L’ambiance indescriptible de Belgrade, les accusations de paris truqués, l’enjeu du match retour contre Paris mardi (21 h), son amour pou...
L’ambiance indescriptible de Belgrade, les accusations de paris truqués, l’enjeu du match retour contre Paris mardi (21 h), son amour pour l’OM… L’ancien Vannetais (2010-2013) El Fardou Ben Mohamed, avant-centre de l’Etoile Rouge et entré à l’aller, n’a rien éludé.
En quittant Vannes, vous avez donc réussi votre pari…
Oui, c’est avec l’Olympiakos que j’ai disputé mon premier match de Ligue des champions. C’était au Partizan Belgrade (l’ennemi juré de son club actuel) au tour préliminaire, en juillet 2017 (rires). J’avais mis un doublé (victoire 1-3).
Juste après le match, j’avais reçu pas mal de messages des supporters de l’Etoile Rouge pour me remercier. Quand ils ont su que j’allais venir dans leur club, six mois après, c’était énorme pour eux. Depuis cette période-là, le public m’aime beaucoup. On peut dire que j’ai réussi mon pari en quittant Vannes (en juillet 2013) pour un petit club grec (le PAE Veria).
Juste après le match, j’avais reçu pas mal de messages des supporters de l’Etoile Rouge pour me remercier. Quand ils ont su que j’allais venir dans leur club, six mois après, c’était énorme pour eux. Depuis cette période-là, le public m’aime beaucoup. On peut dire que j’ai réussi mon pari en quittant Vannes (en juillet 2013) pour un petit club grec (le PAE Veria).
Il y avait aussi eu deux matchs contre la Juventus en phase de groupes.
J’en garde un très bon souvenir, malgré les deux défaites (3-0, 0-2). En face, il y avait Pjanic, Chiellini, Buffon… C’était la première fois que j’affrontais de tels joueurs dans ma carrière.
Niveau ambiance, vous êtes plutôt Olympiakos ou Etoile Rouge ?
Le premier match de LDC contre Naples (0-0), c'était irréel. C’est là que j’ai vraiment compris le sens du mot « douzième homme ». Pour aller jusqu’au terrain, on doit passer par un tunnel avec des militaires, comme si on allait au combat. Au-dessus de la sortie du tunnel, le kop essaye d’intimider l’adversaire. Comme les supporters sont un peu en froid avec l’UEFA, quand il y a l’hymne de la Ligue des champions, on ne l’entend pas parce qu’ils crient celui du club. Les dix premières minutes, contre Naples, on n’arrivait même pas à communiquer. Tout le stade chantait. Le plus fou, c’était contre Liverpool (victoire 2-0). Même les supporters adverses sont venus nous féliciter à la fin.
Avez-vous pu échanger avec les joueurs de Liverpool, à la fin ?
Avec Mohamed Salah et Sadio Mané, on a échangé nos maillots. J’ai vraiment adoré. J’ai aussi pu parler avec Mané pour le féliciter de ce qu’il avait fait la saison dernière. Et pour lui dire de continuer de porter haut les couleurs de l’Afrique.
En Serbie, on a l’impression que vous faites la meilleure saison de votre vie.
Oui, je suis déjà à 15 buts (toutes compétitions confondues) en quelques mois, alors que c’était mon record sur une saison entière. En plus, ça faisait 27 ans que l’Etoile Rouge ne s’était pas qualifiée pour les phases de groupes de la Ligue des champions. Et à l’époque où ils l’avaient gagné (1991), ce n’était pas le même niveau. Par contre, là, je suis le seul francophone de l’équipe. Depuis que Damien (Le Tallec) est parti à Montpellier cet été, ça fait un vide. Je fais avec, en espérant qu’il y ait d’autres francophones qui arrivent en janvier. J’avoue que ça me manque beaucoup.
Vous n’avez jamais réussi à percer en Ligue 1, mais vous avez joué une rencontre de Ligue des champions au Parc des Princes.
