Comores : les fonds du FMI détournés, la pandémie COVID-19, sacrifiée. La Cour des comptes, dans un rapport accablant, dénonce une gestion contraire à
Comores : les fonds du FMI détournés, la pandémie COVID-19, sacrifiée
Au plus fort de la crise sanitaire mondiale, les Comores ont reçu une aide exceptionnelle du Fonds monétaire international (FMI) destinée à faire face à la pandémie de COVID-19. Ce soutien devait permettre de renforcer le système de santé, protéger les populations vulnérables et atténuer les effets économiques du choc mondial. Pourtant, la gestion de ces fonds interroge et soulève de lourdes inquiétudes.
Selon les données officielles transmises par le Secrétariat du Conseiller privé à la Présidence SggPrime, 5,4 milliards de francs comoriens ont été alloués comme suit :
• Santé : 1,549 milliard FC
• Économie : 469 millions FC
• Sécurité : 141 millions FC
• Secteur social et Budget de l’État : 3,174 milliards FC
Près de 59 % des fonds, soit plus de 3,1 milliards FC ont été versés au poste « Secteur social et Budget de l’État », une catégorie floue qui n’a que très marginalement profité à la lutte contre la pandémie. Seuls 400 millions FC y ont été affectés à des mesures sanitaires concrètes. Le reste a été absorbé par un budget de fonctionnement en crise, sans lien direct avec les urgences sanitaires.
La Cour des comptes, dans un rapport accablant, dénonce une gestion contraire à l’esprit de cette aide d’urgence. Pis : environ 400 millions FC demeurent à ce jour sans affectation précise, logés sur un compte interministériel (TR 0094) géré par un comité dont ni la composition, ni les règles de fonctionnement ne sont rendues publiques.
Ce flou entretenu nourrit le soupçon de détournement et illustre une gouvernance défaillante cher Houmed Msaidie, incapable de faire de cette crise une opportunité de renforcement institutionnel. À la place d’une mobilisation efficace et transparente, les autorités ont privilégié des ajustements budgétaires de court terme, délaissant les priorités sanitaires.
Au-delà de la question financière, c’est toute une conception de la responsabilité publique qui est mise en cause Secrétariat général du Gouvernement. L’aide internationale, fondée sur la solidarité et l’urgence, a été instrumentalisée pour masquer des carences structurelles.
Les Comoriens méritent une gestion à la hauteur de leurs besoins, des dirigeants responsables et un usage rigoureux des fonds publics. Exiger des comptes ne relève pas de la polémique, mais d’un impératif démocratique. Il en va de la crédibilité des institutions et de la capacité de l’État à affronter les prochaines crises avec intégrité et efficacité.
Mahafidh Eddine
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