Manifeste pour la Refondation des Comores Gravement atteint par le syndrome d’Hubris et poursuivant son œuvr...
Gravement atteint par le syndrome d’Hubris et poursuivant son œuvre de
destruction des institutions qu’il était censé protéger, le colonel Azali
Assoumani s’est accroché à la présidence de l’Union des Comores après
l’expiration de son mandat le 26 mai 2021. La dictature s’enracine avec son
lot d’emprisonnements arbitraires, de tortures et d’assassinats sur fond
d’instrumentalisation de la justice par le colonel Azali, de corruption des
magistrats et de vénalité des responsables de l’armée et des forces de
l’ordre.
Aucun démocrate ne peut sérieusement invoquer la parodie d’élection
présidentielle du 24 mars 2019 pour alléguer un nouveau mandat au profit du
colonel Azali Assoumani. Aucun démocrate ne peut accorder le moindre crédit à
un scrutin organisé en application d’un texte imposé au peuple comorien à
l’issue d’une mascarade référendaire. L’absence de légitimité de la Cour
suprême qui a validé « les résultats » de ce prétendu référendum en lieu et
place de la Cour constitutionnelle liquidée par simple décision du Président
au mépris de la constitution, le bourrage des urnes, le climat de violence
entretenu par le pouvoir et les manipulations sordides orchestrés par le
régime du colonel Azali y compris l’amputation de la main d’un gendarme le
jour du « scrutin » vident de toute légitimité le texte proposé au référendum
le 30 juillet 2018.
En conséquence, sont nulles et non avenues les modifications apportées à la
constitution du 23 décembre 2001 révisée le 17 mai 2009 et le 26 décembre
2013.par le prétendu référendum du 30 juillet 2018.
C’est donc un usurpateur et non un président légal et légitime qui sera chassé
demain de Beit Salam. Le peuple comorien spolié, outragé, humilié, bâillonné
et martyrisé doit redoubler de vigilance pour ne pas céder aux sirènes de la
division, prendre ses dispositions pour asséner, le moment venu, le coup de
grâce à la dictature et lancer aussitôt l’indispensable chantier de la
refondation des Comores.
La férocité de la dictature du colonel Azali ne doit pas nous faire oublier
que ce dernier n’a fait que pousser à son paroxysme un système de gouvernance
vieux de plus de 45 ans et fait de pillage des deniers publics, d’assassinats
politiques, de graves violations des droits politiques et sociaux, de fraudes
électorales, de népotisme, de soumission aux lobbies régionaux et de
chauvinisme insulaire. Bref, notre pays est dirigé depuis l’indépendance par
des gouvernements corrompus (à l’exception de celui d’Ali Soilihi),
autoritaires envers les faibles et complaisants à l'égard de tous ceux qui
affichent avec mépris leurs accointances avec les clans du pouvoir. Le profond
désespoir qui a atteint la population comorienne, en particulier la jeunesse,
la misère, la discorde, les rancœurs qui minent notre pays mais aussi le
discrédit dont souffre l'Etat sont les fruits amers de cette dérive.
Il convient, avec la chute du colonel Azali, de bannir définitivement cette
conception criminelle et vénale de la politique qui consiste à considérer
l’État comme une vache à lait et un instrument de pouvoir personnel et
clanique, de corriger unetrajectoire qui a toujours ignoré les aspirations
profondes du peuple comorien et de confier les destinées du pays à des
personnalités intègres et compétentes, des hommes et des femmes ayant une
profonde connaissance du pays et parfaitement conscients des enjeux
économiques et géostratégiques internationaux. La mission première de cette
équipe est de pacifier les cœurs, d'éradiquer la corruption, d'instaurer de
nouvelles pratiques de gouvernance et de doter le pays d'institutions et de
structures qui, d'une part concilieront mieux le désir d'autonomie et le
besoin d'unité et d'autre part favoriseront le développement.
La refondation des Comores ne saurait s’accommoder ni d’une improvisation ni
d’une navigation à vue. Elle exclue d’emblée à la fois le défaitisme et les
promesses chimériques. Les dirigeants politiques des Comores nouvelles devront
être capables de fixer des objectifs à la fois ambitieux, clairs et réalistes.
