Quelques observations sur la loi de finances de l’Union des Comores pour l’exercice budgétaire 2023. Le budget, document prévisionnel consacré par la
Quelques observations sur la loi de finances de l’Union des Comores pour l’exercice budgétaire 2023
Le budget, document prévisionnel consacré par la loi de finances pour une année, révèle les intentions de ceux qui ont en charge le destin d’une nation et traduit les priorités d’un gouvernement pour l’exercice budgétaire à venir. Le colonel Assoumani Azali conçoit le pouvoir comme un instrument d’enrichissement personnel et un prétexte pour des réjouissances permanentes pour sa personne et sa famille.
Les secteurs qui devraient mériter le plus d’attention en raison de leur importance stratégique font les frais de sa cupidité et de sa folle mégalomanie comme le montre la loi de finances relative à l’exercice budgétaire 2023 malgré les belles paroles mises en exergue à la page 3 du Budget citoyen 2023 : « Le Gouvernement a mis en place des réformes fondamentales pour assurer les équilibres budgétaires, financer les dépenses sociales et les infrastructures, renforcer la viabilité de la dette, maîtriser les dépenses publiques et à terme accroître la résilience face aux catastrophes naturelles » (Extrait du discours sur l’état de la Nation, prononcé par le colonel Azali le 30 décembre 2022).
Jugez-en par vous-mêmes ! Le ministère de l’éducation nationale de l’Union des Comores aura à gérer un budget de 14 milliards 400 millions 800 mille francs comoriens soit 11,47 % du budget total de l’Union qui est estimé à 125 milliards 511 millions 193 mille 966 francs comoriens. Si nous supposons que les 3 Gouvernorats consacrent le tiers de leurs budgets respectifs (764 millions pour Ngazidja, 643,3 millions pour Ndzouani et 390 millions pour Ndzouani) à « la gestion des établissements préscolaire, primaire et secondaire, à la formation professionnelle de base et à l’allocation de bourses d’études », ce ratio sera de 12 %. Ce qui est nettement insuffisant au regard des enjeux et des besoins du pays en matière d’éducation, d’enseignement supérieur et de formation professionnelle.
Notre pays est caractérisé d’une part par une population très jeune et d’autre part par un délabrement avancé voire l’état de ruine des établissements publics, par la forte désaffection de l’école publique en faveur de l’enseignement privé (70 % des effectifs), par une formation professionnelle à l’état embryonnaire, par une université aux classes surchargées et sous-équipées, par les problèmes d’équipement des élèves et par la faible qualification d’un grand nombre d’enseignants. Comment pourrions nous consacrer seulement 12 % de notre budget à l’action publique pour relever ces défis immenses au moment où les membres de l’OCDE, c’est-à-dire des pays qui ont posé depuis longtemps les bases et poursuivent désormais une ambition d’excellence, allouent entre 7 et 17 % , soit en moyenne 11 %, de leurs budgets à ce secteur ? Les priorités de ceux qui nous gouvernent sont ailleurs.
Les crédits ouverts au profit de Présidence de l’Union des Comores s’élèvent à près de 8 milliards 707 millions 600 mille francs comoriens, soit 7% des dépenses totales du budget de l’Union des Comores. Ce ratio est plus que le double des dépenses prévues par la loi de finances française au profit de la Présidence de la République française et des services du Premier ministre. Le budget de la République française au titre de l’exercice 2023 s’élève à 567 milliards d’euros dont 114,5 millions d’euros pour l’Elysée et 17,62 milliards d’euros pour Matignon. Les 2 têtes de l’exécutif français ne coûtent que 3,12 % du budget total pendant que nous consacrons 7% de nos maigres ressources à Beit-Salam. Ailleurs, on recherche les responsabilités pour améliorer le quotidien de ses concitoyens, placer et/ou maintenir son pays sur une trajectoire de développement ou d’excellence. Chez nous, on vise le sommet pour s’enrichir avec les siens et pour mener une vie de pacha aux crochets d’un peuple qui sombre dans la misère.
Les députés ont choisi délibérément de privilégier le confort d’un homme qui saigne à blanc les Comoriens pour s’offrir le 4ème salaire le plus élevé de tous les présidents africains et qui ne pense qu’à écumer le monde pour goûter avec Madame aux délices des palaces au détriment des intérêts de la Nation. Ils ont décidé de sacrifier la vie de centaines de milliers de Comoriens au profit d’un homme dont l’obsession est la monopolisation du pouvoir et sa transmission dynastique. Un homme qui tous les jours exige plus d’impôts et de taxes aux contribuables pour rémunérer les figurants qui l’accueillent à chaque arrivée aux aéroports des Comores, pour garnir les enveloppes d’argent destinées aux courtisans et pour payer les services sataniques fournis par ses sorciers dont la location des serpents qui peuplent ce qui est convenu d’appeler Beit Lharb.
Abdourahamane Cheikh Ali
COMMENTAIRES