Lors d’une visite à Mayotte, Gérald Darmanin, ministre franç.Gérald Darmanin à Mayotte : face à la détresse sociale, la répression comme seule réponse
Gérald Darmanin à Mayotte : face à la détresse sociale, la répression comme seule réponse
Lors d’une visite à Mayotte, Gérald Darmanin, ministre français de l’Intérieur et des Outre-mer, a annoncé la couleur du quinquennat à venir. Restriction du droit du sol, enfermement d’enfants encadrés par des militaires et armement de la police comme seules réponses face à la montée de la violence dans le département le plus pauvre de France [...]
Un territoire abandonné : la violence sociale
Département d’Outre-mer le plus touché par le chômage, territoire avec le moins de diplômés, où 77 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, soit cinq fois plus qu’en France, Mayotte compte parmi les départements « les plus pauvres et les plus délaissés, rappelle Bastua Soimadoune, militante mahoraise de 29 ans, mais on ne se compare pas à la France pour se dire en France c’est super développé. On est dans l’océan indien donc les gens vont se comparer aux Comores ou à Madagascar, et se “faire la guerre” entre endroits pauvres, au lieu de demander l’égalité territoriale avec l’hexagone. »
Dans les maisons paradisiaques, là tu n’auras que des blancs. Et à côté de ça, tu as les bidonvilles où tu trouves majoritairement des noirs.
La militante aborde la question des inégalités scolaires et territoriales : « À Mayotte, les profs, tous les cadres, les “métiers importants”, ce sont des gens qui viennent d’ailleurs. Ils ont des quartiers à eux, des quartiers de blancs. Dans les maisons paradisiaques, comme on se fait l’image des îles, là tu n’auras que des blancs. Et à côté de ça, tu as les bidonvilles où tu trouves majoritairement des noirs, des Mahorais et des comoriens des autres iles ».
Une jeunesse livrée à elle-même : réprimer et enfermer
Mayotte est le département le plus jeune de France, la moitié de la population a moins de 18 ans. Les défis liés à l’éducation sont donc majeurs. Pourtant, le Centre universitaire de Mayotte est la seule université sur le territoire qui peut accueillir cette jeunesse. C’est aussi le territoire d’Outre-mer qui compte le plus de départs pour étudier vers la métropole. Autre record, celui du taux d’échec à l’université. Selon l’INSEE, le taux d’échec scolaire des étudiants mahorais en dehors de l’île, en première année, est l’un des plus importants sur le plan national : plus de la moitié d’entre eux décrocheraient avant l’obtention de leur diplôme, contre moins d’un quart pour l’ensemble du pays.
« Et ça, typiquement, ce ne sera pas du tout un angle d’essayer de lutter contre le taux d’échec à l’université. Parce qu’on est vraiment des non-sujets, à moins que ce soit pour parler de la violence sur l’île », complète la militante, qui fait partie des jeunes mahorais ayant quitté l’île pour étudier en métropole.
Loin d’aborder ce sujet, Gérald Darmanin est questionné sur la chaîne Mayotte 1ère sur la surpopulation du centre pénitentiaire de Majicavo, dont le taux d’occupation a atteint 160% depuis la multiplication des computations immédiates. Face à ce constat, le ministre de l’Intérieur a annoncé travailler sur la construction d’une nouvelle prison. Une mesure phare de la droite, pourtant déplorée par la protection de l’enfance qui suggère des mesures éducatives.
27 000 expulsions, soit l’équivalent de 10 % de la population
Lors de son passage à Mayotte, le ministre français de l’Intérieur a visité un CRA (Centre de Rétention Administratif) et s’est félicité du nombre d’expulsions de Comoriens des autres iles vers Anjouan. En 2022, la préfecture de Mayotte compte plus de 27 000 expulsions, soit l’équivalent de 10 % de la population, selon la Cimade.
À 10, 11 ans, tes parents sont renvoyés, tu te retrouves élevés par des voisins, et tu tombes dans la délinquance. Là, Gérald Darmanin va dire “le problème, c’est la violence de la population”.
Pourtant, il reste une zone que le ministre n’a pas abordé celle des “enfants des rues”. « Rien n’est fait pour...Lire la suite sur Bondyblod
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