Aucun Comorien, où qu’il soit et quelque soit son statut, ne peut rester
indifférent aux problèmes auxquels est confrontée sa patrie. Chacun doit
apporter sa contribution, modeste soit-elle, à la consolidation de la cohésion
nationale, à l’éclosion d’une société harmonieuse, au développement d’une
économie prospère et à l’édification d’un Etat impartial, fort, respecté et
respectueux des valeurs démocratiques.
Voilà pourquoi, j’ai décidé de contribuer à l’édification du socle des Comores
nouvelles enpubliant le présent manifeste.
1.Rétablissement de l’état de droit
1.1 Restauration de l’exercice des libertés individuelles et collectives.
Le peuple comorien est bâillonné depuis le retour du colonel Azali au pouvoir
en 2016. Ce dernier a multiplié les atteintes contre la liberté de culte en
échange d’espèces sonnantes et trébuchantes. Les libertés de manifester et
d’expression sont gravement bafouées. Le climat de psychose qui règne aux
Comores dissuade les investisseurs potentiels, qu’ils soient étrangers ou
issus de la diaspora comorienne. Il convient de créer rapidement un esprit de
concorde notamment en rétablissant l’exercice des libertés individuelles et
collectives.
1.2 Refondation de l’Etat
L'harmonie de notre société, la prospérité de notre Nation et la pérennité de
nos institutions exigent un Etat juste, respectueux des règles de droit mais
aussi respecté dans ses prérogatives, en d'autres termes un Etat puissant qui
tire toute sa force de la loi.
Redéfinir les missions de l'Etat, le conforter dans ses missions régaliennes,
faire de lui une institution impartiale, un outil au service de tous, un
catalyseur du développement. Telles sont les conditions de l'éclosion de
l'espoir dans le cœur des Comoriens, du renforcement de la cohésion nationale
et des retrouvailles avec nos frères et soeurs mahorais avec lesquels nous
partageons la même religion, la même langue, la même culture et la même
histoire.
C’est ainsi que les 4 îles de l’archipel des Comores pourront partager un
destin commun et promouvoir leurs intérêts économiques et géopolitiques
convergents dans un climat apaisé.
2. Réformes institutionnelles
2.1 Présidence tournante
Il me parait essentiel en l’état actuel de notre cohésion nationale de garder
la présidence tournante sous réserve d’améliorations. Il s’agira notamment de
supprimer l’élection primaire et de désigner le Président de l’Union dans le
cadre d’une élection où les citoyens des 3 îles pourront se prononcer lors des
2 tours de scrutin.
Je pense que le pays a besoin d’une constitution qui garantisse la présidence
tournante dans ce format plus démocratique, qui institue une compétence de
droit commun au profit de l’Union et qui attribue aux îles des compétences
plus élargies.
2.2 Autonomie des îles
Les compétences des Gouverneurs, chefs des exécutifs insulaires, ont été
réduites à peau de chagrin depuis la révision constitutionnelle du 23 mai 2009
sous la présidence d’Ahmed Abdallah Mohamed Sambi. Celle du 30 juillet 2018
sous la présidence d’Assoumani Azali a achevé définitivement l’autonomie des
îles en imposant une ingérence des institutions de l’Union dans
l’administration des collectivités locales. Ces 2 révisions constituent une
violation flagrante de l’article 37 de la constitution du 23 décembre 2001 qui
interdisait toute procédure de révision qui portait atteinte non seulement à
l’unité du territoire et à l’intangibilité des frontières internationalement
reconnues de l’Union mais aussi à l’autonomie des îles.
Outre qu’il est un principe constitutionnel insusceptible de révision,
l’autonomie des îles est gage de démocratie et de meilleure implication de
l’ensemble des citoyens dans la gestion de la chose publique. La forte
décentralisation qu’elle implique permettrait à l’administration de se
rapprocher des citoyens et à chaque île de gérer librement ses propres
affaires. Il est indéniable que c’est ce mode de gouvernance qui permettrait
de mieux assurer la cohésion nationale.
2.3 Réduction des pouvoirs du Président de la République.
Le Président des Comores a toujours eu, depuis la naissance de notre Etat,
beaucoup, trop de pouvoirs. Je préconise donc la réduction des pouvoirs du
Président de l’Union et la restauration du poste de Premier Ministre. Ce
dernier doit (re) devenir le responsable de l’action gouvernementale et doit
donc être désigné au sein de la majorité parlementaire. Ces réformes
permettront de prévenir et au besoin de contenir les tentations autocratiques
des hôtes de Beit Salam.
