Un marché à Tananarive, la capitale de Madagascar, le 26 mars. | RIJASOLO / AFP Madagascar rejoint la liste des pays africains atteints...
Un marché à Tananarive, la capitale de Madagascar, le 26 mars. | RIJASOLO / AFP |
Madagascar rejoint la liste des pays africains atteints par le Covid-19, avec une trentaine de cas comptabilisés. Les mesures de protection se mettent en place difficilement, alors que les rumeurs vont bon train et qu’une grande nervosité règne.
Sur la grande île de Madagascar, la population estimée à 26 millions d’habitants s’inquiète, même si certains restent sceptiques quant à l’existence de la pandémie du coronavirus. Depuis plusieurs semaines, les habitants ainsi que certaines célébrités comme Razafimamy July Christian, le chanteur connu sous le pseudonyme de Rah-Ckiky, demandaient la fermeture des frontières, en vain.
L’État ne l’a décrété qu’après l’arrivée d’un vol, le 19 mars, dans lesquelles voyageaient les trois premiers cas avérés dans le pays, des femmes rentrant de voyage. Les internautes ont reproché au président, Andry Rajoelina, d’avoir laissé le Covid-19 entrer sur l’île en ayant tardé à fermer les frontières.
Les habitants fuient la capitale
À partir du 20 mars, toutes les personnes arrivées récemment de l’étranger ont fait l’objet d’un test auprès de l’Institut Pasteur de Madagascar. Une trentaine de cas ont déjà été comptabilisés. Tous les malades sont pris en charge par l’État à l’hôpital Manarapenitra d’Andohatapenaka à Tananarive, la capitale. Le président, Andry Rajoelina, a décrété l’état d’urgence sanitaire le samedi 21 mars face à la propagation de la pandémie.
De nombreux habitants de la capitale ont déjà quitté la ville. Les gares routières étaient bondées le week-end. Narindra, une étudiante, témoigne : Mes parents m’ont appelée et m’ont demandé de rentrer puisque ce nouveau virus ne touche actuellement que la ville de Tananarive. Rason et sa famille, eux, vont déménager quelque temps dans la ville de Mahajanga : «Il paraît que ce virus ne survit pas dans les régions chaudes, alors on part le temps que tout cela se calme.»
Files d’attente interminables
Depuis le 23 mars, les transports sont suspendus. Cela n’a pas empêché bon nombre de familles de quitter la capitale à pied pour rejoindre leurs villages d’origine. Une grande nervosité règne depuis une semaine : files d’attente interminables dans les grandes surfaces, les pharmacies, les marchés ou les stations essence. Le prix du ravintsara, du romba et du kininimpotsy, des plantes que la rumeur prétend efficaces contre le Covid-19, a plus que quadruplé !
Les mesures de prévention sont encore difficilement respectées dans la capitale. Pour Hélène, une lavandière, « ce coronavirus, c’est une maladie pour les vazaha [étrangers, ndlr], nous, on n’y croit pas du tout ». Tongatsara renchérit c’est une politique mise en place par l’État, juste pour obtenir des subventions ! Le gouvernement a dû mobiliser les forces de l’ordre pour obliger les gens à rester chez eux.
©Ouest-France - De notre correspondante à Madagascar Mialy RANDRIA
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