Reconnu par ses pairs comme Rohff, la Psy 4 de la rime et Awadi (rappeur sénégalais), réclamé par la jeunesse comorienne, mais "proh...
Reconnu par ses pairs comme Rohff, la Psy
4 de la rime et Awadi (rappeur sénégalais), réclamé par la jeunesse
comorienne, mais "prohibé" par les autorités politiques des Comores,
Cheikh Mc dénonce les souffrances des « opprimés » de son archipel. Il
est incontestablement le numéro un du rap aux Comores et parmi les
meilleurs de l’Océan indien. Rencontre avec un rappeur de talent,
désigné porte drapeau de la jeunesse et qui fait trembler les
politiciens comoriens.
Il a fait ses débuts en 1995 sur les
petites scènes des quartiers de Moroni (capitale de l’Union des Comores)
et aujourd’hui, c’est à l’international qu’Abdéramane Cheikh, connu
sous son pseudo de Cheikh Mc dévoile son talent. Il faut dire que
l’artiste aux cordes vocales inépuisables récolte aujourd’hui les fruit
de son travail. En effet, malgré le parcours long et sinueux, Cheikh Mc a
bien accusé le coup. A lui tout seul, il a ravivé le rap aux Comores
par ses tripes et s’est affirmé comme la voix du peuple comorien
condamné au silence. Aujourd’hui, le rappeur est devenu l’ambassadeur de
la jeunesse auprès de l’Unicef. Amour, souffrance, et surtout
dénonciation politique, Cheikh Mc ne laisse rien de côté, tant que c’est
dans l’intérêt du peuple comorien. Tout y passe dans ses morceaux très
« révolutionnaires ».
Afrik.com : Dans une société comorienne bercée par le twarab (mélange de sonorités orientale et africaine, avec des paroles pleines d’esprit, ndlr) et autre musiques traditionnelles, d’où vous est venue l’inspiration de faire du rap ?
Cheikh Mc : J’ai grandi effectivement avec le twarab et la musique traditionnelle. Mes premières scènes ont eu lieu dans des stands et des espaces réservés à la musique traditionnelle. Avec l’arrivée du Hip-hop j’ai commencé à interpréter quelques morceaux, mais comme je n’ai pas une belle voix à la Dadiposlim (Son acolyte et chanteur de Hip-hop, R&B) j’ai lâché l’affaire. Grâce à des cousins, j’ai découvert le rap. En gros, le rap est venu vers moi, et avec la culture Hip-hop que j’avais acquise, le moteur était déjà en marche.
Afrik.com : Et pourquoi avoir choisi de faire du rap conscient, très engagé ?
Cheikh Mc : Tout jeune, j’ai essayé pas mal de genres musicaux : twarab, kassuda (chants religieux, ndlr), et tant d’autres. Comme si je cherchais déjà mon style. Mais j’ai par la suite compris que le rap est un reflet de la réalité. Le rap a été créé pour donner une vision aux opprimés. Aux Comores, ça ne sert à rien de faire du rap bling-bling sachant que les gens ont faim. Avec les coups d’Etat répétitifs survenus dans mon archipel, il est clair que la mentalité comorienne a une maladie qui empêche le développement. Je me suis dit qu’avec le rap, on peut chanter notre souffrance et essayer de changer les choses. La jeunesse comorienne a vite adhéré à notre projet. Aujourd’hui, je suis père de famille et la musique a mûri, mais, on est loin d’avoir atteint notre but. Donc nous continuons de dénoncer les bizarreries des autorités publiques.
Afrik.com : Mwambiyé (Dites-leur), Msadjadja (La pagaille) ou encore Kavu (La dèche), sont des classiques du rap comorien qui dénoncent avec force le pouvoir politique. Trouvez-vous que votre message est assez entendu par les politiciens ? Si oui, les choses ont-elles changé ?
Cheikh Mc : Ce serait prétentieux de dire que les choses ont changé. La mentalité ne change pas du jour au lendemain. Pendant la présidence du colonel Azali Assoumani, on a tous été victimes de sa politique très militarisée. Le morceau Mwambiyé (Dites-leur) s’est imposé comme une réponse. Le message est bien passé puisque sur tout le territoire comorien on scandait "Mwambiyé" pendant les manifestations. Je pense que oui, ce rap a contribué à changer la mentalité. Enfin, les politiciens nous écoutent ! Et la jeunesse a compris qu’on peut chanter notre mal-être. Avec le rap, c’est du tic au tac. Des choses que certains chanteurs ne peuvent pas se permettre dans leurs chansons, nous on peut faire passer le message.
