DIALOGUE : 3 options possibles Je précise de prime abord qu’il s’agit ici d’une contribution personnelle qui n’engage que moi et non l’organ...
DIALOGUE : 3 options possibles
Je précise de prime abord qu’il s’agit ici d’une contribution personnelle qui n’engage que moi et non l’organisation dont je suis le vice-président
Il se murmure que le Colonel Azali Assoumani qui est à bout de souffle et affaibli par les évènements, souhaiterait amorcer un dialogue Comoro-comorien avec l'aide de son mentor Hamada Madi Bolero comme médiateur. Ce dernier aurait initié des consultations auprès de quelques autorités politiques du pays et se préparerait à les poursuivre en France prochainement, lors de son séjour. Rappelons-nous que l'ex-SG de la COI Boléro n'est pas à sa première tentative puisqu'il y a peine 3 mois de cela, il s'est exprimé, sur les ondes de Facebook FM Comores, pour plaider en faveur d'un dialogue national entre Comoriens. Les réactions enregistrées suite à son intervention n'ont pas été tendres ni en sa faveur pour plusieurs raisons :
1. Boléro est considéré par l'opinion comme un allié à Azali qui chercherait (au conditionnel) à le sauver de la sentence populaire qui lui est réservée avec ses proches.
2. Boléro ne serait pas bien vu par l'opinion comorienne comme étant un patriote mais plutôt un proches des services étrangers. 3. La sincérité de l'ancien Président par intérim est mise en doute puisqu'il serait celui qui avait installé Azali au pouvoir en 2002 et en 2016. 4. Enfin l’ancien Premier ministre ne peut être juge et parti en même temps (il est membre du parti au pouvoi, la CRC)
En effet, la première question qui se pose alors, de notre point de vue, est de savoir pourquoi le Colonel Azali Assoumani choisirait Boléro au lieu de penser à d’autres personnalités, comme par exemple l'ancien premier ministre Said Ali Mohamed qui pourrait faire l'affaire ou bien l’ancien député et négociateur Abidhar ABDALLAH ou bien d’autres hommes politiques ou civiles ?
Pourquoi d'ailleurs ne pas envisager mettre en orbite 3 ou 4 médiateurs qui seraient désignés par les parties en conflits pour travailler de concert? La réponse se trouve peut-être plus haut dans notre texte lorsque nous disions qu’on a peur que le but de ce dialogue ne soit motivé par la volonté de réconcilier les comoriens mais plutôt par celle de trouver une issue de secours pour sauver le soldat Azali Assoumani afin d'éviter la sentence populaire qui lui est réservée après sa chute. Ou bien Mr l’ancien SG de la COI chercherait-il une issue pour son propre destin personnel ?
Autrement, il aurait fallu poser dès le départ des bases saines pouvant permettre un dialogue sincère et inclusif. Et parmi elles, nécessaires, c'est d'associer les forces vives et politiques sur le choix de celui qui allait mener ce dialogue au lieu que le Colonel décide seul comme s'il en avait seul l'exclusivité, alors que son mandat est terminé le 26 mai 2021. Aussi, il aurait fallu que le Colonel Azali Assoumani s'adresse à la nation pour expliquer les raisons pour lesquelles il souhaitait mener ce dialogue, cela aiderait à apaiser un peu les tensions. Et enfin, il aurait fallu penser à associer la communauté internationale dans sa démarche, pour qu’elle en soit un témoin oculaire du processus et garant des conclusions.
Cependant, le débat est lancé et il en vaut la peine d'être discuté dès maintenant. Il revient à la résistance et à l’opposition d’arrêter communément une position claire et
nette sur les 3 options suivantes qui s’offrent à ce débat en attendant qu’il soit officiel :
1. Première option:
Est-il encore possible à ce stade de la lutte de dialoguer avec ce régime sanguinaire ?
