« Docteur Bajrafil mérite amplement d'être à ce poste » Mohamed Bajrafil vient d'être nommé ambassadeur des Comores à l'UNESCO. Essayiste, enseignant
Par un Décret présidentiel, Mohamed Bajrafil vient d'être nommé ambassadeur des Comores à l'UNESCO. Essayiste, enseignant, théologien, homme de culture, Son Excellence Docteur Bajrafil Mohamed mérite amplement d'être à ce poste. Vu son bagage, ce choix judicieux ne souffre d'aucune contestation.
C'est un homme intéressant, intelligent, humble avec qui on est fier de discuter (mon sourire en temoigne). Doit-on pour autant s'arrêter là? Est-ce que dans ce cas de figure la critique n'est pas permise, comme le font comprendre certains? Jamais une nomination n'a fait couler tant d'encre et de salive. Mais de quoi il s'agit ?
Depuis plus de deux ans, une grande partie de la diaspora comorienne est vent debout contre les injustices, les atteintes aux droits humains, les atteintes à liberté d'expression, les emprisonnements abusifs, les intimidations de tout genre, la précarité galopante, la corruption, bref elle appelle de ses voeux un État de droit.
Depuis tout ce temps, Mohamed Bajrafil est resté silencieux. C'est son droit. Certains critiquaient à voix basse son manque de position à ce moment charnier de notre histoire. D'autres savaient ses liens amicaux avec le Président, c'était un secret de Polichinelle. On se disait qu'il était embêté par ce qui se passe mais se trouvait dans une position délicate pour réagir.
Mohamed Bajrafil vient d'accpter cette grande honneur en son âme et conscience, il fait un pari pour l'avenir, l'Histoire le jugera. Il a déçu beaucoup de gens, c'est sans aucun doute. A-t-il eu raison, Dieu est le Seul Juge. A-t-on le droit de le vouer aux gémonies? A-t-il trahi? Bien sûr que non, il n'a jamais été engagé dans une lutte. Beaucoup de personnes sont scandalisés, c'est normal.
Il ne s'agit pas de n'importe qui. Le débat n'aurait pas eu lieu si c'était un politique, il n'y aurait pas eu cette salve de commentaires enflammés s'il n'etait pas le grand intellectuel, l'honorable fundi respecté de tous, le débat n'aurait pas eu lieu si le régime jouissait d'une légitimité reconnue de la majorité, le débat n'aurait pas eu lieu si les nominations aux Comores respectaient un modèle méritocratique.
Toutes les nominations par un décret sont politiques, Bajrafil mérite ce job mais ça serait naïf de penser que ses relations avec le président n'y sont pour rien.
Arrêtons simplement l'acharnement contre lui, et arrêtons de qualifier ceux qui sont indignés d'être des "jaloux", des "aigris", des "jusqu'au-boutistes"…
Dire que les gens qui critiquent Bachrafil constitue une "frange radicale de l'opposition" constitue sinon un amalgame entres les politiques qui se battent pour le pouvoir et les citoyens engagés qui se battent contre un système injuste, cela montre aussi qu'on n'a pas encore bien saisir la fracture qui déchire notre peuple et le gouffre profond de la haine qui risque de nous attirer tous vers les ténèbres. Dieu protège les Comores.
Youssouf Ibrahim
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