Anjouan : Azali en visite à l'hopital de Bambao Mtsanga La hantise d’une propagation du covid19 par des personnes venant de Mayotte...
Anjouan : Azali en visite à l'hopital de Bambao Mtsanga |
La hantise d’une propagation du covid19 par des personnes venant de Mayotte fait de l’île d’Anjouan, l’enjeu premier de la stratégie nationale de lutte contre l’épidémie.
Les nuits sont courtes pour les 18 membres du Comité de veille sanitaire qui pilotent la lutte contre la pandémie du coronavirus sur l’île d’Anjouan. A la tête de ce comité, Dr Mohamed Salim Ben Said Hafi, directeur régional de la santé, réunit chaque matin un conseil de guerre pour un bilan quotidien. Et l’équipe est ensuite déployée sur le terrain.
Les objectifs de ces opérations sont les mêmes. Renforcer l’information de la population sur les gestes barrières, former le personnel des centres de santé à la prise en charge des cas symptomatiques et surtout alerter sur les risques d’une contamination qui viendrait de Mayotte où l’Agence régionale de santé tire un bilan de 35 cas depuis le déclenchement de l’épidémie (source ARS Mayotte : Bulletin-information-covid 25 mars 2020). Preuve de cette mobilisation, une sono montée sur un bus à l’effigie du Covid-19, sillonne l’ile pour rappeler les mesures sanitaires et les consignes à respecter.
Mais si les membres du Comité de veille sanitaire évoquent une organisation « qui s’améliore progressivement », les défis à surmonter sont nombreux « alors que nous sommes encore en période de vigilance », explique l’un d’eux. Plus que dans les deux autres îles de l’Union, le défi majeur à Anjouan demeure le contrôle des points d’entrée des embarcations venant de Mayotte. Arrivé ce mercredi dans l’île, le président Azali Assoumani a rejoint son ministre de la santé et le directeur de cabinet en charge de la Défense, pour une visite des postes militaires de contrôle des côtes, à Ouani et à Bambao.
Une question taraude. Anjouan vit une période de reflux massif depuis Mayotte comme on le laisse entendre, où c’est un fantasme ? Rien ne permet de le vérifie pour l’instant. Le dispositif mis en place ne fournit pas de chiffres officiels précis pouvant attester ce grand retour des kwasa. Le siège de l’Ecole de police réquisitionné pour la mise en quarantaine de ces revenants, compte seulement une dizaine de personnes. Pourtant, le mot à la bouche est la « guerre » préventive puisqu’aucun cas avéré n’est officiellement annoncé. N’empêche que pour les hommes au front, ce ne sera pas une petite bataille. La stratégie est clairement annoncée, « toutes les personnes venues de Mayotte ces derniers jours doivent être placées en quarantaine », martèle le directeur de la santé dans l’île.
Mais Outre la difficulté de mettre des postes de contrôle à tous les points d’entrée supposés pour surprendre les embarcations ciblées, le défi de placer en surveillance toute personne venant de Mayotte, soulève de sérieuses questions logistiques. Quels moyens pour assurer la prise en charge effective des besoins quotidiens d’un regroupement massif si tel devait être le cas ? Faut-il envisager un centre unique d’accueil pour les personnes en quarantaine ? Ou plutôt réserver un tel lieu de regroupement aux cas symptomatiques et opter pour un confinement des personnes arrivant des régions où sévit l’épidémie, comme le cas de Mayotte, dans le cadre familial sous le contrôle des soignants ? En visite de travail sur l’île, de la ministre de la santé n’a pas encore apporté les réponses à ces questions.
Reste que cette phase préventive montre des lacunes dans l’approche globale de la mise en œuvre effective du plan sanitaire et de son appropriation par la population. Ce mardi, une fausse rumeur sur la présence d’un couple rentrée de Mayotte, a viré à la bavure policière. Des éléments de la police nationale alertés de cette fausse information, ont mené une perquisition musclée au domicile des prétendus suspects et ont fait un mauvais quart-d’ heure au occupants des lieux, avant de se rendre compte du canular. Le couple en question a mis une vidéo en ligne pour prouver qu’il se trouve actuellement en France. Cet incident pose au moins la question du pilotage des investigations et au-delà, de la formation des personnes chargées de procéder aux premières interventions dans ce genre de situation.
E.M/Anjouan (paru dans Al-Fadjr du 26 mars 2020)
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