3. Réformes judiciaires
3.1 Réaffirmation du monopole de l’État en matière de justice
La grande famille que constitue la Nation se délitera si l’on continue à
bannir, à expulser de leur maison les victimes et leurs familles et à protéger
les pédophiles pour, dit-on, préserver un prétendu « honneur » villageois. Il
est inacceptable que l’Etat laisse des gens qui ne disposent d’aucun pouvoir
légal s’arroger ses prérogatives régaliennes et prendre des sentences qui
piétinent les droits humains, heurtent la morale et violent la loi de Dieu et
celle des Hommes.
Des conflits fonciers parfois sanglants opposent des localités voisines sans
que l’Etat prenne le dossier à bras-le- corps. En effet, depuis 1978, l’Etat
sous-traite la gestion des conflits intra et inter-villageois à des autorités
coutumières de moins en moins efficaces, renonçant ainsi à sa mission de
préservation de la paix civile. La recrudescence et la gravité des conflits
qui déchirent les communautés doivent conduire aujourd'hui l'Etat à
reconquérir ses prérogatives et à exercer pleinement ses compétences en
matière de justice et de sécurité des biens et des personnes.
3.2 Rétablissement de la confiance envers l’institution judiciaire
Les traitements discriminatoires qui caractérisent souvent les services de
police, de gendarmerie et de justice sont une plaie béante dans le corps de la
République. Ils fragilisent l’édifice national et le contrat social.
La multiplication des crimes de sang, des viols, des détournements de mineurs
et l’ampleur du trafic de stupéfiants, de la corruption et des détournements
des biens publics appellent une meilleure efficacité et une plus grande
sévérité des services de police et des tribunaux.
Aussi, le pays a besoin de policiers, de gendarmes et de magistrats mieux
formés mais aussi intègres et imprégnés des valeurs républicaines pour d'une
part garantir la paix civile et la stabilité des institutions et d'autre part
rassurer les investisseurs aussi bien nationaux qu'étrangers. Voilà pourquoi
leurs manquements professionnels doivent être lourdement sanctionnés,
notamment les dénis de justice et la corruption des magistrats.
3.3 Mise en place d’un bouclier judiciaire pour la protection des deniers et biens publics
Les délits affectant les deniers et biens publics devront être
imprescriptibles. La charge de la preuve devra être inversée au sujet des
responsables politiques, dirigeants de société d'Etat et des fonctionnaires
exerçant dans les administrations financières qui affichent un train de vie
manifestement disproportionné par rapport à leurs revenus officiels.
3.4 Nomination de magistrats spécialisés sur les affaires économiques et financières.
Il doit être créé un pôle financier au sein du Tribunal de Grande Instance de
Moroni avec une compétence nationale. Ce pôle financier connaîtra des affaires
de corruption, d’escroquerie, de marchés publics frauduleux, de blanchiment et
de fraudes fiscales.
4. Sanctuarisation du principe d’égalité
4.1 Egalité d’accès aux services publics et équité territoriale
La configuration géographique du pays, l’impératif d’efficacité de l’action
publique et l’égalité des droits entre tous les citoyens ne peuvent
s’accommoder ni d’une centralisation de tous les pouvoirs politiques à Beit
Salam ni d’une concentration des services publics et des activités économiques
sur quelques points du territoire.
Il est injuste qu’un citoyen se déplace de Ngamaroumbo à Mohéli jusqu’à Moroni
pour se procurer un passeport alors qu’une telle démarche peut bien
s’effectuer à Fomboni, qu’un patient de Ngandzalé souffrant de pathologie
légère soit obligé d’aller se faire soigner à Mutsamudu faute d’équipements
médicaux adéquats à l’hôpital le plus proche, celui de Domoni ou qu’un jeune
diplômé de Ntsadjeni soit contraint de s’installer dans les bidonvilles de
Mdjivourizé à Moroni pour une hypothétique recherche d’emploi alors que la
région de Mitsamiouli possède toutes les potentialités pour un être un grand
pôle d’activité.
