A Marseille, le duel pour l’investiture LREM semble se jouer entre Yvon Berland, médecin et universitaire, et Saïd Ahamada, député LREM d...
A Marseille, le duel pour l’investiture LREM semble se jouer entre Yvon Berland, médecin et universitaire, et Saïd Ahamada, député LREM des Bouches-du-Rhône
A 46 ans, Saïd Ahamada se rêve le premier maire de Marseille de l’après-Jean Claude Gaudin, lui qui a grandi dans les quartiers nord. Il est certain d’être la meilleure chance d’Emmanuel Macron de décrocher la deuxième ville de France et le dit cash à l’Opinion
Nous sommes début octobre et La République en marche n’a toujours pas choisi son candidat aux municipales pour la deuxième ville du pays. Quand la décision sera-t-elle prise ?
Je n’en ai aucune idée mais après la première quinzaine d’octobre, ça deviendra objectivement compliqué. Nous risquons collectivement de prendre du retard pour expliquer le projet. Composer une liste sur l’ensemble de la ville, forcément, ça prend du temps.
Il faut préparer la liste mais la tête de liste, vous-même, est-elle prête ?
Parmi les candidats à l’investiture de La République en marche, je suis celui qui est le plus connu. Ma candidature raconte une histoire qui incarne Marseille et qui peut plaire aux journalistes. Avoir dans la deuxième ville de France, pour le parti majoritaire, une tête de liste qui s’appelle Saïd, c’est un symbole fort. Au-delà, je suis entouré d’une équipe plurielle et compétente.
Pour l’instant, l’investiture se joue entre vous, qui avez grandi dans les quartiers nord, et Yvon Berland, universitaire renommé, 1 président de l’université Aix-Marseille. Ce sont deux profils très différents...
C’est ce qui s‘appelle avoir le choix. Le projet collectif de rassemblement que je porte est le seul capable de l’emporter. A Marseille, il faut recueillir des voix dans les huit secteurs de la ville. Mon parcours montre qu’il est possible de passer du nord au sud de la ville et d’unir les deux. D’ailleurs, la majorité de ceux qui assistent à mes réunions publiques vient du sud de la ville.
L’une des clés de cette réconciliation passe, selon vous, par un changement de mode de scrutin. Vous avez adressé un courrier officiel au Premier ministre pour lui demander cette modification du mode de scrutin. Pourquoi ?
Je combats la loi dite «PLM» pour «Paris, Lyon, Marseille». Dans ce modèle-là, les électeurs choisissent leurs conseillers d’arrondissement, qui désignent ensuite le maire. A Marseille, vous avez des secteurs majoritairement à droite, d’autres à gauche. Cela pousse le maire à servir les siens. La carte électorale de Jean-Claude Gaudin et celle de ses investissements se superposent peu ou prou. Ceux qui votent pour la majorité sont servis, les autres non. Je ne partage rien avec le Rassemblement national, mais la mairie RN du VII secteur n’est pas écoutéepar Jean-Claude Gaudin. Cela pose un problème démocratique. Je propose que l’on renverse la donne : on vote pour le maire au suffrage universel direct dont découlent les conseillers municipaux. Ainsi dans chaque secteur, on développe de nouvelles centralités.
Le modèle urbaniste des années 1980 a créé des lieux où l’on habite, d’autres où l’on travaille, d’autres où l’on se divertit. Regroupons les trois dans chaque secteur et repensons la taille de chacun d’entre-eux. Aujourd’hui, nous faisons face à des murs qui nous empêchent d’avancer. Rendez-vous compte : nous nous battons depuis des années pour qu’un audit des écoles soit mené. Malgré les problèmes de sécurité, de punaises de lit ou de rats dans les établissements scolaires, il n’a toujours pas eu lieu. Il faut des élus locaux à la hauteur des enjeux. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas.
Nous pouvons tirer les enseignements des choix qui ont été faits par d’autres villes. Marseille a le potentiel pour être le Los Angeles de l’Europe
Ne faudrait-il pas nommer quelqu’un rompu à la politique, qui possèdent de puissants réseaux ? Le membre des Républicains Martine Vassal, élue depuis une vingtaine d’années par exemple ?
Martine Vassal fait partie du système. Elle essaie de se dédouaner mais elle a été adjointe de Jean-Claude Gaudin. Et lorsqu’elle dévoilera les noms de sa liste pour les municipales, on retrouvera les caciques de la Gaudinie. Tous ceux que les Marseillais ne veulent plus voir.
L’ensemble des comités locaux LREM s’oppose à une alliance entre le parti présidentiel et Martine Vassal. Pourtant, cette option est toujours sur la table. Pourquoi ?
La hantise des héritiers de Jean-Claude Gaudin, c’est que leur système disparaisse. Laissons les Marseillais s’exprimer.
Marseille est dominé par deux symboles : l’OM et le groupe de rap IAM. Dans votre jeunesse, vous avez côtoyé le second...
Au début des années 1990, on a contribué à créer le mouvement hip-hop. Mon cousin Saïd tourne encore avec eux. IAM ne fait pas de politique mais ils regarderont certainement d’un œil bienveillant ma candidature. Cela montre que j’incarne Marseille jusqu’au bout des ongles.
Dire que Marseille est une ville à part en France, est-ce péjoratif ou est-ce un motif de fierté ?
C’est un constat. Elle est à part. Une telle pauvreté, une telle ghettoïsation, c’est à part. Mais être autant en retard comporte un avantage : nous pouvons tirer les enseignements des choix qui ont été faits par d’autres villes. Marseille a le potentiel pour être le Los Angeles de l’Europe.
Par Matthieu Deprieck ©lopinion.fr
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