L’histoire retiendra que la sélection nationale des Comores est née à Marseille.Les Comores s’invitent dans la cour des grands d’Afrique
La sélection de l’archipel a effectué ses premiers pas en phase finale d’un grand tournoi hier soir, face au Gabon (0-1). Un match historique qui marque une nouvelle étape dans la construction de structures solides aux Comores. Abassi Boinahéri, pionnier du football comorien, nous apporte son éclairage.
L’histoire retiendra que la sélection nationale des Comores est née à Marseille.
« C’était en 2005, après un tournoi auquel participaient des équipes des diverses communautés marseillaises. Nous nous sommes dit alors "pourquoi pas ?" et petit à petit, l’oiseau a fait son nid. » Abassi Boinahéri a été un des pionniers de ce qui devait donner naissance aux Cœlacanthes, surnom qui sera ensuite donné à la toute jeune sélection comorienne.
L’ancien pro, formé au FC Martigues avec qui il a joué en Ligue 1, et d’autres ont lancé un travail de longue haleine. « Il y avait Hamada Jambay, Kassim Abdallah, des gars qui rêvaient de défendre les couleurs de leur pays d’origine », souligne celui qui est désormais en charge de la formation des jeunes au FC Martigues.
Fierté et récompense
Le 11 août 2010, le rêve devient réalité. Sur le stade Parsemain à Fos-sur-Mer, est donné le coup d’envoi du premier match opposant la sélection comorienne au FC Istres. Dirigée par Manu Amoros, cette équipe va lancer le mouvement et participer aux éliminatoires de la CAN 2012.
« Ce tournoi à Marseille, le match à Fos-sur-Mer, les stages à Fontainieu, ce sont ces moments qui ont permis à la sélection de voir le jour. Avec des gars motivés qui souhaitaient construire quelque chose de solide. » Voir les Comores participer à la phase finale de la CAN 2022 est à la fois une fierté et une récompense. Mais pour Abassi Boinahéri, « ce n’est pas un point final. Cela doit être pour le pays une planche d’appel ».
En participant pour la première fois à la compétition, les Cœlacanthes sont forcément un des petits Poucet. Ils sont dans un groupe compliqué, avec le Maroc, le Ghana et le Gabon. « C’est vrai que, sur le papier, le groupe est difficile. Mais les gars se sont arrachés pour y être et ils ne comptent pas faire de la figuration. »
D’autant plus que la sélection, qui compte une forte assise marseillaise, comprend des joueurs habitués au haut niveau. « Ils jouent dans de grands championnats européens, sont souvent titulaires dans leur club et vont ainsi se jauger au niveau international. »
Dans le sillage de cette locomotive, l’idée est d’apporter un coup de pouce aux jeunes qui, dans l’archipel, rêvent de faire carrière dans le football. « Il y a une volonté de créer ou consolider des structures sur place afin que la jeunesse comorienne puisse s’épanouir au plus haut niveau. »
La communauté comorienne de Marseille s’est fortement impliquée dans ce projet. « Le projet a mûri doucement, et avec la participation à la CAN, ce sont plus de quinze ans d’effort, d’investissement bénévole qui sont récompensés », poursuit l’ancien attaquant.
D’autres « petits » pays ont réussi à se faire une place au soleil avant les Comores. Cap Vert, Mauritanie se retrouvent régulièrement en phase finale. « Nous espérons suivre ce modèle. En nous appuyant sur les forces vives du pays. La participation à la CAN est un outil pour développer le football aux Comores. »
Comme en Europe, où un programme d’aide aux petites nations a permis à l’Islande ou l’Albanie d’émerger au plus haut niveau, l’Afrique est en train de suivre le même chemin. Des personnalités, à l’image de Samuel Eto’o, l’ancienne star devenue président de la Fédération camerounaise de football, qui s’est investi pour inciter les décideurs à soutenir les « petits ».
MICHEL GAROSCIO /Journal La Marseillaise
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