Tout le malheur des Comoriens vient essentiellement de deux choses : leur tendance naturelle à vivre au jour le jour, sans réfléchir sur les erreurs
Tout le malheur des Comoriens vient essentiellement de deux choses : leur tendance naturelle à vivre au jour le jour, sans réfléchir sur les erreurs commises, et le manque d'anticipation des problèmes pour préparer un meilleur avenir. Or, qui ne tire pas les leçons du passé ou de ses échecs est condamné à les revivre demain.
À titre d'exemple, l'abus de pouvoir qui est au cœur du gouvernement Azali ne date pas d'aujourd'hui. À plusieurs reprises, le pays a été aux prises avec des régimes autoritaires. La différence est que dans le système Azali, d'une part, le pouvoir est exercé par des voyous, des ministres et autres dirigeants corrompus jusqu'à la moelle et, d'autre part, la dictature est poussée jusqu'à son paroxysme.
Quels que soient les griefs qu'on peut faire aux régimes d'Ali Soilih et Ahmed Abdallah, la continuité du service public permettait aux moins aux hôpitaux et écoles publics d'assurer ne serait-ce qu'un service minimum. Aujourd'hui, sous la voyoucratie, on a en même temps la peur au ventre et le ventre vide. Azali se désintéresse totalement du bien-être de sa population.
Que dans l'arrière-pays, de nombreux Comoriens crèvent de faim ou ont du mal à joindre les deux bouts, à cause des pénuries et de la vie chère, MM. Azali et Msaidie s'en soucient comme d'une guigne. Pour eux, l'État n'est ni une entreprise ni un service social. La gouvernance se définit, selon eux, comme l'art de s'enrichir sur le dos des pauvres citoyens et d'enfermer et torturer tous ceux qui osent crier leur douleur et leur colère.
Quelle est donc la morale de cette histoire ? C'est qu'il est temps de nous poser cette question : de quoi demain sera fait ? Demain se construit aujourd'hui. Dans cette dernière ligne droite, les forces démocratiques ont une double responsabilité historique : œuvrer à la chute rapide de la dictature tout en donnant des raisons d'espérer à un peuple meurtri et affamé.
Sans tirer des plans sur la comète, nous devons nous donner un grand dessein qui marque la volonté de l'ensemble des forces du mouvement de résistance de mettre à la place de la dictature un système politique ouvert, œuvrant pour le progrès économique et social, sur la base d'un État de droit démocratique.
Pour qu'un tel rêve soit à notre portée, il y a un préalable nécessaire : c'est le rassemblement de toutes les composantes de l'opposition et de la société civile qui combattent ce régime d'un autre âge. À l'exception bien sûr de ceux qui s'apprêtent, en ce moment, à toutes les compromissions honteuses avec le tyran.
Par Youssouf Boina, ancien SG du parti UPDC
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