L’insécurité a poussé à bout les riverains de M’tsapéré. Une multitude de barrages ont vu le jour ce week-end...Mais que fait la France à Mayotte ?
L’actualité de ces derniers jours est marquée par de nombreux barrages érigés au niveau des points stratégiques de Mayotte. Lundi, à Vahibé, comme au niveau du pont entre les villages de Combani et de Miréréni, la route a été fermée aux usagers. Toute la journée de violents affrontements ont, également, eu lieu au niveau du pont de la commune de Tsingoni.
L’insécurité a poussé à bout les riverains de M’tsapéré. Une multitude de barrages ont vu le jour ce week-end et continuent de s’étendre dans le village, provoquant d’importants bouchons à ses abords. Ils ne seront pas levés « tant que des mesures concrètes » ne seront pas données aux habitants. Dans les rues de Mtsapéré, la colère ne retombe pas. Des caillassages quotidiens, des agressions et surtout le meurtre de l’un de ses habitants à Cavani, le 31 janvier, rendent la situation de plus en plus tendue. Depuis vendredi, des barrages poussent comme des champignons.
Ce lundi, c’est même la paralysie totale dans tout le village, augmentant au passage un peu plus les embouteillages habituels de Mamoudzou. « On a voulu bloquer le rond-point de Doujani vers 4h du matin, mais des policiers sont venus nous dire de lever le barrage », raconte Saïdani. Ce riverain de M’tsapéré fait partie du collectif à l’origine du mouvement. Face à la montée de la violence, Taki et d’autres se disent prêts « à se faire justice eux-mêmes ». Ce qu’il s’est passé pendant la manifestation pacifique de samedi matin ne fait que confirmer cela.
Pour exiger de mettre un terme à l’insécurité chronique qui sévit sur Mayotte, une marche est partie depuis Passamaïnty pour rejoindre le comité du tourisme de Mamoudzou. Au même moment, des caillassages ont éclaté au centre de M’tsapéré. Poussé par le nombre, le groupe de manifestants a pris les devants et s’est présenté face aux jeunes. En réponse, ces derniers ont agressé plusieurs personnes, dont l’une d’elles a été violemment blessée à la tête.
La délinquance d’appropriation est particulièrement forte à Mayotte. En 2018 ou 2019, 18 % des ménages déclarent avoir été victimes d’un cambriolage ou d’un vol sans effraction, soit quatre fois plus qu’en France métropolitaine. De plus, les habitants de Mayotte sont personnellement trois fois plus victimes de vols avec ou sans violences. Les vols sont aussi plus souvent aboutis, les multi-victimes plus nombreuses et le recours à la violence ou aux menaces beaucoup plus fréquent que dans l’Hexagone. Ainsi, une personne sur dix a subi une violence physique au cours des deux dernières années. Les vols de véhicules à moteur ou d’objets dans la voiture, pour ceux qui en possèdent, ou les vols de végétaux ou d’animaux sur les terrains sont aussi fréquents.
Pourtant, la part de victimes ayant déclaré avoir déposé plainte dans un commissariat de police ou une brigade de gendarmerie est faible. Quand il s’agit d’une atteinte à leur résidence principale, les victimes, rarement assurées, n’en voient le plus souvent pas l’utilité. Le sentiment d’insécurité est très fort à Mayotte : près de la moitié des personnes se sentent en insécurité souvent ou de temps en temps, à leur domicile ou leur quartier, soit cinq à six fois plus que les habitants de l’Hexagone. Par ailleurs, 6 % des adultes déclarent avoir été victimes de violences physiques intrafamiliales ou de violences sexuelles dans le ménage ou en dehors, soit deux fois plus qu’en France.
L’ampleur de la délinquance génère un fort sentiment d’insécurité à Mayotte. Ainsi, six habitants sur dix se sentent en insécurité à leur domicile ou dans leur quartier. C’est plus particulièrement le cas des femmes et des victimes de vols ou de menaces. En outre, quatre habitants sur dix renoncent souvent ou parfois à sortir de chez eux. Dans ce contexte, l’action des forces de l’ordre est très majoritairement jugée insuffisante. La délinquance représente la principale préoccupation des habitants de Mayotte, à la fois pour la société actuelle ou pour leur village.
Si sept habitants sur dix considèrent que leur village est agréable à vivre, la plupart déclarent qu’il manque d’équipements essentiels et d’animation, particulièrement pour les jeunes. Le sentiment d’insécurité peut se traduire par la crainte de sortir de chez soi. Ainsi, 40 % des habitants de Mayotte renoncent souvent ou parfois à sortir seuls dans la vie courante, pour des raisons de sécurité. C’est quatre fois plus que dans l’Hexagone. Parmi les personnes qui renoncent à sortir, 86 % évitent le début de soirée et la nuit. Mais 14 % y renoncent la plupart du temps, y compris en...Lire la suite sur Temoignages
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