Afrik.com : Qu’en est-il de vos relations avec les pouvoirs politiques ?
Cheikh Mc : (Sans hésitation), morose. Mon rap est censuré par la télévision et la radio nationale. Ils savent bien qu’il y a des gens qui nous écoutent et que les Comoriens sont de notre côté pendant qu’ils nous arnaquent. Mais comme je le dis dans le morceau Ngo chawo (Le réveil) le jour du changement arrive à grands pas. En fait, avec les politiciens, c’est un turnover. Ceux qui sont en place nous chassent pendant que l’opposition nous adule. Et vice versa, quand le pouvoir change de main. Comme quoi, il faut bien se méfier des politiciens et garder ses distances.
Afrik.com : Cheikh Mc est passé de simple rappeur, à celui de la voix du peuple, en passant par l’ambassadeur de la jeunesse comorienne auprès de l’Unicef. A quand un Cheikh Mc ministre de la Jeunesse ?
Cheikh Mc : Je compte bien faire du rap et contribuer à l’avenir de mon pays, en évitant la politique. Maintenant plein de politiciens m’approchent, mais je pense que je n’ai pas assez de compétences pour ça et surtout que je n’aspire pas à une carrière politique. On a besoin de leaders d’opinion dans notre pays, sans forcément être tous politiciens et je compte bien faire partie de ce groupe-là. J’espère pouvoir garder ma liberté de parole sans toucher à la politique.
Afrik.com : Quels sont vos projets ?
Cheikh Mc : Là, je suis en studio pour une réédition de mon dernier album (Enfant du Tiers-monde, ndlr) que j’ai baptisé « Révolution ». Le premier extrait Hamwemwewu (Doucement) est disponible depuis septembre dernier. Cette version EP sera composée de 6 titres et l’album est prévu pour fin novembre de cette année. J’avais des choses à dire tout de suite, il ne fallait pas attendre. Depuis la tournée de 2010, il a fallu s’activer pour proposer autre chose. On prévoit de faire des clips dans les mois à venir.
Afrik.com : Si vous devriez garder un seul moment de votre carrière, ce serait lequel ?
Cheikh Mc : (Silence, un grand soupire, un petit sourire au coin). C’est une question difficile, mais je pense que je garderai les actions réalisées avec toute l’équipe en faveur des personnes vulnérables et pauvres. Je pense à une petite fille qui est née avec une malformation et qui faisait la honte de ses parents qui la cachaient. Avec l’acharnement de l’équipe, on a pu finalement entrer en contact avec cette famille et l’enfant de moins de 2 ans. Aujourd’hui on a pu lever des fonds et elle reçoit les soins nécessaires pour son bien-être. Cette histoire m’a beaucoup touchée, mais j’en parle rarement. Loin des grandes scènes réalisées au cours de ma carrière, symboliquement cette action m’a marquée, car elle résulte le rôle humanitaire qu’on doit faire dans ce bas monde.
Afrik.com : Et si vous devriez ajouter un mot pour terminer ?
Cheikh Mc : Je dirais tout simplement que le combat continue… Marahaba (merci) au public.
Afrik.com : Dans une société comorienne bercée par le twarab (mélange de sonorités orientale et africaine, avec des paroles pleines d’esprit, ndlr) et autre musiques traditionnelles, d’où vous est venue l’inspiration de faire du rap ?
Cheikh Mc : J’ai grandi effectivement avec le twarab et la musique traditionnelle. Mes premières scènes ont eu lieu dans des stands et des espaces réservés à la musique traditionnelle. Avec l’arrivée du Hip-hop j’ai commencé à interpréter quelques morceaux, mais comme je n’ai pas une belle voix à la Dadiposlim (Son acolyte et chanteur de Hip-hop, R&B) j’ai lâché l’affaire. Grâce à des cousins, j’ai découvert le rap. En gros, le rap est venu vers moi, et avec la culture Hip-hop que j’avais acquise, le moteur était déjà en marche.
Afrik.com : Et pourquoi avoir choisi de faire du rap conscient, très engagé ?
Cheikh Mc : Tout jeune, j’ai essayé pas mal de genres musicaux : twarab, kassuda (chants religieux, ndlr), et tant d’autres. Comme si je cherchais déjà mon style. Mais j’ai par la suite compris que le rap est un reflet de la réalité. Le rap a été créé pour donner une vision aux opprimés. Aux Comores, ça ne sert à rien de faire du rap bling-bling sachant que les gens ont faim. Avec les coups d’Etat répétitifs survenus dans mon archipel, il est clair que la mentalité comorienne a une maladie qui empêche le développement. Je me suis dit qu’avec le rap, on peut chanter notre souffrance et essayer de changer les choses. La jeunesse comorienne a vite adhéré à notre projet. Aujourd’hui, je suis père de famille et la musique a mûri, mais, on est loin d’avoir atteint notre but. Donc nous continuons de dénoncer les bizarreries des autorités publiques.
