En effet, l’état actuel de délabrement accéléré de la principale prison de Moroni fait poser d’inquiétantes que..Jour de l’Aïd à la prison de Moroni !
Jour de l’Aïd à la prison de Moroni !
A. Camus avait coutume à dire qu’une « société se juge à l’état de ses prisons »; à ce titre, il a sans doute eu raison de ses dires, notamment pour notre cas.
Sa réflexion paraît profondément adaptée à notre société. Le peu d’égard porté sur les prisons comoriennes constitue une triste réalité. Notre humanité semble ne pas réussir à franchir les portes de nos maisons d’arrêts.
En effet, l’état actuel de délabrement accéléré de la principale prison de Moroni fait poser d’inquiétantes questions, et ce, dans une situation quasi indifférente.
Nous venons de passer une partie de l’après-midi de ce jour de l’Aïd auprès de quelques détenus. Par devoir professionnel, par exigence morale, une forme de soutien pour un jour de convivialité familiale dont sont privés les prisonniers. Un moment de petit réconfort et de partage.
Ce monde carcéral est tout autre. Derrière ces murs fissurés qui tiennent à peine, les conditions d’hygiène alarmantes interpellent tout visiteur dès qu’il réussit à franchir le seuil du principal portail. La question des droits des détenus n’est que faiblement posée dans toute sa globalité.
En y pénétrant dans la cour, la première bouffée d’oxygène reçue est malheureusement accompagnée d’une odeur nauséabonde issue d’une canalisation mal entretenue d’eaux usées à ciel ouvert. Irrespirable. Le masque porté est immédiatement à jeter dès la fin de la visite. À peine s’il est d’une quelconque utilité.
L’exigence d’hygiène et de salubrité n’est plus à démontrer. Il y a urgence. Une exiguïté inimaginable. Il y va de la santé tant physique que morale des détenus. La prise en charge médicale est souvent lacunaire. Les consultations spécialisées nécessitent des sorties médicales jamais acquises à l’avance. Elles sont le fruit d’un véritable parcours de combattant.
Le régime de détention des prévenus tout comme celui des condamnés est quasi identique, moins bonnes dans leur ensemble, indignes pour la majorité d’entre eux. Un arbitraire carcéral. En prison, certaines libertés doivent être effectives, certains droit également. Certains détenus sans assistance viennent souvent à manquer d’informations relatives à leur situation judiciaire.
En outre, la surpopulation carcérale est progressivement devenue un défi de taille sans compter la vétusté de cet établissement pénitencier.
En effet, plus les prisonniers manquent d’espaces personnels, plus certaines maladies essentiellement dermatologiques se propagent assez vite. Cette promiscuité atteint une échelle insupportable. Une précarité susceptible de causer une rapide fragilité de leur état de santé.
Sans devoir noircir davantage ce sombre tableau, les problématiques restent toutefois nombreuses. Elles dictent la nécessité de réponses immédiates, sans complaisance. Ces difficultés de vie portent gravement atteinte à la dignité humaine des détenus lesquels sont exposés à tant de risques.
En temps de pluie, une partie de la toiture du minuscule et unique parloir est pleine de trous lesquels laissent l’eau de pluie rendre ces lieux inutilisables. Parent pauvre, l’administration pénitentiaire est démunie face à ces situations. Son personnel est parfois dépassé.
Les parlementaires devraient se saisir de ces questions liées aux doits fondamentaux des prisonniers. Évaluer et contrôler l’état des centres correctionnels. Bonne fête de l’Aid aux détenus !
Courage à leurs familles respectives qui, vaille que vaille, œuvrent inlassablement pour subvenir à leurs besoins respectifs et élémentaires !
On en croisait durant ce ramadan, des épouses exemplaires, battantes, debout pour leurs conjoints retenus à l’intérieur. Des mères, des pères ainsi que des proches à des degrés variés apportant leur soutien à ces détenus.
Des belles leçons de vie et d’humanité !
Par Damed Kamardine
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