Hélène Pambrun / Paris Match Le Marseillais s’offre un concert à Paris La Défense Arena cette semaine. Avant de retrouver pour deux soi...
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Hier, ils étaient 25 000. Ce soir-là, ils sont 17 000 à l’attendre depuis des heures. Soprano est l’une des têtes d’affiche de l’édition 2019 des Francofolies de La Rochelle. Le matin même, il était « tranquille chez lui ». Enfin pas tout à fait : « Aujourd’hui, on a fêté l’anniversaire de ma fille. Elle avait choisi la série “Stranger Things” comme thème, rigole-t-il. Alors j’ai tout préparé. Et quand ses copines sont arrivées à 15 heures, un taxi est venu me chercher pour l’aéroport. Et voilà, je suis là. Mon corps n’aime pas trop ces allers-retours incessants. Ça donne un peu le vertige. Mais c’est bien. »
Depuis dix ans, Soprano n’arrête pas. Quand certains aiment prendre un break entre deux disques ou deux tournées, lui préfère enchaîner. « Aujourd’hui, si tu disparais un an, les gens pensent que tu ne fais plus rien. Personnellement, je ne comprends pas les artistes qui ont besoin de ne rien faire. Moi, je suis comme un sportif de haut niveau, je dois écrire tous les jours pour rester là. Car plus j’avance, plus je sais que tout risque de s’arrêter un jour. Alors autant tout faire pour en profiter. »
Sopra va financer dans les quartiers Nord de Marseille une école de la deuxième chance
Ces dernières années, Saïd M’Roumbaba a surtout beaucoup fait pour imposer la musique urbaine, pour la sortir des clichés et des cases. « Longtemps, la France a pensé qu’un Noir avec une casquette faisait du rap et était dangereux. Aujourd’hui, tout le monde trouve normal que je sois passé par le jury de “The Voice”, que je chante dans des stades. La musique urbaine est partout et remplace la variété. » Soprano s’inscrit plus que jamais dans l’histoire de la chanson, lui qui aime aussi bien Zazie qu’Eminem. « Ma génération a grandi avec IAM, on a tous dansé le mia. Quand un Johnny disparaît, quand un Goldman s’efface, c’est presque logique qu’on prenne le relais dans le cœur des gens. »
Soprano se réjouit d’ailleurs qu’un président de sa génération soit à l’Elysée. « J’ai du mal à imaginer qu’il ne connaisse pas la Fonky Family ou Sniper ! On a tous été marqués par ça. » Mais quand il s’agit de parler politique, Soprano se montre bien plus prudent. « Je ne dirai pas pour qui j’ai voté, car ce n’est pas mon rôle. Et, franchement, ma musique me permet de faire bien plus de choses qu’un homme politique… » Sur le modèle du basketteur LeBron James, Sopra a eu ainsi l’idée de financer dans les quartiers Nord de Marseille une école de la deuxième chance, qui ouvrira dans moins de cinq ans. « C’est un projet que je vais mener à bout. Et en le finançant moi-même, je suis sûr qu’il aboutira, qu’il ne restera pas dans les limbes. »
A Marseille, on a tous suivi l’exemple d’IAM. Ils ont toujours travaillé en famille
Mais pas question de le voir un jour candidater à la mairie de la cité phocéenne. « Moi, j’ai ma vie peinarde. Depuis la sixième, j’ai les mêmes potes, on a grandi ensemble, ils bossent avec moi, ils sont en tournée avec moi, on a eu des enfants au même moment. C’est ce qui me permet de garder les pieds sur terre. Dans le bus de tournée, je n’ai pas l’impression d’être une célébrité mais juste un mec qui part en colo avec ses potes. »
Soprano ne se vante pas pour autant de sa façon de gérer sa vie et sa carrière. « A Marseille, on a tous suivi l’exemple d’IAM. Ils ont toujours travaillé en famille, c’est même la femme d’Akhenaton qui les manage. Alors j’ai fait pareil. Sauf que moi, ma femme ne s’occupe pas de mon business », rigole-t-il. L’artiste sait qu’il vit malgré tout sur un fil, tel cet « Equilibriste » qu’il chante dans son dernier disque. « Oui, je peux tomber d’un moment à l’autre. Le public peut se lasser. Mais je fais tout ce que je peux pour l’éviter. Mon but, c’est le long terme. Une carrière comme Mylène Farmer, qui remplit dix soirs Paris La Défense Arena, ou Aznavour, qui chantait encore deux semaines avant sa mort. » Soprano a fêté ses 40 ans. « Tout ce qui vient de se passer, c’est un truc de fou. Tout ce que je viens de vivre n’est qu’un début. » On n’en doute pas une seule seconde.
QUAND ET OÙ En tournée actuellement, le 21 septembre à Paris (Paris La Défense Arena), les 11 et 12 octobre à Marseille (Stade Vélodrome).
« PHOENIX » (Rec.118/Warner).
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