«Je reste convaincu que sans un journalisme libre, indépendant...le pays ne peut pas aller de l’avant»
Allocution de SEM AZALI Assoumani, Président de l’Union des Comores, lors de la présentation des vœux aux journalistes suivie d'une conférence de presse.
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Par la tenue de cette Conférence de presse, je vais clôturer la série des présentations des vœux aux Corps Constitués.
Au Palais du Peuple, j’ai saisi l’occasion de mon discours annuel sur l’Etat de l’Union et la présentation des perspectives pour les prochaines années, pour présenter mes vœux au peuple comorien. Comme j’ai coutume de le faire, je viens également de présenter mes vœux, dans les iles autonomes. Je tiens, d’ailleurs, à vous présenter mes remerciements, pour l’écho que vous avez bien voulu accorder à ce Discours sur l’état de l’Union.
Mesdames et Messieurs,
Je ne vais pas revenir aujourd’hui sur la présentation du bilan de l’année écoulée, mais je vais dire deux mots sur votre institution, la Presse.
Mais permettez-moi, tout d’abord, de saisir l’opportunité de l’avènement du nouvel an 2022, pour formuler mes vœux de bonne et heureuse année, à vous toutes et tous, ainsi qu’à vos familles respectives.
Je viens de signer ce matin, le décret portant promulgation de la Loi portant Code de l’Information. Pour rappel, ce nouveau projet de loi du Gouvernement a été examiné par vos organisations, avant d’être soumis aux parlementaires, pour amendements et adoption.
La présente loi garantit le droit à l’information et la liberté de la communication, et organise également son exercice. Elle porte création d’un Conseil National de la Presse et de l’Audiovisuel. Comme nous les savons tous, le droit à l’information et la liberté de communication sont garantis par la Constitution comorienne et se conforment aussi aux Conventions et Traités internationaux, approuvés par l’Union des Comores.
La liberté de communication comprend tant le droit à la liberté de communiquer et d’informer, d’exprimer, des idées et des opinions, que le droit de les recevoir. Ainsi, la presse et la communication audiovisuelle sont libres, dans le strict respect de la règlementation en vigueur.
Cette nouvelle Loi l’exprime clairement, en ces termes, je cite: «l’exercice de cette liberté ne peut être limité que dans le but d’assurer le respect de la dignité de la personne humaine, de la vie privée, de la liberté et de la propriété d’autrui, par la protection de l’enfance et de l’adolescence, par la protection de la sécurité et de l’unité nationale, de l’intégrité territoriale», fin de citation.
Mesdames et Messieurs,
Le pays s’est doté d’un Conseil National de la Presse et de l’Audiovisuel (CNPA), chargé de la régulation et du développement de la presse et de la communication audiovisuelle.
Cette institution est chargée de veiller et garantir la liberté d’expression et d’information et l’instauration d’un paysage médiatique diversifié et pluraliste, particulièrement en période électorale.
Le CNPA exerce ses missions en toute indépendance et impartialité, sans aucune ingérence d’une quelconque autorité publique ou privée.
Nous allons, alors, dans les prochains jours, procéder à son renouvellement, son mandat de quatre ans, renouvelable une fois, étant largement dépassé.
Les personnalités de cette structure doivent être, comme l’exige la loi, de grande moralité et probité, et doivent justifier d’une expérience professionnelle minimale, dans le domaine de l’Information et de la Communication.
Les organisations professionnelles de la presse ainsi que celles des médias audiovisuels y seront représentés par leurs délégués.
Dans le but de promouvoir la liberté d’expression et d’information et l’instauration d’un paysage médiatique diversifié et pluraliste, nous allons créer, pour la première fois, dans notre pays, un fonds d’appui aux médias.
Je voudrais aussi rappeler que l’Etat accorde une subvention annuelle de plus de 700.000 millions de nos francs aux médias publics. J’ose espérer que toutes ces nouvelles dispositions vous permettront de travailler dans de meilleures conditions, et de redorer, ainsi, l’image de la Presse, dans notre pays.
Mesdames et Messieurs,
Vous n’êtes pas sans savoir que la pratique du journalisme est constamment sous le feu de la critique et a de nombreux défis à relever.
L’espace médiatique est inondé de «fake news» et subit l’influence, pas toujours positive, des plateformes de réseaux sociaux ainsi que les transformations technologiques et économiques qui le redéfinissent.
Ces transformations rapides, menacent les modèles économiques des médias traditionnels, et posent la problématique essentielle de la formation au journalisme et de la maitrise de l’information. Les médias d’information ont été jusqu’ici les principaux générateurs de journalisme, mais ces deux dernières décennies, des nouveaux scénarios se jouent.
Les transformations technologiques, économiques et politiques sont en train de remodeler le paysage médiatique.
Pour illustrer ce constat, lors des dernières élections présidentielles et du référendum, l'impact et la crédibilité du journalisme ont été relégués au second plan, au profit d’une foule d’influenceurs et de personnalités qui se sont accaparés de l’espace, avec les conséquences que l’on sait.
En effet, le CNPA est censé, par ses décisions, modérer les contenus néfastes et stopper la circulation de «fausses nouvelles», tout en évitant de nuire au pluralisme et à la diversité. La norme est alors de se conformer à la nouvelle Loi de l’information, qui redéfinit le cadre juridique visant à préserver le pluralisme à l'ère numérique.
Pour ma part, je reste convaincu que sans un journalisme libre, indépendant et professionnel, le pays ne peut pas aller de l’avant. Je compte donc sur chacun d’entre vous, mais aussi sur les structures qui vous encadrent, pour identifier les actions à mettre en œuvre, afin de protéger votre profession et assurer sa crédibilité et sa pérennité.
Je vous remercie.
Beit-salam
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