Les disparités de développement entre les îles et entre les régions au sein
des îles sont trop criantes. Cette fracture territoriale compromet la cohésion
sociale et nourrit également le séparatisme. Les services publics et les
emplois salariés sont concentrés à Moroni et dans une moindre mesure à
Mutsamdu et à Fomboni provoquant un exode rural lourd de conséquences pour le
pays (insécurité, prostitution, insalubrité, difficultés de circulation..).
Les territoires périphériques sont laissés à l’abandon alors qu’ils disposent
de fortes potentialités économiques. Leur valorisation dynamisera l’économie
locale et renforcera la cohésion nationale en ce sens qu’aucun territoire de
la République ne se sentira abandonné.
Comment comprendre que l’hôpital de Bambao Mtsanga soit laissé à un état quasi
végétatif alors qu’il dispose de tous les services et équipements nécessaires
pour être érigé en centre hospitalier régional voire national ?
Outre une décentralisation effective, la consolidation de l’unité nationale et
le développement harmonieux et équilibré du pays exigent également une équité
territoriale. L’implantation des infrastructures et services publics
(électricité, téléphone, réseaux d’adduction d’eau et d’assainissement,
hôpitaux,établissements d’enseignement supérieur, centres de formation, etc.)
doit se faire à la fois dans un souci d’efficacité économique et d’équité
territoriale.Cette dernière contribuera au renforcement du sentiment
d’appartenance à une même nation en permettant aux citoyens, dans la mesure
des moyens des pouvoirs publics, d’accéder aux services publics en n’importe
quel point du territoire.
Voilà pourquoi la programmation des investissements structurants doit faire
l’objet d’une grande concertation nationale afin de ne pas nourrir un
sentiment de discrimination à l’égard de certaines îles ou régions. Nous
devons toujours avoir à l’esprit que les territoires oubliés constituent un
terreau fertile aux extrémismes.
4.2 Démocratisation de l’accès à la fonction publique
[next]
L’égalité devant le service public et la nécessité de disposer d’une
administration efficace exigent le recours au concours comme mode normal
d’accès à la fonction publique.
5. Education à la citoyenneté
5.1 Prévention de l’extrémisme religieux et des dérives sectaires
La nation ne se réduit pas à la cohabitation dans un même espace géographique.
La nation est surtout synonyme de civilisation commune. Or la civilisation
comorienne est largement inspirée par un Islam tolérant, sunnite et de rite
chaféite. En conséquence, le Coran et la théologie islamique doivent être
enseignés du primaire à la 3ème en suivant un programme normalisé élaboré sous
l’égide des hautes autorités religieuses du pays afin de permettre à tous les
jeunes d’aujourd’hui donc aux adultes de demain de partager une même vision de
l’Islam, celle d’un Islam tolérant, sunnite et de rite chaféite hérité de nos
aïeux. Cet enseignement religieux renforcera la cohésion sociale et
constituera la meilleure des préventions contre l’embrigadement par les
mouvements radicaux et terroristes.
L’Islam sunnite de rite chaféite est le principal pilier de la société
comorienne. L’affaiblir, c’est exposer à coup sûr l’édifice à la ruine. En
faire un instrument d’oppression, c’est dénaturer le message de l’Islam. Nous
devons revenir à l’Islam authentique et tolérant que nous avons hérité de nos
aïeux, le protéger et le transmettre tel quel aux générations futures.
Nous devons renouer avec cet esprit de tolérance qui avait permis à la
communauté chiite de rite ismaélite établie de longue date aux Comores
d’exercer librement son culte dans un pays majoritairement sunnite.
Nous devons nous inspirer de l’esprit d’ouverture du Prince Saïd Ibrahim qui
confia le ministère de la Santé et la vice-présidence du conseil de
gouvernement à un chrétien d’origine mahoraise, en l’occurrence au Dr Martial
Henry.
5.2 Démocratisation de la pratique sportive
Le sport véhicule des valeurs d’amitié, de solidarité, de respect de l’autre,
de maîtrise de soi, de dépassement de soi et d’émulation. Par ailleurs, il
offre de grandes possibilité d’exaltation de la fierté nationale. Pour toutes
ces raisons, il peut constituer pour les jeunes comoriens un excellent vecteur
d’apprentissage de la citoyenneté et un levier pour le développement de la
cohésion nationale. Aussi, l’État doit démocratiser la pratique sportive en
faisant du sport une discipline obligatoire dès l’école primaire et et en
instituant des championnats inter-établissements.
