Après la qualification des cœlacanthes, quel avenir pour le foot comorien ? Nous en avons tous rêvé, les cœlacanthes l’ont fait. Malgré la p...
Nous en avons tous rêvé, les cœlacanthes l’ont fait. Malgré la pandémie et l’insécurité liée à la dictature du colonel Azali, un vent d’euphorie souffle sur les îles Comores depuis hier soir. La qualification de l’équipe nationale à la phase finale de la CAN est une victoire historique à saluer par tous.
L’explosion de joie et la fête populaire auxquelles a donné lieu cet évènement sont d’autant plus méritées que c’est le fruit d’un travail d’Hercule fait patiemment et méticuleusement par notre vaillant sélectionneur Amir Abdou.
Il y a de quoi rendre heureux tout un peuple et les supporters des cœlacanthes, notamment leur commentateur passionné et merveilleux, l’inoubliable Kassim Oumouri dont la voix résonne encore dans les oreilles des spectateurs, même étrangers. Le 25 mars 2021 est un jour à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire du football comorien.
Les exploits de nos footballeurs doivent être reconnus et appréciés à leur juste valeur. Au-delà du goût du spectacle et du simple plaisir de regarder les matchs, la passion engendrée par l’entrée des Comores sur la scène africaine s’avère un puissant facteur d’unité nationale et de rayonnement international.
Quand on parcourt les réseaux sociaux, quel bonheur de constater que la grande joie ressentie à l’annonce de la qualification est manifestée sur l’ensemble du territoire ! D’autre part, n’étant connu jusqu’ici que par la fréquence des coups d’État de Bob Denard et du dictateur Azali, notre pays a désormais la possibilité de se faire un nom grâce aux compétitions internationales de football. Il n’est pas sans intérêt d’imaginer que cette percée peut ouvrir des perspectives merveilleuses pour l’avenir du tourisme et générer ainsi des retombées économiques.
Maintenant, la question est de trouver les moyens d’inscrire ce succès dans la durée, c'est-à-dire de faire en sorte qu’il ne se réduise pas à un feu de paille. Tel serait le cas si l’État n’engageait pas d’urgence une réflexion globale sur l’indispensable restructuration du monde sportif, les modes de financement et la formation technique de vrais footballeurs professionnels.
L’on sait que cette équipe qui est dès le début en proie à d’énormes difficultés financières n’en serait pas là avec ce palmarès, sans la pugnacité, l’esprit de sacrifice et le patriotisme des joueurs et du sélectionneur. Aujourd’hui, la quasi-totalité des joueurs des cœlacanthes sont issus de la diaspora comorienne en France et ne percevraient pas, semble-t-il, le moindre salaire.
Combien de temps cette situation peut durer ? Si tant est que leur déplacement est financièrement pris en charge par le gouvernement, je conçois qu’il serait nécessaire de mettre en place un environnement législatif et réglementaire de nature à stabiliser le fonctionnement de notre équipe nationale. Des lignes de crédit s’appuyant sur des prêts bancaires garantis par l’État et ou des subventions gouvernementales peuvent se concevoir, à condition qu’il existe un cadre juridique prévu à cet effet.
Sur le plan organisationnel, il serait souhaitable qu’on réfléchisse sur les voies et moyens permettant de remettre à flot les clubs locaux. La sélection nationale ne peut pas reposer totalement sur des joueurs qui évoluent à l’étranger.
Le développement du football comorien devrait pouvoir se ressourcer sur les clubs locaux avant d’avoir recours à nos joueurs de la diaspora que nous remercions encore une fois.
Par Youssouf Boina, ancien SG du parti UPDC
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