Lundi 19/11/2018, plénière de l’Assemblée de l’Union autour de la « loi d’habilitation » censée accorder au Président de l’Union le droi...
Lundi 19/11/2018, plénière de l’Assemblée de l’Union autour de la « loi d’habilitation » censée accorder au Président de l’Union le droit de légiférer par ordonnance sur toutes les dispositions relatives aux élections présidentielles prévues au premier trimestre 2019. Tous les députés sont là, dans l’hémicycle sauf le Président de l’Assemblée et deux Vice-Présidents.
C’est que Abdou Ousseni, Maoulana Charif et Dhoihir Dhoulkamal sont en conclave dans le bureau du patron du Parlement. Car la situation s’annonce mal : sur 33 députés seuls 9 voteraient la loi, loin donc des deux tiers requis. Les membres du gouvernement à la rescousse n’arrivent pas à faire changer la balance.
Toutes les manœuvres sont déployées en vain. Imaginez donc, les sept députés de Mwali « convoqués » par Abdou Ousseni et le pouvoir : on leur promet monts et merveilles, en vain. Mieux ou Pire, les Mohéliens sont indignés par un débauchage aussi indigne ! Dans le même élan que certains autres, ils protestent : « on nous a présenté seulement les titres du projet de loi » (Masiwa numéro 142 du 21/11/2018). Ubuesque ! Les députés sont appelés à voter une loi dont ils ignorent pratiquement tout. Le mépris de la représentation nationale est inqualifiable !
La séance fut donc reportée et sera tenue ultérieurement. Car il n’était pas question pour le pouvoir de risquer un échec. Pour Azali cette loi doit passer coûte que coûte. Alors on s’est donné une marge pour « convaincre » les députés d’être raisonnable. Carotte et/ou bâton !
Rappelons-nous, sous Sambi, la loi dite de la « citoyenneté économique » avait été rejetée en plénière. La séance fut close, le Président Dhoiffir Bounou quitta l’hémicycle. Le député Sidi, en tant que Vice Président de l’Assemblée ouvrit sur le champ une autre séance avec les députés de son clan (ils étaient huit) et « adoptèrent » la loi. On affirme même que le tampon apposé sur le texte de la loi est un faux ou a été subtilisé. Il n’en reste pas moins que la loi fut promulguée et appliquée depuis près de dix ans. Elle est toujours en vigueur !
A quoi allons nous assister cette fois-ci ? On peut envisager plusieurs scenarii.
La corruption l’emporte et la loi est votée « normalement ». Les députés feraient pâles figures et l’Assemblée perdrait encore le peu de crédibilité qui lui reste.
Passage en force plus ou moins subtil ou on trouve une autre astuce fondée sur le « vide ». Quelle sera alors la réaction de la population ? Une goutte d’eau susceptible de faire déborder le vase ?
Les députés opposés à la loi font preuve de fermeté et déjouent toutes les manœuvres du pouvoir. Un miracle, un acte Historique. L’Assemblée Fédérale dernier rempart contre l’absolutisme.
« De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace » (célèbre appel de Danton lors de la révolution française de 1789). Mr Azali Assoumani en a. On peut même affirmer qu’il n’a pas froid aux yeux. Comment peut-on demander formellement le droit d’être celui qui dicte les lois et nomme les arbitres d’une compétition à laquelle on participe ? Et tout cela au nom du respect de l’État de droit et des principes démocratiques. Il faut oser non ?
Au final l’enjeu est cardinal pour le pays : le maintien d’un système plus ou moins démocratique ou tomber dans un système quasi monarchique ! La balle est dans le camp des députés.
Idriss (21/11/2018)
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