Pétrole : nous devons nous ressaisir
Pétrole : nous devons nous ressaisir
Dans quelques années plusieurs milliards de dollars ou plus de la taille de l'ensemble de l'économie doivent être dépensés pour que nous soyons prêts pour le pétrole.
Nous sommes à l'aube d'une période très importante de l'histoire de ce pays et notre capacité à en tirer le meilleur parti dépendra de notre capacité à mettre de côté les rivalités mesquines et à nous rassembler en tant que communauté d'affaires. Sans parler d'autres énormes projets d'infrastructures dans lesquels le Gouvernement s'est lancé comme les projets de réhabilitation des routes initiés à travers les 3 îles, la construction de l’hôpital de référence El Maaroufet la construction de l’hôtel Galawa pour ne citer que ceux-là, je voudrais parler aujourd'hui de l'industrie pétrolière et gazière.
Ces milliards de dollars mentionnés ci-dessus devaient êtredépensés pour la construction d'infrastructures dans les zones pétrolifères et d’autres qui seront nécessaires pour soutenir la production de pétrole. Plusieurs millions de dollars sont dépensés pendant cette phase d'exploration en cours et lesentrepreneurs et fournisseurs locaux sont censés être bénéficiaires d’une partie. Cela devait être le cas pour une période d’environ 10 ans. Ceci malgré notre désorganisation locale et notre méconnaissance de l'industrie et de sa dynamique.
Cependant, nous ne devrions pas nous contenter de bénéficier quelques sous en dessous de la table. On ne va pas à la rivière chercher de l'eau avec une petite cuillère.
La question devient alors comment se prépare-t-on à en profiter ?
Sans vouloir insister sur ce point, je pense que l'exploitation des ressources pétrolières de notre pays devait être considérée comme étant la plus grande opportunité d'investissement de l'histoire de ce pays et pour longtemps encore. La phase d'exploitation ‘’éventuelle’’ risque de nous servir de prise de conscience brutale de notre déficit de capacité à jouer un rôle majeur dans le secteur.
À titre d'exemple, et sans tenir compte des autres postes de cadres supérieurs, des estimations préliminaires indiquent que nous aurons besoin d'au moins 1 000 camions de certaines spécifications pour effectuer les travaux préparatoires. Un audit de notre capacité interne a montré qu’en tant que pays,nous ne pouvions rassembler et difficilement qu'un dixième du nombre requis des camions qui répondent aux normes de santé et de sécurité de l'industrie.
Chaque camion nécessitera au moins un équipage de trois hommes, des chauffeurs titulaires d'un permis de conduire international. Notre nombre local en termes de chauffeurs qualifiés est pire que notre carence en véhicules répondant aux normes.
Ces lacunes se manifestent à tous les niveaux d'engagement qui nous intéresseraient de manière significative. Le secteur privé Comorien doit longuement étudier cette question.
Nous devons nous rassurer de l’existence d’un cadre juridique de base pour la promotion de la production locale et son intégration dans la loi et que des règlements soient rédigés,discutés et approuvés. Ce cadre juridique de base peut ne pas être parfait et ne pas répondre exactement à ce que nous voulons, mais il serait bon pour un début, quelque chose avec lequel nous pouvons nous servir pour travailler.
Le véritable défi, comme indiqué ci-dessus, est notre manque de capacité.
Dans ce sens, le secteur privé doit rallier tous les fournisseurs et entrepreneurs potentiels, constituer une base de données qui, au-delà de leur identification, documentera, entre autres, leurs capacités. La base de données décrira également ce que les membres recherchent - partenaires de capitaux propres, financement par emprunt, coentreprises ou n'importe quel nombre de permutations de leur intérêt dans le secteur.
Une chose que nous avons apprise, c'est que pour tous nos hommes d'affaires, cela ne peut pas être comme avant. Nous devons régulariser et formaliser notre activité si nous voulons approvisionner le secteur, travailler dans le secteur ou encore être attractifs pour des partenaires potentiels. Pour aider dans ce sens également, nous devons avoir des fonds dans le cadre des Services de développement des entreprises qui peuvent aider notre entreprise à améliorer ses capacités internes, parrainer la construction de réseaux industriels plus solides et faciliter le lobbying afin que nous puissions passer au niveau supérieur.
Cet effort sera utile non seulement pour établir cette base de données mais aussi pour renforcer nos liens en tant qu'acteurs du secteur privé.
C'est important. Nous ne devrions pas le tenir pour acquis pensant que de toute façon le pétrole est dans notre pays et quenous obtiendrons une part équitable des acteurs établis de l'industrie. Des milliards de dollars ont été engagés dans ce projet et des plans sont en cours d'élaboration pour exploiter nos ressources pétrolières avec ou sans notre participation significative.
Nous savons que le gouvernement s'est mis d'accord sur des conditions très favorables pour le pays dans le cadre du Contrat de Partage de Production. Il peut faire mieux, mais il aaussi besoin d'un coup de pouce pour renforcer les lois et réglementations. C'est le Gouvernement. Nous aussi avons la responsabilité de maximiser la part de ces fonds devant rester à l'intérieur de nos frontières.
Il faudra un travail acharné, un changement de notre culture d'entreprise et une volonté de travailler ensemble pour avoir une chance. Mais c'est ce que nous devons faire pour avoir une place à table. La vérité est que le temps n'est pas de notre côté et plus vite nous avançons, mieux c'est. Autrement, WAIT AND SEE.
Adinani Toahert Ahamada
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