Un homme de principe s’en est allé ! A l’heure où l’île de Mohéli souffre dans sa chaire, parce que profondément éprouvée par la pandé...
A l’heure où l’île de Mohéli souffre dans sa chaire, parce que profondément
éprouvée par la pandémie de la Covid-19 qui y fait des ravages, Mohamed
Hassanaly, l’un des grands artisans de notre indépendance, vient de tirer sa
révérence.
Fin connaisseur de la politique comorienne, il aura été un politique jusqu’à
son dernier souffle, toujours passionné par le devenir des Comores dans
l’unité.
Lors de sa bataille politique engagée, il m’en souvient encore de ses propos :
« je vous remercie du fond du cœur pour votre forte mobilisation, en ce jour
où je lance officiellement ma campagne présidentielle ! Mais votre
mobilisation n’aura de véritable sens pour moi qu’à la sortie des urnes, au
moment où on aura achevé le décompte de vos bulletins ! »
Ainsi parlait, le « vieux lion », le « Vice-président du MongoziAli Soilihi »,
« Nde Badala », « Mpweke », « BaheCheikh »... Ce jour ensoleillé de l’année
2010, cette année historique où venait d’échoir, à l’île de Djumbe Fatima, la
présidence de l’Union des Comores, pour la première fois dans l’histoire
politique nationale.
J’ai eu l’immense privilège d’être le colistier grand-comorien du « vieux lion
» au détriment de plusieurs hommes politiques grand-comoriens aguerris qui se
bousculaient pour occuper ce titre de vice-président candidat de Bahé Cheikh.
Le choix de ma jeunesse, aujourd’hui révolu, expliquait-il alors, obéissait à
ses convictions selon lesquelles notre pays ne peut avancer sans l’adhésion et
l’implication effective d’une jeunesse qui représente près de 70% de notre
population.
L’élite politique de l’île de Mohéli, dans son éclosion et son épanouissement,
doit au « vieux lion » cette clairvoyance visionnaire, peut-être renforcée par
son compagnonnage avec le Mongozi Ali Soilihi Mtsachiwa.
C’est Mohamed Hassanaly, en effet, qui a lancé dans l’arène politique, les
Bianrifi, Oukacha, Chabhane, Charif Abdallah, Fazul, Archade etc.
Le « vieux lion » aura été de toutes les batailles politiques de notre pays,
de l’indépendance jusqu’à l’accord de Fomboni de 2001, à un moment où la
République était profondémentmenacée dans ses fondements.
Parmi ses faits d’arme, Mohamed Hassanaly aura été le Gonzaless El-Guerrero,
lors de la déclaration unilatérale des Comores.
En effet, après avoir rassuré les députés maorais qu’il ne voterait pas pour
l’indépendance, avec les autres députés de Mohéli, en sa qualité de député, il
a à la dernière minute, opté avec ses frères mohéliens, pour l’indépendance
unilatérale, en s’alignant sur la position des anjouanais et des
grands-comoriens.
Auprès de lui, le temps d’un engagement et d’une bataille politique perdue, en
cette année 2010, j’ai mieux connu l’île de Mohéli et beaucoup appris
notamment les valeurs du patriotisme, du respect des principes et de la
persévérance, y compris face à l’adversité la plus ardue.
Il me disait sans cesse que l’origine insulaire du président n’était pas un
gage garantissant l’épanouissement et le mieux-être de son île natale.
20 ans après la tournante, cette leçon du « vieux lion » devrait mûrir nos
réflexions pour le présent et l’avenir de notre pays.
Adieu au « vieux lion » ! Adieu Bahe Cheikh !
Par Ambassadeur Alloui Said Abasse
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