Il égorge les bœufs, accueille les invités, met le couvert et cire les bottes et bottines. «Cette histoire de mariage est venue décul...
Il égorge les bœufs, accueille les invités, met le couvert et cire les bottes et bottines.
«Cette histoire de mariage est venue déculotter, une fois de plus, une certaine classe politique comorienne. Tout ce que le Tout-Moroni et le Tout-Mutsamudu compte comme pique-assiettes dans l'Administration est à Fomboni en ce moment. Et là, je ne parle même pas des mendiants politiques mohéliens. Je crois même que les gardiens de prison doivent y être, et si les prisonniers veulent se faire la belle, ils ont le champ libre».
Ce mot, volontairement truculent et ravageur, est de Mohamed Ali Ridhoi, cousin d'Ikililou Dhoinine et Mohamed Larif Oucacha, qui résume la «ferveur patriotique» qui a saisi le ban et l'arrière-ban de la classe politique comorienne, qu'on trouve dans tous les coins de Mohéli, dans le style qui a fait la sulfureuse réputation des célèbres «Comoricains». Notre valeureuse classe politique est à Fomboni pour célébrer le «Kombé» ou Grand Mariage de la petite sœur de la Première Dame. Ce que Mohamed Ali Ridhoi ne sait pas pour l'instant, c'est que l'ancien Président Azali Assoumani s'est autoproclamé maître de cérémonie et bonniche à toute faire. Il manie même la serpillère et le seau espagnol. C'est lui qui organise ce mariage de bout en bout. C'est comme si c'était le mariage de sa propre fille. Et même si c'était le mariage de sa propre fille, il aurait délégué certaines tâches. Mais, là, il s'occupe de tout et s'énerve quand il voit d'autres pique-assiettes vouloir l'aider, les accusant de vouloir se substituer à lui.
Celui qu'on appelle désormais «le marieur de Mohéli» ne fait pas les choses à moitié. On l'a vu en personne à l'«Aéroport» de Bandar-Es-Salam organiser dans les moindres détails l'arrivée à Mohéli d'Ikililou Dhoinine, le beau-frère de la mariée. Il était 8 heures du matin, mais il était là. Comme un grand. En costume-cravate. Et ce n'est pas fini. Avant l'organisation du Madliss, il a tout simplement fait très fort. C'est lui qui inspectait les chaises et les bâches, vérifiant chaque détail pour être sûr que tout allait bien. Partout, il s'affiche avec le couple présidentiel pour affirmer une proximité dont se fichent les Comoriens et qui ne l'empêchera pas d'être humilié en 2016 par l'électorat comorien. Et puis, dans l'affaire, «le marieur de Mohéli» fait tout pour montrer que c'est lui le copain tout neuf du Président de la République et de la Première Dame, à l'exclusion du Vice-président Mohamed Ali Soilihi et du Gouverneur Mouigni Baraka qui, dans leur coin, ricanent et laissent faire.
Azali Assoumani dit «le marieur de Mohéli» est tellement occupé à tresser des lauriers à la Première Dame qu'il a méchamment «oublié» de prendre langue avec les Mohamed Saïd Fazul et autres «alliés» à Mohéli. Certains l'accusent ouvertement de s'être placé dans un rôle qui est habituellement dévolu aux mères maquerelles politiques, celles qui, pour mettre en valeur une nouvelle prostituée, n'hésitent pas à déclarer devant le client politique libidineux: «Je te présente Fatima, une nouvelle fille. Fais attention avec elle car elle est presque vierge. Si tu vois ce que je veux dire…».
Mais, pour comprendre la nouvelle «ferveur patriotique» d'Azali Assoumani, il faut placer les choses dans leur contexte. Un contexte politique. Comme nous vous l'annonçons depuis 2013, des plans sont concoctés à Beït-Salam pour «caser» la Première Dame en 2016. Elle se verrait bien au poste de Gouverneure de Mohéli, auquel cas, il faudra fourguer Mohamed Saïd Fazul à Azali Assoumani, pour l'éloigner de Mohéli, car l'ancien Président de l'Île autonome de Mohéli a une grande capacité de nuisance pour avoir gardé une clientèle politique très importante qui empêchera la Première Dame de devenir Gouverneure de l'île. En devenant le colistier d'Azali Assoumani, qui l'avait nommé, en 2000, Gouverneur de Mohéli, Mohamed Saïd Fazul aide la candidature de la Première Dame, même si le dernier mot appartiendra à l'électorat mohélien.
