en avait souvent dans ces constructions de l'après-guerre du quartier Jolivet, où l'on entend le voisin tourner sa page de journal… Et des voisins se sont plaint plusieurs fois auprès des trois étudiants colocataires. Mais aucun ne l'a fait en prenant deux couteaux, et en portant un coup avant même d'avoir prononcé un mot.
« Les couteaux n'étaient pas là pour vous protéger, a lancé Mme Norguet, mais pour vous acharner sur votre victime. » « Vous me faites peur », avait confié peu avant Me Brugière, qui parlait au nom de la famille de la victime. « Parce que je ne suis pas certain que vous n'allez pas recommencer un jour. » Une perspective qui n'avait d'ailleurs pas été écartée par l'expert psychiatre la veille.
Face à ces arguments, la défense a demandé à la cour de ne pas se laisser guider par l'émotion : « Être juste, c'est donner une chance à cet homme qui n'a fait qu'un seul faux pas, c'est croire à la possibilité de s'amender », a plaidé Me Jihane Bendjador. Son père, le Bâtonnier Boualem Bendjador, a insisté sur les conséquences du cannabis, sur son lien de causalité avec le passage à l'acte. « Mais le cannabis est la conséquence de l'enfermement pendant neuf ans dans sa chambre et non la cause : avait-il d'autre solution pour s'en sortir que de prendre l'air avec du cannabis ? »
La cour a rendu un verdict quasi conforme aux réquisitions : Kevin est sorti de sa chambre où il s'était fait prisonnier pour une autre prison où, finalement, il a l'air de se sentir un peu mieux.
Tout les opposait : la victime était un jeune homme joyeux, souriant, ouvert aux autres, quand son agresseur était introverti, d'une suspicion presque paranoïaque. Le bruit venant du dessus ne pouvait être que volontaire et délibérément tourné contre lui, le sourire de la victime ne pouvait être qu'un rictus de provocation destiné à l'humilier.
Une mort absurde
Pas l'ombre d'une chance d'éviter cette issue fatale. « Une mort absurde, gratuite et incompréhensible », selon le ministère public, Mme Norguet. La cour a pourtant tout fait pour comprendre ce qui s'est passé dans la tête du meurtrier, tout en butant sur l'irrationnel : l'abîme entre la gravité de l'acte et la futilité des motivations avancées par Kevin Mounier.
Car du bruit, il y en avait souvent dans ces constructions de l'après-guerre du quartier Jolivet, où l'on entend le voisin tourner sa page de journal… Et des voisins se sont plaint plusieurs fois auprès des trois étudiants colocataires. Mais aucun ne l'a fait en prenant deux couteaux, et en portant un coup avant même d'avoir prononcé un mot.
« Les couteaux n'étaient pas là pour vous protéger, a lancé Mme Norguet, mais pour vous acharner sur votre victime. » « Vous me faites peur », avait confié peu avant Me Brugière, qui parlait au nom de la famille de la victime. « Parce que je ne suis pas certain que vous n'allez pas recommencer un jour. » Une perspective qui n'avait d'ailleurs pas été écartée par l'expert psychiatre la veille.
Quinze ans requis
Face à ces arguments, la défense a demandé à la cour de ne pas se laisser guider par l'émotion : « Être juste, c'est donner une chance à cet homme qui n'a fait qu'un seul faux pas, c'est croire à la possibilité de s'amender », a plaidé Me Jihane Bendjador. Son père, le Bâtonnier Boualem Bendjador, a insisté sur les conséquences du cannabis, sur son lien de causalité avec le passage à l'acte. « Mais le cannabis est la conséquence de l'enfermement pendant neuf ans dans sa chambre et non la cause : avait-il d'autre solution pour s'en sortir que de prendre l'air avec du cannabis ? »
La cour a rendu un verdict quasi conforme aux réquisitions : Kevin est sorti de sa chambre où il s'était fait prisonnier pour une autre prison où, finalement, il a l'air de se sentir un peu mieux.
François Bluteau
Kevin Mounier comparaît devant la cour d’assises pour avoir tué d’un coup de couteau en janvier 2012 son voisin , un étudiant originaire de Mayotte dans l'Archipel des Comores, du dessus dont il ne supportait plus le bruit.
Kevin Mounier comparaît devant la cour d’assises pour avoir tué d’un coup de couteau en janvier 2012 son voisin , un étudiant originaire de Mayotte dans l'Archipel des Comores, du dessus dont il ne supportait plus le bruit.