La seule rescapée du crash qui a fait 152 morts en 2009 au large des Comores...Au procès du crash de la Yemenia, la seule rescapée attendue à la barre
La seule rescapée du crash qui a fait 152 morts en 2009 au large des Comores doit témoigner lundi matin au procès à Paris de la compagnie qui opérait le vol, la Yemenia Airways, jugée pour homicides et blessures involontaires.
Bahia Bakari avait douze ans quand elle est partie le 29 juin 2009 de l'aéroport de Roissy avec sa mère pour des vacances aux Comores. Après une étape à Marseille, elles avaient changé d'avion à Sanaa, au Yémen.
Dans la nuit, à l'approche de l'aéroport de Moroni, capitale des Comores, l'A310 qui transportait 142 passagers et onze membres d'équipage avait heurté l'eau et s'était abîmé dans l'océan Indien.
La jeune femme est l'unique rescapée de la catastrophe: elle a survécu en restant agrippée une dizaine d'heures à un débris de l'avion, avant d'être secourue par des marins le lendemain.
Aujourd'hui âgée de 25 ans, Bahia Bakari a assisté avec son père à plusieurs audiences depuis le début du procès le 9 mai, sans s'exprimer devant la presse. A la fois victime et seule témoin de l'accident, elle doit déposer à partir de 10H00.
"Cette nuit du 30 juin 2009, un miracle s'est produit. La mort m'a frôlée, elle a pris ma mère mais elle n'a pas voulu de moi", écrivait-elle dans un livre publié en 2010, "Moi Bahia, la miraculée".
"Explosion gigantesque"
Elle y expliquait se souvenir que l'avion, "plus vétuste" que le premier, s'était mis à "tanguer de plus en plus" et qu'elle avait ensuite ressenti une "énorme décharge de courant électrique" et "une explosion gigantesque".
Dans "l'eau glacée", au milieu des "vagues noires", elle décrivait avoir entendu un temps "des femmes crier" puis être tombée dans "une sorte de coma" tout en restant accrochée "par miracle" à un morceau de ferraille.
Bahia Bakari, née dans l'Essonne de parents comoriens le 15 août 1996, avait souffert de fractures et de brûlures aux jambes.
Rapatriée en France, elle avait reçu la visite du président de la République Nicolas Sarkozy.
La justice française avait immédiatement ouvert une enquête du fait de la présence parmi les victimes de 66 Français --le procès se tient à Paris pour les mêmes raisons.
Les expertises ont conclu que l'accident était dû à une série d'erreurs de pilotage, écartant l'hypothèse d'un missile, d'une défaillance technique de l'avion et de la foudre.
Yemenia Airways, qui opérait le vol IY626, est soupçonnée de "manquements" en lien avec l'accident: il lui est reproché d'avoir maintenu les vols de nuit pour Moroni malgré la panne de feux signalant les obstacles à proximité de l'aéroport et d'avoir insuffisamment formé ses pilotes.
Formation des pilotes
Depuis l'ouverture du procès, le banc des prévenus est vide: aucun représentant de la compagnie n'est présent à cause de la guerre qui fait rage au Yémen, selon la défense.
Des experts aéronautiques se sont succédé à la barre, détaillant les "manoeuvres incohérentes" des pilotes avant le crash à partir des enregistreurs de vol contenus dans les boites noires.
La formation de l'équipage a été particulièrement discutée, notamment sur la base de nouvelles consultations d'experts produites par la défense.
Des membres de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) ont décrit la violence de l'accident sur les corps et expliqué la difficile identification des dépouilles, dont seule une partie a été retrouvée sur les côtes et au fond de l'océan.
L'audience de lundi doit être retransmise à Marseille, où avaient embarqué de nombreux passagers.
Le crash de la Yemenia a eu lieu un mois après l'accident du Rio-Paris, qui a tué 228 personnes --le procès d'Airbus et Air France doit se tenir à l'automne dans le même tribunal.
Le procès doit s'achever le 2 juin.
Paris (AFP) - © 2022 AFP
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