Oui, je n’avais fait que cinq matchs de L1 avec Le Havre (son club formateur), en 2008-2009. D’ailleurs, j’avais joué contre le PSG à l’époque, sauf que ce n’était pas du tout le Paris de maintenant (rires). Pour moi, c’était une petite revanche de les retrouver en Ligue des champions. J’ai toujours été conscient de mes qualités, mais, malheureusement, les clubs français n’ont pas cru en moi. J’ai été voir ailleurs, et ça m’a sauvé.
Qu’avez-vous ressenti lors du match aller, le 3 octobre ?
Le début de saison que le club réalisait était déjà énorme. Ce PSG-là, chez eux, c’était juste injouable (défaite 6-1). Comme je suis un compétiteur, je suis rentré sur le terrain en donnant tout ce que j’avais malgré le score. Après la claque reçue, je n’ai même pas cherché à discuter avec Neymar ou Mbappé, je suis vite rentré aux vestiaires. C’est dommage de ne pas avoir marqué, surtout que je supporte l’Olympique de Marseille (sourire).
La défaite a été si lourde que votre club est soupçonné d’avoir truqué le match. Que répondez-vous à ces accusations ?
Jusqu’à présent, ce sont juste des présomptions, parce qu’il n’y a pas eu de décision de justice. Pour moi, c’est du n’importe quoi, ce sont des mensonges. A ce niveau-là, on ne peut pas truquer de matchs, parce qu’ils sont beaucoup trop médiatisés.
En tant que Marseillais, j’aimerais bien qu’on élimine Paris de la Ligue des Champions
Et la revanche a lieu mardi…
Qui aurait dit que l’Etoile Rouge aurait pu jouer son va-tout, dans le groupe de la mort, jusqu’à la dernière journée ? C’est juste incroyable ce qu’on a fait jusqu’à présent. A Belgrade, ça va être la guerre ! On n’a rien à perdre. Quoi qu’il arrive, les supporters vont nous remercier d’avoir ramené le club à ce niveau-là. Ce serait super de se qualifier pour les 16es de finale de la Ligue Europa (si Liverpool perd dans l’autre match). Après, en tant que Marseillais, j’aimerais bien qu’on élimine Paris de la Ligue des champions (rires).
Pourtant, votre club a bien failli ne jamais disputer cette phase de poules de C1.
On perdait 2-0 à Salzbourg (Autriche), en barrages retour. On pensait que c’était mort et on revient à 2-2. En plus, c’est moi qui marque les deux buts. C’est mon plus beau souvenir avec Belgrade.
Avez-vous toujours l’objectif de retrouver un club de Ligue 1 ?
Non, j’ai 29 ans, mon objectif est de jouer au plus haut niveau. Mon rêve, c’est d’aller en Angleterre, l’un des meilleurs championnats du monde. On verra s’il y a des clubs intéressés. Après, s’il y a un club français qui m’appelle, bien sûr que j’écouterais son offre. Pour l’instant, je n’ai reçu aucune proposition, de qui que ce soit.
Quelles sont vos ambitions à long terme ?
Je veux qu’on conserve notre titre de champion de Serbie, et qu’on remporte la Coupe nationale. L’année dernière, on n’avait pas réussi à faire le doublé, alors qu’on avait l’équipe pour. Je veux aller toujours plus haut au niveau de mes statistiques, et qu’on se qualifie pour la prochaine phase de groupes de la Ligue des champions.
Allez-vous prolonger à l’Etoile Rouge ?
Il me reste deux ans de contrat. Pour la prolongation, on verra peut-être en janvier, sinon en fin de saison.
Où en êtes-vous avec votre équipe nationale ?
Il nous reste un match pour nous qualifier pour la Coupe d’Afrique des Nations. Ce sera le 22 mars au Cameroun. Si on gagne, on va à la Can, et on élimine les Camerounais. Ce serait la première fois que ça arrive pour les Comores. Ça conclurait une année historique pour moi. Ça va être tendu, mais on peut le faire. On a quand même réussi à faire deux nuls, chez nous, contre le Maroc et le Cameroun. Tout le monde nous donnait perdant, et on est toujours là.
Par VINCENT NAËL ©Le Télégramme
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