Ce brillant ressortissant de l’Académie Royale de Meknès s’est battu pendant trois.Fayçal Abdoussalam Mohamed Mchangama : Un militaire au cœur citoyen
Fayçal Abdoussalam Mohamed Mchangama : Un militaire au cœur citoyen
Celles et ceux qui ne connaissent que l’officier militaire intègre et foncièrement patriote, le commandant Fayçal, ont sans doute appris à quoi répond un militaire à la loyauté et à l’expérience partagée. Ce brillant ressortissant de l’Académie Royale de Meknès s’est battu pendant trois ans pour pouvoir accéder à cette grande institution militaire du Royaume du Maroc. Il parvient à s’y faire admettre en 1997 pour 4 ans de formation.
Aussitôt fini le cycle, il a été appelé au pays pour s’occuper de la formation des jeunes recrues. Il a vite mis en place un programme de formation pluridisciplinaire avec une forte dimension morale pour la dignité, la loyauté et l’amour de la patrie pour, disait-il, une armée digne pour un pays qui se respecte. Une prise de conscience patriotique, sans doute, issue de l’éducation de son père, ancien député progressiste et acteur de l’héroïque déclaration unilatérale de l’indépendance.
Il a finalement été chargé d’organiser les recrutements dans l’armée et il s’était employé pour que soient appliquées les règles de déontologie, de transparence et de mérite. C’est là où a commencé la manifestation d’une autre culture de l’homme, celle de lier professionnalisme et humanisme. Il fut confronté à la triste réalité de la corruption, du népotisme et du passe-droit qui gangrènent notre armée. Ceux qui réussissent le concours ne sont pas, pour la plupart des cas, sont ceux qui sont engagés par les autorités militaires.
Ceux qui gravitent les échelons ne sont pas ceux qui respectent le parcours professionnel requis. Il a vu des compagnons d’armes passer rapidement de grade en grade supérieure pendant qu’il attendait consciencieusement d’être gradé en service de quatre à quatre ans. Il s’est souvent révolté contre le mauvais traitement des soldats en défendant que ce sont ceux-là mêmes qui constituent l’ossature de l’armée. Il est, par conséquent, devenu la tête de turc de l’armée et son intervention audacieuse pour déposer le chef d’Etat Major Hamza en le menottant à terre pour déloyauté pendant le régime Sambi lui a valu la casquette de casse-tête.
Ce mal être dans l’armée qu’il vouait fidélité, loyauté et intégrité l’envoya se faire un autre champ de bataille dans le social tout en restant professionnellement dans l’équité militaire. Il faisait de ses nombreux amis une chaine de solidarité et d’entraide en mettant en contribution son salaire et son temps de repos. Il organisait des repas et des échanges pour les cadres en vue de les encourager à s’investir davantage dans le développement du pays. Il passait de famille en famille pour prêter la médiation et la réconciliation, en fait, un militaire avec une mission de service civique. Et ce qui ne devait pas arriver arriva !
Le 11 août 2018, il a acheté un vélo pour l’anniversaire de sa fille âgée de 7 ans et l’a donné à son frère Farid car il devait aller au travail. Il est arrêté à son bureau et ne verra jamais sa fille monter sur le vélo cadeau d’anniversaire. Il est accusé de fomenter un coup d’Etat. Le 17 décembre 2018 il est condamné à perpétuité. Le 28 mars 2019, il est exécuté au camp militaire de Kandaani en même temps que ses deux meilleurs amis l’homme d’affaires salim Nassor et le Major Moutui.
Il a laissé trois filles mineures encore en pleurs pour ce qu’ils ne comprennent pas qu’elles ne verront jamais leur père. Ses frères et sœurs n’ont plus le goût de la vie et souffrent, entre autres, du manque de discernement de leurs cousins qui collaborent avec le régime coupable de l’assassinat de Fayçal. Son épouse Naima, marocaine d’origine et comorienne de cœur se refuse de verser les larmes péniblement retenues dans ses yeux. Elle attend sereinement le jour où la nation comorienne lui remettra le drapeau multicolore étoilé et plié par la plus haute autorité de l’Etat avec les insignes d’honneur de Commandant mort pour la patrie, pour faire le deuil. Elle qui s’appelle encore madame Commandant !
Quant au peuple comorien, il vit avec le poids de la présence lourde de l’absence cruelle des héros.
Par DINI Nassur
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