5.3 Instauration d’un service civique national
Il ne peut y avoir de destin partagé et donc de nation sans engagement et sans
solidarité. Voilà pourquoi, il est urgent de valoriser, de susciter et de
transmettre le goût de l’engagement et l’esprit de solidarité notamment par
l’instauration d’un service national.
Les jeunes scolarisés de 15 à 25 ans doivent effectuer en dehors de leur île
d’origine un service civique de 6 mois répartis sur 2 ans dans un cadre en
lien avec le soutien scolaire, l’encadrement sportif, la préservation de
l’environnement, la sécurité (gendarmerie, police, corps des pompiers), la
prévention des maladies et la promotion de la santé.
Ce service favorisera une meilleure connaissance du pays par les jeunes
générations, le brassage de la population, le développement de la culture de
l’engagement et l’éclosion de vocations en lien avec le service public.
6. Reconstruction du système éducatif
Notre système éducatif se caractérise par le délabrement avancé voire l’état
de ruine des établissements publics, par la forte désaffection de l’école
publique en faveur de l’enseignement privé (70 % des effectifs), par les
problèmes d’équipement des élèves, par la faible qualification d’un grand
nombre d’enseignants aussi bien dans l’enseignement public que dans
l’enseignement et par son inadaptation aux réalités et aux besoins du pays. Il
en ressort un taux de déperdition scolaire très élevé et des taux de réussite
aux examens nationaux très faibles. Par ailleurs, beaucoup d’élèves sortent du
système avec des qualifications faibles ou inadaptées au marché du
travail.
Il est illusoire d’ambitionner de relever le pays et a fortiori de le conduire
vers l’émergence dans ces conditions.
6.1 Construction et réhabilitation des établissements scolaires
Les établissements scolaires publics sont vétustes et offrent des capacités
d’accueil très limitées. Certains d’entre eux, dont l’emblématique lycée Saïd
Mohamed Cheikh de Moroni, menacent ruine. Embourbé dans ses contradictions et
portant son incurie à son paroxysme, le gouvernement du colonel Azali, si
prompt à évoquer des investissements sur fonds propres, n’a prévu aucun
centime en budget d'investissement pour l'enseignement et compte sur une
hypothétique générosité de nos partenaires pour assurer la réhabilitation des
collèges et des lycées.
Il est urgent de lancer la construction d’un nouveau lycée public dans la
partie nord de Moroni et de définir un programme pluriannuel de réhabilitation
des collèges et lycées publics.
Il conviendra d’adopter en urgence un collectif budgétaire en vue de financer
ces travaux. Il s’agira notamment de réaffecter la totalité de la RAU
(Redevance Administrative Unique) perçue par le ministre des Finances et
certains fonctionnaires de son administration au budget d’investissement de
l’éducation nationale et de réduire drastiquement les crédits de la présidence
de la République au profit de ce dernier.
6.2 Préparation à la vie professionnelle
Le pays n’a pas les moyens de conduire toute une classe d’âge au baccalauréat.
Par ailleurs, il est absurde de continuer à former des légions de diplômés
destinés à gonfler les rangs des chômeurs. Une conférence nationale réunissant
les ministères en charge de l’économie, du plan, de l’emploi, de la fonction
publique, les partenaires sociaux et les chambres consulaires doit définir les
filières d’avenir pour les vingt prochaines années et permettre ainsi au
ministère de l’Education nationale d’organiser les enseignements en fonction
des besoins de l’économie nationale.
6.3 Réforme du baccalauréat
L’évaluation des connaissances des candidats au baccalauréat doit tenir compte
des notes obtenues en contrôle continu en 1ère et en Terminale dans la limite
de 25%. Cette réforme conduira les élèves à mieux préparer l’examen dès la
classe de 1ère, à mieux répartir leurs efforts sur toute l'année scolaire en
Terminale et leur permettra d'éviter l'accumulation disproportionnée de
travail à la veille de l'examen, nuisible à la qualité de l'assimilation des
connaissances.
