A mes confrères exerçant aux Comores, Vous avez adressé une lettre pertinente aux autorités de notre pays pour demander la conduite à...
A mes confrères exerçant aux Comores,
Vous avez adressé une lettre pertinente aux autorités de notre pays pour demander la conduite à tenir face aux patients présentant des signes cliniques et/ou scannographiques en faveur du covid-19. Je partage votre inquiétude qui est celle de tous les praticiens de par le monde, au moment où il n’existe aucun traitement qui fait l’unanimité, contre ce nouveau coronavirus.
Dans notre pays, force est de constater qu’il n’existe pas encore tous les outils pour confirmer l’épidémie, malgré la présence de cas cliniques et scannographiques suspects en faveur du covid-19. Il s’agit d’un retard qu’il faille condamner sans équivoque bien qu’il soit aggravé par la fermeture des frontières.
Par conséquent, le laboratoire d’El Maarouf doit dans l’urgence mettre en route l’appareil qui devrait être livré ce jour, afin de pouvoir confirmer officiellement le diagnostic de covid-19 dans notre. En fait, cette confirmation permettra de justifier la dépense de l’aide des 5 millions d’euros alloués pour accompagner les Comores dans leur lutte contre la pandémie. La déclaration officielle de la pandémie aux Comores justifiera aussi l’aide promise par la COI, l’OMS, UA, et l’Europe entre autres.
Sur le plan médical proprement dit, la déclaration officielle du covid-19 permettra aux médecins d’adapter la prise en charge des patients en tenant compte du fait que le virus existe dans notre pays. Qu’est-ce que cela veut dire? Cela veut dire que puisque le PCR n’est pas sensible à 100%, on peut se contenter de la clinique et/ou du scanner pour considérer que le patient est covid-19 positif ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Pour mieux comprendre il faut se rappeler de la démarche diagnostique en zone endémique de paludisme, quand le patient présente de la fièvre avec frissons et courbatures.
Dans ce cas le médecin pensera d’emblais à une crise de paludisme et à la prescription de nivaquine est ainsi justifiée sans attendre les résultats biologique avec une goutte épaisse. Par contre en Europe où le paludisme n’existe pas avec la même symptomatologie on évoquera plutôt le diagnostic de grippe chez un patient qui n’a jamais visité un pays tropical, du moins dans les jours qui précèdent sa consultation.
Aussi le gouvernement ne peut-il pas ignorer la démarche intellectuelle des médecins désarmés à l’endroit de la situation actuelle car, il leur manque de réponses aux différentes questions que leur posent les patients dans l’angoisse de la pandémie. Car, en aucun cas je ne peux pas imaginer une hypothétique politisation de leur démarche que je la considère sincère et désintéressée.
Je me permets de rappeler à mes confrères la sensibilité limitée des tests et l’intérêt de demander le scanner Thoracique afin de pouvoir retenir le diagnostic de covid-19 en tenant compte du conteste épidémiologique déclaré et des renseignements cliniques.
Autrement dit si les renseignements cliniques et les images scannographiques sont en faveur d’une pneumopathie au nouveau coronavirus, il est licite de retenir le diagnostic de covid-19. Par contre le PCR positif seul suffit pour confirmer le diagnostic de covid-19 chez les patients asymptomatiques. Dans les hôpitaux où il n’existe pas de scanner je suggère la prescription première d’une radio pulmonaire avant d’adresser les patients dans les centres spécialisés.
Quant au traitement, du covid-19 il n’existe aucun médicament au jour d’aujourd’hui malgré des nombreux essais en cours dans nombre de pays.
A titre personnel, et faute de mieux je préconise la prescription de la chloroquine car il s’agit d’une molécule qui est bien connue et prescrite dans notre pays depuis plusieurs années maintenant.
Docteur Abdou Ada Musbahou (France)
COMMENTAIRES