Voici bientôt un demi-siècle qu’un processus censé remettre sur pied un peuple, une nation, vire à la perte. Mais comment en sommes-nous arr...
Voici bientôt un demi-siècle qu’un processus censé remettre sur pied un peuple, une nation, vire à la perte. Mais comment en sommes-nous arrivés là?
La question d’accession à la souveraineté internationale de l’archipel des Comores a focalisé toutes les attentions au début des années 70. L’archipel formé de quatre îles sur la côte Est de l’Afrique (dans une position hautement géostratégique) n’a pas échappé aux mouvements indépendantistes qui gagnèrent les pays sous domination des puissances étrangères.
Les accords du 12 juin 1973 signés à Paris entre représentants du territoire des Comores et gouvernement français, ouvrent la voie à une indépendance unilatérale le 6 juillet 1975, en conséquence à la consultation référendaire organisée en décembre 1974 et au terme de laquelle l’écrasante majorité du peuple comorien s’est prononcée en faveur de son indépendance. Cette rupture brutale avec l’ancien colonisateur est un prélude qui ne favorisera pas la construction d’un État comorien viable et épanoui.
Dès lors, à ce problème épineux d’indépendance inachevée, il s’est instauré après la courte période révolutionnaire du socialisme soilihiste, une instabilité politique chronique et un féodalisme fortement ancré dans le paysage politique du pays par le régime des mercenaires sous Ahmed Abdallah. Népotisme, clientélisme et corruption atteignent le paroxysme avec la présidence Djohar qui, pour couronner le tout, a admis l’instauration d’un mur criminel au beau milieu de l’archipel, véritable tragédie qui se joue depuis 1995 au mépris de toutes les lois internationales notamment du statut de Rome.
L’instrumentalisation des jeunesses des îles d’Anjouan et de Mohéli dans un contexte de paupérisation générale du fait de la mauvaise gouvernance, a conduit à la liquidation totale de la République fédérale sous Taki Abdulkarim. Une situation qui a nettement démontré le manque de vision et l’ improvisation à tout va face à l’ampleur des événements survenus en 1997 où des entités régionales ont pu échapper à l’autorité de l’État. On assista alors à une longue période de crise politico-institutionnelle avec la sécession d’Anjouan et la prise de pouvoir illégitime en 1999 par le Colonel Azali.
En 2001, une sortie de crise fut trouvée grâce aux accords dits de Fomboni par l’instauration d’un nouvel ensemble comorien dénommé « Union des Comores ». Celui-ci instaura une présidence tournante entre les îles et une large autonomie dans la gestion interne des affaires de chaque île. Mais les conflits de compétences entre les pouvoirs locaux et le pouvoir central, ne permettent pas son bon fonctionnement. Le départ forcé du Colonel Bacar sur Anjouan en 2009 par le pouvoir du président Sambi, le coup porté aux accords de Fomboni et la passivité du gouvernement sur la protection des frontières comoriennes reconnues en vertu du droit international, marquent une violation profonde des principes étatiques.
L’arrivée au pouvoir d’Ikililou Dhoinine en 2011, un homme dépourvu de tout charisme et de tout sens de responsabilité a considérablement mis à mal le maigre progrès socio-économique de par l’amateurisme de ses gouvernements successifs. L’élection présidentielle de 2016 ponctuée par des fortes irrégularités a vu le retour au pouvoir de l’ancien putschiste Azali Assoumani. Très vite, il manifeste un désir fou de s’éterniser au pouvoir en muselant l’opposition, en démantelant le peu de l’état de droit qui y existait et en supprimant la haute juridiction du pays.
Le référendum de juillet 2018 qui consacra une nouvelle constitution taillée sur mesure et la répression qui s’en est suivie a replongé le pays dans une situation socio-économique catastrophique. Sans aucune perspective d’avenir, le peuple est réduit à assister à une propagande de fausse émergence qui ne tient que sur la mendicité et la vente du pays à des puissances animées par leurs seuls intérêts en échange de la survie d’un régime dont le mandat a officiellement expiré le 26 mai 2021.
Par Hopvs,
Observateur politique
COMMENTAIRES