6.4 Valorisation du métier d’enseignant
Le niveau médiocre des élèves et étudiants comoriens tient en partie au fait
que beaucoup de professeurs n’ont pas été formés au métier d’enseignant. Il
est urgent de valoriser le métier de professeur en le réservant à des agents
dévoués au service public de l’enseignement. Pour accroître leur motivation et
leur efficacité, l'Etat devra améliorer leurs rémunérations et leur faire
bénéficier de formations continues durant toute leur carrière. En échange, les
professeurs devront s'engager à servir comme enseignant au minimum 5 ans avant
d'exercer un autre métier.
6.5 Création d’un service de médecine scolaire
Il doit être créé dans le ressort territorial de chaque commune une ou
plusieurs équipes médico-scolaires itinérantes. Elles devront être composées
d’un médecin et d’un ou plusieurs infirmiers. Elles seront chargées
d’organiser des actions de prévention, d’éducation à la santé et de formation
au secourisme au sein des établissements scolaires publics et privés installés
sur le territoire de la commune. Elles devront assurer l’organisation des
bilans de santé et la mise en place d’un dossier de santé pour chaque élève
avec contrôle des vaccinations.
7. Développement de la formation professionnelle
7.1 Ouverture d’une Ecole des Métiers du Bâtiment et des Travaux Publics
Le pays manque cruellement d’ouvriers qualifiés, de techniciens supérieurs.
C’est ainsi que le gouvernement a du recourir à des ouvriers et techniciens
malgaches pour la construction du nouvel hôpital du fait de l'absence des
profils recherchés chez les Comoriens.
Les perspectives d’embauche dans le cadre du programme de construction et de
réhabilitation des établissements d’enseignement ainsi que les besoins
exprimés dans le secteur de la construction de maisons individuelles et dans
le cadre de la modernisation des infrastructures de transport et rendent
impérieux l’ouverture d’une Ecole des Métiers du Bâtiment et des Travaux
Publics.
7.2 Introduction de formations en alternance
L’Etat doit imposer un seuil d’embauches en alternance aux entreprises
publiques. Les frais d’inscription des étudiants doivent être pris en charge
par les entreprises. Ces dernières pourront les déduire de leurs impôts. Les
entreprises privées pourront à leur demande bénéficier de ce dispositif.
8. Développement de l’agriculture
Le désintérêt pour l’agriculture, l’outillage et les méthodes archaïques
entraînent une dépendance alimentaire croissante des Comoriens vis à vis de
l'étranger.
La pénurie alimentaire, liée aux difficultés d’approvisionnement rencontrées
par les commerçants, qui a frappé les Comores au cours des dernières semaines
montre à quel point cettedépendance est suicidaire pour notre
population.
Au lieu de déployer les ingénieurs agronomes et techniciens agricoles sur le
terrain auprès des agriculteurs, le gouvernement multiplie les séminaires dans
les hôtels climatisés de Moroni et les participations aux colloques à
l’étranger.
Il est urgent de revoir notre stratégie agricole.
L’État doit :
8.1 rapprocher les ingénieurs agronomes et des techniciens agricoles du monde paysan en ouvrant une antenne du ministère de l’agriculture dans chaque préfecture.
8.2 détaxer l'outillage agricole, les engrais, les semences et la provende.
[next]8.3 constituer un fond de garantie dédié à l’agriculture, la pêche et l’élevage pour encourager les banques et les institutions de micro-finance à accorder des emprunts à ceux qui veulent investir dans ces secteurs.
9. Diversification de l’offre touristique
Il faut diversifier l’offre touristique en développant le tourisme culturel et
l’écotourisme pour lesquels nous avons un avantage concurrentiel par rapport à
Maurice et aux Seychelles que nous ne pourrons pas rattraper dans le domaine
du tourisme balnéaire. Ces pays n’ont pas l’équivalent de la citadelle de
Mutsamudu, du Kapvirijewe d’Ikoni, des remparts de Foumbouni, de Ntsoudjini,
d’Itsandra Mdjini et de Nioumachoi. Ils n’ont pas les ruelles pittoresques des
médinas de Domoni et de Moroni. Ce patrimoine pourrait attirer des touristes
amoureux d’histoire.
L’excursion vers les sommets du Karthala, du Ntringui et du Mledjelé captera
une clientèle de touristes amoureux de la nature. Ce tourisme de montagne
induira la mise en valeur des zones rurales situées sur les flancs de ces
sommets. Ce genre de tourisme pourra générer des dizaines de millions de
dollars par an selon les spécialistes.
