Pour justifier l'augmentation de 8% du prix des carburants, la Société comorienne des hydrocarbures (Sch) a fourni deux explications : ...
Pour justifier l'augmentation de 8% du prix des carburants, la Société comorienne des hydrocarbures (Sch) a fourni deux explications : d'abord, qu'elle vendait à perte depuis un certains temps, ensuite qu'elle devait éponger une dette envers son fournisseur. Selon le rapport de l'Organisation patronale des Comores qui avait été autorisée à mener des enquêtes sur la question au sein de l'entreprise publique, la Sch aurait indiqué qu'elle faisait des pertes à hauteur d'un peu plus 728 millions de francs dont plus 161 millions pour l'essence, 153 millions pour le gasoil et 245 millions du fait de ses livraisons impayées à la Ma-mwe. Pour sortir de cette situation, Sch se propose de se "serrer la ceinture" sur son propre budget, en réduisant le coût d'exploitation, de 60 francs le litre à 25.
En retour, elle a obtenu du gouvernement qu'il baisse la taxe unique de 230 à 150 francs par litre pour l'essence, et de 115 à 75Fc pour le gasoil. La hausse de 50 francs sur chaque produit pétrolier, conjuguée avec la baisse de la taxe unique et celle du coût d'exploitation, générait un amortissement (des économies), par cargaison, de près d'1 milliard de francs. Cette somme pourrait être destinée à payer la dette de la société envers ses fournisseurs. Mais, le constat du représentant de l'Opaco, Mahamoudou Ali Mohamed, tend à contredire toute l'argumentation de Sch. "Pour augmenter les prix des hydrocarbures, les informations qui ont été transmises au gouvernement sont erronées", soutient-il.
Selon cet entrepreneur et expert-comptable de formation, pour les années 2008, 2009 et 2010, le coût d'exploitation (le budget de fonctionnement de la Sch, ndrl) devait être de 27 francs au lieu de 60 francs. Ensuite, Sch a annoncé avoir livré 65% de son gasoil à la Ma-mwe, or il s'avère que c'est seulement 56% du gasoil qui a été livrée à la société nationale d'électricité, selon toujours Mahamoudou Ali. En fait, c'est une bataille de chiffres que se livrent aujourd'hui les deux sociétés d'Etat sur la quantité de litre de gasoil livrée. Le représentant de l'Opaco propose de ne pas toucher à la taxe unique "qui est une source capitale pour l'Etat", de revenir aux prix initiaux et de garder le coût d'exploitation à 27 francs. A l'en croire, cela engendrerait des profits nettement supérieurs à ceux prévus par Sch.
"Le problème, c'est que l'on ne peut pas se permettre de baisser une taxe sans passer par le parlement", a-t-il déclaré. Suivant toujours les données du représentant de l'Opaco, le coût de la cargaison est de 12,806 millions de dollars pour 12 millions de litres d'hydrocarbures et "dans tous les cas de figure, la cargaison sera toujours payée". Il persiste et signe qu'en fonction des chiffres dont il a eu connaissance, le fournisseur a toujours été payé. Selon lui, entre 2008 et 2011 "Il devrait y avoir un excèdent de 11 milliards francs et si l'on supprime les 10 milliards de la dette de la Ma-mwe, il y aurait tout de même 1 milliard dans les caisses, autrement dit, loin d'une situation de faillite". Pour conclure le rapporteur rappelle que son organisation a demandé au gouvernement d'enquêter en profondeur, mais il est "resté silencieux depuis le jour où nous avons remis le rapport".
Le gouvernement, lui, reproche aux organisations de la société civile, notamment l'Opaco, d'avoir organisé des fuites du rapport dans la presse nationale avant même qu'il n'ait eu le temps de réagir et aurait ainsi décidé de couper les ponts avec l'organisation des patrons. Contacté par Al-watwan, le directeur général de Sch, Houseine cheikh Soilihi s'est montré plutôt réservé sur les conclusions du représentant de l'Opaco, même s'il dit "n'exclure aucune éventualité". Par ailleurs, il a démenti formellement l'information selon laquelle il n'y aurait pas de dette auprès du fournisseur. "Je ne vois pas comment ils ont pu conclure qu'il n'y avait pas de dette, c'est pourtant facile de la voir, en additionnant les chiffres". Cependant, même si Housseine Cheikh Soilihi admet qu'il y a des problèmes de trésorerie, il refuse de parler de "faillite".
"La dette, qui a d'ailleurs été réduite, est aujourd'hui de moins de deux milliards de francs et les caisses ne sont pas vides", a-t-il dit. Par ailleurs, il a déclaré que parmi les raisons qui peuvent expliquer les problèmes de la Sch, il y a la facturation "qui est passée de 200 millions à 500 millions de francs par semaine". "Il y a des négociations à faire avec le fournisseur, jusqu'à maintenant on ne sait pas le cours du marché du pétrole pour pouvoir débattre des prix", estime-t-il, avant d'ajouter : "D'autre part, les investissements qui ont été réalisés par la Sch ont été faits par des ressources propres".
Il a expliqué que normalement cela se faisait par des prêts bancaires, pour permettre à la trésorerie de souffler. "Il y a peut-être d'autres raisons que j'ignore pour l'instant", reconnait-il. Selon le nouveau patron des hydro, la prochaine cargaison est attendue entre le 20 et 21 novembre prochain.
Toyb Ahmed
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