Les journalistes pensent à Ayman, à Bapale, à Moutu, à Fayçal, à Salim Nassor...« Tant que l’impunité se portera bien en Union des Comores, la presse.
« Tant que l’impunité se portera bien en Union des Comores, la presse se portera mal »
« Le thème retenu cette ai année, est la liberté d’expression comme moteur de tous les droits ». Nous l’avons dit et nous le redisons, la liberté d’expression, ce n’est pas insulter, ce n’est pas diffamer, ce n’est pas calomnier. La liberté d’expression c’est le droit de pouvoir exprimer ses opinions. Nous espérons que l’année qui s’ouvre sera propice à plus de retenue, à plus de responsabilité vis -à-vis de nous-mêmes et de de ceux qui nous suivent, qui nous lisent, qui nous regardent et qui nous entendent, voire qui nous écoutent. De la liberté d’expression, dépendent, la liberté de la presse, la liberté de réunion, la liberté de manifestation. Est-ce que ces libertés sont acquises en Union des Comores, absolument pas. Sont-elles en passe de l’être ? Non assurément.
Chers sœurs, chers frères, assistance
Nous avons aujourd’hui, comme hier, une pensée pour notre frère et confrère Ali Abdou, mort dans des circonstances troubles. Nos nombreux appels à l’ouverture d’une enquête sont restés lettre morte. Nous l’avons même dit au chef de l’Etat, premier magistrat, lors de la cérémonie des vœux en janvier, il ne nous a pas entendus. Nous avons une pensée pour tous ceux qui nous ont précédés et nous espérons qu’ils reposent en paix.
Au dernier classement RSF, les Comores ont gagné 8 points. Nous revenons de loin. Est-ce que la presse se porte bien ? Est-ce que le pouvoir a subitement décidé de nous laisser exercer librement notre profession ? Attendons voir, d’ici la fin de l’année, nous aurons sans doute la réponse à nos questions. Mais nous ne pouvons que nous féliciter de n’avoir aucun journaliste en prison. Nous espérons qu’il en de même cette année et pour les années qui suivent.
L’année dernière, nous le disions en cette place, qu’il nous fallait adhérer à la Fédération Internationale des journalistes. Ce que nous avons fait. Nous avons également dit que nous devons livrer une information de qualité. Il est clair que nos compétences, à nous journalistes, doivent être renforcées. Nous y travaillons. Nous avons pris langue avec une organisation dans cet objectif et nous avons des raisons de croire que dans très peu de temps, les formations au niveau des 3 îles se tiendront. Le syndicat aujourd’hui comme demain essaiera de faire son mieux et beaucoup reste à faire. Mais en aucun cas, il ne peut se substituer à l’Etat.
Le syndicat est également préoccupé par la grande précarité qui touche les journalistes. Nous attendons toujours la subvention prévue par le nouveau code l'information pour les médias privés. Une précarité telle qu’il est parfois très compliqué de se soigner. On s’organise pour lever des fonds pour les plus démunis qui sont malades, pour une évacuation ou pour une hospitalisation. C’est très dur. Ce que nous aimerions, c’est que les journalistes puissent se soigner, dignement, sans avoir à tendre la main, sans avoir à attendre que la situation se dégrade.
Aussi, nous avons pensé mettre en place une mutuelle de santé. Nous réfléchissons aux mécanismes qui nous permettront de l’alimenter, sachant que nos revenus ne sont pas les mêmes. Nous avons entamé des discussions avec l’organisation mondiale de la santé, qui nous a promis au moins une assistance technique, pour un début.
Nous avons également contacté des agences d’assurance et clairement, les cotisations sont très chères pour la quasi-totalité d’entre nous. Nous envisageons très prochainement une campagne de levée de fonds à cet effet. Entre autres, nous appellerons tous les journalistes à un Twarab, tous les amis de la presse pour constituer un fonds. La date vous sera communiquée.
Nous avons également contacté les compagnies aériennes, afin que sur présentation de la carte du syndicat, nous puissions avoir des réductions dans les voyages entre nos îles. Un accord de principe a été trouvé. Même chose, pour les opérateurs de télécommunications. Un opérateur nous a répondu, nous attendons toujours la réponse de l’autre.
Chers collègues,
Est-ce que la presse se porte bien ? Non. Nous avons besoin d’une presse libre, elle ne l’est pas. « Tant que l’impunité se portera bien en Union des Comores, la presse se portera mal ». Les journalistes ne se sentent pas en sécurité. La pression s’accroit en période électorale et nous nous dirigeons à grands pas vers des élections présidentielle et gubernatoriales. Les journalistes pensent à Ayman, à Bapale, à Moutu, à Fayçal Abdoussalami, à Salim Nassor. Nous pensons aux tortures, aux brimades, aux harcèlements qui ont cours en Union des Comores. « Tant que l’impunité se portera bien en Union des Comores, la presse se portera mal ». Chers collègues, assistance, nous sommes dans un pouvoir qui systématiquement, dans ces cas de tortures sur des citoyens, fait le choix de soutenir des tortionnaires en laissant leurs actes impunis.
Chers collègues,
Le département de l’Information se trouve au Ministère de l’Intérieur, dont le ministre, Fakridine Mahamoud, ancien officier de l’armée est toujours le patron des Renseignements généraux depuis plus de 10 ans, malgré sa nomination en tant que ministre fin 2021. C’est un non- sens. Très solennellement, nous demandons au chef de l’Etat, Azali Assoumani de déplacer le département de l’information. Il l’avait déjà fait en 2019, c’était alors le ministre des télécommunications qui était notre ministère de tutelle.
Chers collègues,
Comme dit plus haut, nous nous dirigeons vers une période compliquée pour nous journalistes. Nous tenons à marteler qu’il ne faut pas que nous soyons pris pour cibles en période de tension. Nous faisons appel au nouveau commandant de la Gendarmerie, au chef d’État-major, au ministère de l’Intérieur, au chef de l’Etat, à nous laisser exercer notre profession en toute quiétude. Nous demandons aux journalistes d’être professionnels, de de délivrer une information juste et vérifiée.
Nous demandons aux journalistes d’être solidaires entre nous, soudés, d’être là les uns pour les autres. De laisser de côté tout ce qui peut nous éloigner les uns des autres . De chercher toujours à nous améliorer. Parce que nous ne sommes pas infaillibles et nous devons aussi reconnaitre les erreurs que nous commettons, de nous excuser. Ce n’est que comme cela que nous grandirons.
Je vous remercie
Discours de Faïza Soulé Youssouf, présidente du Syndicat National des Journalistes aux Comores -SNJC
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