Sévices sur leurs trois enfants : de la prison pour les parents et l’oncle Pendant plusieurs années, trois sœurs mineures ont tu les sévices...
Pendant plusieurs années, trois sœurs mineures ont tu les sévices que leur faisaient vivre leurs parents et un oncle. Si, seul, le père a reconnu un acte de violence, le tribunal de Vannes a condamné parents et oncle à de la prison ferme.
Coups de bâton sur la tête, de ceinture sur le corps, des claques fréquentes, la tête noyée sous le robinet, du piment mis dans les yeux, des enfermements dans une cave pendant des nuits entières, ce sont les violences commises par leurs parents et un oncle qu’ont dénoncées, après plusieurs années, trois sœurs, âgées de 12, 9 et 7 ans. Des faits commis d’abord à Marseille, où vivait cette famille d’origine comorienne, puis à La Trinité-Porhoët (56) où elle était arrivée en janvier 2020. C’est un signalement effectué en novembre dernier, par l’école de cette commune, qui a permis de mettre à jour ce calvaire. La cadette était venue en classe en boitant fortement et avait fini par dénoncer les violences familiales.
« Éduqué comme cela »
L’enquête des gendarmes et l’examen par un médecin légiste ont mis en exergue des lésions anciennes sur tous les corps. Un important eczéma sur l’une des mineures, résultant d’une angoisse permanente, et le blocage du développement psychique pour une autre.
Ce mercredi 24 mars, devant le tribunal à Vannes, la mère et l’oncle continuent de nier toute violence. Seul, le père, âgé de 46 ans, reconnaît un unique épisode de coups de ceinture : « C’est normal car une de mes filles correspondait sexuellement sur internet avec un homme adulte. Pour apprendre le respect, j’ai été éduqué comme cela, à coups de bâton, à l’école coranique aux Comores. La protection de mes enfants m’appartient. Les mensonges de nos filles, c’est de la manipulation des services sociaux ». Seul, l’oncle est défendu par un avocat, Me François Lembo, qui assure : « On ne peut faire abstraction d’un choc de cultures et de systèmes d’éducation. »
Parents bourreaux
Défenseur des trois jeunes victimes, Me Anne Gastine rapporte leurs propos : « Elles m’ont dit qu’elles se sentaient mieux à l’école que de rentrer à leur maison. Elles ont été soulagées d’être placées en famille d’accueil. Elles continuent de faire des cauchemars. Elles veulent bien retrouver leurs parents si ceux-ci cessent leurs violences. Mais pour elles, c’est plus facile de faire confiance à leurs copines qu’aux adultes ».
Le procureur François Touron parle de « parents bourreaux. Car une enfant, âgée de 12 ans, a cru qu’elle allait mourir quand elle a reçu quinze coups de ceinture. Les aveux de ces trois sœurs sont précis, même s’ils ont été difficiles tant elles étaient terrorisées et culpabilisaient de dire la vérité. Elles portent encore aujourd’hui des lésions de ces faits qui duraient depuis 2016. Ces techniques de torture et ce rituel de sévices, c’était un système d’éducation pour toute la famille puisque, comme les parents, l’oncle frappait aussi avec un bâton et une corde ».
Après trois heures de débats, le tribunal a condamné le père à deux ans de prison dont la moitié avec un sursis probatoire, la mère à 18 mois de prison dont huit avec un sursis probatoire, l’oncle à huit mois de prison dont six avec sursis. L’autorité parentale est retirée au père et à la mère.
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