Certains comoriens pensent que le dictateur a franchi les lignes rouges et qu'un dialogue ne soit possible à ce stade. Azali doit démissionner sans condition. Ils sont convaincus que le sort de Azali et ses affidés se trouve devant les juges populaires. C'est une position ferme sans négociation possible. Elle est respectable étant donné les dérives de ce pourvoir pendant ces 5 dernières années.
En revanche, d'autres pensent que le dialogue reste le seul issu pour sauver la paix sociale du pays, néanmoins il faut l'encadrer de manière à ce que le peuple en sorte gagnant, avec l'aide de la communauté internationale.
Ce qui nous ramène à cette deuxième option:
2. Deuxième option:
Si oui pour un dialogue, sous l'égide de la communauté internationale, quelles seraient les préalables à ce dialogue du côté de la résistance et de l'opposition ?
La présence de la communauté internationale pour faciliter ce dialogue demeure une des préalables selon la position de cette deuxième catégorie.
Néanmoins, le Colonel Azali Assoumani devra renoncer à se maintenir au pouvoir pour le bien-être et la paix de la nation. Il lui reviendra de faciliter l’ouverture d’une phase de transition, sous l'égide d'un Gouvernement d'Union nationale, qui préparerait les prochaines élections sur l'île d'Anjouan à une date à définir ensemble.
Le Colonel Azali Assoumani serait amené à libérer tous les prisonniers politiques et assurer sans crainte le retour des exilés politiques qui sont installés à l'étranger.
Le Colonel Azali Assoumani serait contraint d’accepter de mettre sur la table des discussions les dossiers des assassinats non élucidés et qui n'ont fait l'objet d'aucune enquête judiciaire.
La question de l'indemnisation des victimes de cette dictature devra figurer sur la table de négociation. Et les garanties de la part de la communauté internationale, pour que ces victimes soient indemnisées et que les responsables soient punis par la loi, doivent être assurées.
La liste des préalables n'est pas exhaustives évidemment, elle sera enrichie au fur et à mesure par les parties-prenantes au dialogue.
3. Troisième option:
Oui à un Dialogue inclusif comoro-comorien, sans la communauté internationale. Celle-ci sera invitée seulement à la cérémonie de signature des accords pour en être témoin.
Cette troisième catégorie pense que si l'union Africaine ou le SADEC se mêlent de ce dialogue, ne viendront-ils pas essayer de sauver Azali pour qu'il reste au pouvoir jusqu'en 2024, chose qui serait refusée par la résistance et l’opposition ?
En effet, l'histoire récente de notre pays nous rappelle que le médiateur Madeira est venu aux Comores en 2002 pour valider la mascarade électorale du colonel Azali ASSOUMANI avec l'aide de Mr Boléro et l'émissaire de l’UA. Il est revenu en 2010 lorsque l’ex-Président Ahmed Abdallah Ahmed Sambi voulait se représenter. Ensuite, très récemment, il y a eu la position ambiguë adoptée par l'union Africaine après le simulacre de référendum de 2018 et la mascarade électorale de mars 2019, qui nous laisse perplexe sur l'efficacité et la pertinence d'accorder un crédit à des organisations qui jouent très souvent en faveur des chefs des exécutifs des pays membres.
Cette troisième option privilégierait donc un dialogue Comoro-comorien, sous l'égide de 3 ou 4 personnalités nationales qui seraient désignées respectivement par les forces de l'opposition, la société civile et le pouvoir en place, sur la base de critères objectifs : compétences, incorruptible, intégrité morale et sens élevé de l'intérêt général. Ces personnalités travailleraient ensemble pour définir le cadre des discussions, après consultations des forces vives et politiques de la nation.
Pour terminer, notons que rien n’est officiel et par conséquent aucune organisation ou personnalité ne peut prendre position avant que cela le devient. Et donc, l’objectif de ce texte est de dégager une réflexion sur ce qui pourrait être les options possibles.
Ahmadou MZE SOILIHI
Vice-Président du Mouvement Badili COMORES
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