Afrik.com : Mwambiyé (Dites-leur), Msadjadja (La pagaille) ou encore Kavu (La dèche), sont des classiques du rap comorien qui dénoncent avec force le pouvoir politique. Trouvez-vous que votre message est assez entendu par les politiciens ? Si oui, les choses ont-elles changé ?
Cheikh Mc : Ce serait prétentieux de dire que les choses ont changé. La mentalité ne change pas du jour au lendemain. Pendant la présidence du colonel Azali Assoumani, on a tous été victimes de sa politique très militarisée. Le morceau Mwambiyé (Dites-leur) s’est imposé comme une réponse. Le message est bien passé puisque sur tout le territoire comorien on scandait "Mwambiyé" pendant les manifestations. Je pense que oui, ce rap a contribué à changer la mentalité. Enfin, les politiciens nous écoutent ! Et la jeunesse a compris qu’on peut chanter notre mal-être. Avec le rap, c’est du tic au tac. Des choses que certains chanteurs ne peuvent pas se permettre dans leurs chansons, nous on peut faire passer le message.
Afrik.com : Qu’en est-il de vos relations avec les pouvoirs politiques ?
Cheikh Mc : (Sans hésitation), morose. Mon rap est censuré par la télévision et la radio nationale. Ils savent bien qu’il y a des gens qui nous écoutent et que les Comoriens sont de notre côté pendant qu’ils nous arnaquent. Mais comme je le dis dans le morceau Ngo chawo (Le réveil) le jour du changement arrive à grands pas. En fait, avec les politiciens, c’est un turnover. Ceux qui sont en place nous chassent pendant que l’opposition nous adule. Et vice versa, quand le pouvoir change de main. Comme quoi, il faut bien se méfier des politiciens et garder ses distances.
Afrik.com : Cheikh Mc est passé de simple rappeur, à celui de la voix du peuple, en passant par l’ambassadeur de la jeunesse comorienne auprès de l’Unicef. A quand un Cheikh Mc ministre de la Jeunesse ?
Cheikh Mc : Je compte bien faire du rap et contribuer à l’avenir de mon pays, en évitant la politique. Maintenant plein de politiciens m’approchent, mais je pense que je n’ai pas assez de compétences pour ça et surtout que je n’aspire pas à une carrière politique. On a besoin de leaders d’opinion dans notre pays, sans forcément être tous politiciens et je compte bien faire partie de ce groupe-là. J’espère pouvoir garder ma liberté de parole sans toucher à la politique.
Afrik.com : Quels sont vos projets ?
Cheikh Mc : Là, je suis en studio pour une réédition de mon dernier album (Enfant du Tiers-monde, ndlr) que j’ai baptisé « Révolution ». Le premier extrait Hamwemwewu (Doucement) est disponible depuis septembre dernier. Cette version EP sera composée de 6 titres et l’album est prévu pour fin novembre de cette année. J’avais des choses à dire tout de suite, il ne fallait pas attendre. Depuis la tournée de 2010, il a fallu s’activer pour proposer autre chose. On prévoit de faire des clips dans les mois à venir.
Afrik.com : Si vous devriez garder un seul moment de votre carrière, ce serait lequel ?
Cheikh Mc : (Silence, un grand soupire, un petit sourire au coin). C’est une question difficile, mais je pense que je garderai les actions réalisées avec toute l’équipe en faveur des personnes vulnérables et pauvres. Je pense à une petite fille qui est née avec une malformation et qui faisait la honte de ses parents qui la cachaient. Avec l’acharnement de l’équipe, on a pu finalement entrer en contact avec cette famille et l’enfant de moins de 2 ans. Aujourd’hui on a pu lever des fonds et elle reçoit les soins nécessaires pour son bien-être. Cette histoire m’a beaucoup touchée, mais j’en parle rarement. Loin des grandes scènes réalisées au cours de ma carrière, symboliquement cette action m’a marquée, car elle résulte le rôle humanitaire qu’on doit faire dans ce bas monde.
Afrik.com : Et si vous devriez ajouter un mot pour terminer ?
Cheikh Mc : Je dirais tout simplement que le combat continue… Marahaba (merci) au public.