10. Consolidation du secteur énergétique
10.1 Renouvellement des équipements
Deux raisons d’ordre technique expliquent la faillite du service public de
l’électricité :
- - a) La SONELEC est équipée de groupes électrogènes d’occasion, parfois inadaptés. Ce qui a pour effet de multiplier les pannes et d’augmenter la consommation en gazole.
- - b) Les réseaux de transport et de distribution de l’électricité sont vétustes, entraînent d’importantes pertes en ligne (près de 30 %) et réduisent considérablement la quantité d’électricité disponible pour la vente aux clients.
Il faut solliciter les compétences des cadres de la SONELEC pour établir un
programme d’investissement destiné à équiper le pays en groupes électrogènes
neufs et à rénover les réseaux de transport et de distribution de
l’électricité.
10.2 Diversification du mix énergétique.
Le coût exorbitant du gazole contribue à la fragilité de la SONELEC. Le
recours aux énergies renouvelables permettra non seulement de maîtriser le
coût de revient de l’électricité mais aussi de réduire la facture énergétique
du pays et de préserver l’environnement. Il faut mener à leur terme les
projets de réhabilitation des centrales hydro-électriques à Ndzouani et à
Moili.
Il existe une grande zone aride, très ensoleillée et peu propice aux
habitations et à l’agriculture dans le Oichili et le Dimani. Il faudra y
construire des centrales solaires pour alimenter en électricité la façade est
de la Grande-Comore.
La BAD finance depuis septembre 2013 un projet d’appui au secteur de l’énergie
d’un montant de 25,2 millions d’euros soit 12 milliards 397 millions 583 mille
520 francs comoriens. Il est impératif d’accélérer la mise en œuvre de ce
projet dont les résultats se font toujours attendre.
11. Amélioration des services de télécommunication
L’ouverture à la concurrence et les gros investissements réalisés dans le
domaine des télécommunications et des NTIC Nouvelles Technologies de
l’Information et de la Communication) n’ont pas produit les effets escomptés
en matière de qualité de service et de compétitivité des prix. Il faudra
réaliser un audit de toutes les entreprises qui interviennent dans ce secteur
afin d’identifier les dysfonctionnements et les contraintes qui pénalisent les
consommateurs et d’engager en conséquence les mesures correctrices. En effet,
un secteur des NTIC performant constituera un formidable gisement d’emplois et
servira de locomotive aux autres secteurs de l’économie. Il pourrait par
exemple permettre l’ouverture de centres d'appel et l’embauche de
téléconseillers francophones et arabophones.
12. Elargissement du marché
Avec moins de 1 million d'habitants à faible pouvoir d'achat, l’exiguïté du
marché constitue un handicap structurel pour l’économie comorienne.Voilà
pourquoi, il nous faut envisager la coopération et l’intégration économiques
entre Mayotte et les 3 autres îles de l’archipel des Comores parmi les mesures
de stimulation de la croissance et de la création d’emplois aux Comores.
Les 4 îles doivent coopérer notamment en matière de transports, de tourisme,
de protection de l’environnement, de culture et de formation professionnelle.
Le secteur privé doit être également mobilisé. La constitution de centrales
d'achat entre opérateurs économiques des 2 entités permettrait par un effet de
masse de réduire le coût unitaire des produits importés. Les opérateurs
économiques pourraient ainsi baisser les prix de vente des produits importés
tout en améliorant leur marge bénéficiaire.
13.Règlement du contentieux au sujet de l’île comorienne de Mayotte
La mise en œuvre d’une coopération et d’une intégration économiques dans notre
archipel lèvera progressivement les verrous psychologiques et administratifs,
conduira nos élites politiques et économiques à travailler ensemble, créera
une convergence d'intérêts entre Mayotte et la partie indépendante de
l’archipel et convaincra la population des 4 îles de l'utilité et de la
nécessité de la réunification.
Le gouvernement comorien devra adopter cette nouvelle approche qui pourra
créer un climat propice à des négociations de bonne foi en vue de parvenir à
un accord qui prendra en compte les préoccupations majeures de toutes les
parties notamment la fierté des Mahorais, le bien-être de la population des 4
îles, l’intégrité territoriale des Comores, les impératifs stratégiques de la
France et la paix et la sécurité dans la région.
Abdourahamane Cheikh Ali
COMMENTAIRES