Pour récompenser le «marieur de Mohéli» pour avoir éloigné de Mohéli un danger mortel de l'île, Beït-Salam financera de bout en bout la campagne de notre Azali Assoumani national. Après, on s'arrangera comme on pourra avec le Vice-président Mohamed Ali Soilihi, le «candidat naturel» d'Ikililou Dhoinine. Mais, comme «le marieur de Mohéli» est au courant de cette affaire, il a un autre fer au feu: il fait des œillades énamourées au couple présidentiel pour qu'il lui soit attribué l'insigne honneur de conduire, en 2016, une liste dont la Première Dame serait la colistière à Mohéli. Ce qui explique sa volonté d'éclipser le Vice-président Mohamed Ali Soilihi auprès du couple présidentiel. Mais, il ne sait pas que le Vice-président a beaucoup d'arguments à faire valoir auprès du Président de la République et de la Mouvance présidentielle.
Un autre facteur vient s'ajouter à ce micmac: les remerciements. Pour une fois, le putschiste multirécidiviste Azali Assoumani veut manifester de la reconnaissance envers quelqu'un. Et ça ne serait que «justice». Il veut remercier Beït-Salam, qui a légalisé son coup d'État à la CRC. Car la foutaise judiciaire qui a conduit à l'attribution de la direction de la CRC à Hamidou Karihila, l'homme-lige d'Azali Assoumani, a été entièrement conçue à Beït-Salam. Comment? C'est très simple. La Juge Daanlaty Ali Saïd, qui a rendu un jugement très contestable et contesté en faveur du camp Azali Assoumani, n'est autre que la petite sœur de Saïd-Mohamed Ali Saïd, secrétaire général du gouvernement. Cette Juge, qui fait la pluie et le mauvais temps au Palais de «Justice» de Moroni, car elle est la sœur de son frère, est connue pour son inexpérience et son incompétence, et exécutait les ordres venus de Beït-Salam. Dans un passé récent, elle avait ému le Tout-Moroni en employant dans des conditions atroces et absolument esclavagistes une mineure chez elle. Elle a tellement maltraité la pauvre jeune fille que celle-ci avait pris la fuite pour retourner chez ses parents. Ces derniers avaient saisi l'ONG ASCOBEF, naguère dirigée par la Première Dame, pour signaler le cas d'une mineure en danger de mort. Mais, que n'a-t-on pas vu? Le frère Saïd-Mohamed Ali Saïd, secrétaire général du gouvernement, et le Procureur général Soilihi Mahmoud dit «Sako», tous deux de Mohéli, avaient exigé le retour immédiat et inconditionnel de la petite esclave dans la demeure de l'esclavagiste, qu'on s'apprêtait d'ailleurs à nommer Juge pour Enfants! Pour sa part, l'ONG ASCOBEF était menacée des pires représailles. «Yino Zezi Yatrou», «C'est notre règne», disent certains Mohéliens qui, bientôt, retourneront à leur petite médiocrité.
Nous sommes donc dans une situation très alambiquée. Mais, dans l'affaire, «le marieur de Mohéli» place ses billes, se transforme en bonniche, se moquant ouvertement de tous ceux qui daubent sur lui. Un homme sans états d'âme, cet Azali Assoumani-là. Il sait ce qu'il veut et fait ce qu'il faut. Il se moque des moqueurs et des moralistes. Seulement, il en fait trop et indispose beaucoup de monde. Les gens ont honte pour lui et à sa place. Un ancien camarade de classe de Mohamed Ali Ridhoi au Lycée Saïd-Mohamed Cheikh de Moroni, à savoir, Mohamed Daoud dit «Kiki», emblématique Président du Parti Orange et donc chef d'un parti politique membre de la Mouvance présidentielle, pleure de rage et de dépit quand il parle d'Azali Assoumani: «Azali Assoumani a perdu toute forme de crédibilité aux yeux des Comoriens. Je ne le savais pas aussi "lèche-bottiste"». Le vocabulaire politique comorien vient de s'enrichir d'un nouveau concept, même si on sait qu'ailleurs, certains parlent de «lèche-bottisme» avec de gros guillemets, tout de même.
Par ARM
©lemohelien – Samedi 22 février 2014.
