Crise politique aux Comores
INTERVIEW DE MR KAMAL ABDALLAH, COORDINATEUR GÉNÉRAL DE L'UNION DE L'OPPOSITION EN EUROPE
Tout d’abord permettez moi de vous remercier de m’avoir offert cette opportunité de remettre les pendules à l’heure.
En effet, le dialogue dont on nous parle est le résultat direct des efforts déployés par l’Union de l’opposition à l’intérieur comme à l’extérieur du pays afin de ramener le pouvoir à la raison avec le concours de la communauté internationale.
Les tensions actuelles sont nées suite à la volonté manifeste du Colonel Azali de vouloir piétiner sur la constitution de l’Union des Comores.
Cette même constitution qui lui a permis de prêter serment et qui a fait ses preuves dans le rétablissement de la paix et la stabilité ainsi que la cohésion sociale nationale depuis son adoption en 2001. En réalité nous sommes face à un coup d’État institutionnel et Constitutionnel perpétré par l’ancien putschiste qui semble récidiver.
Les pseudo-assises nationales n’ont servi que d’alibi au Colonel AZALI qui ne cherche qu’à pérenniser son pouvoir contre la volonté du peuple Comorien. Le pseudo-référendum constitutionnel illégal du 30 juillet a toutefois été positif sur un seul et unique point.
Celui de démontrer la ferme determination du peuple Comorien à barrer la route au putschiste récidiviste et à préserver Sa Constitution durement acquise. La politique mensongère du Colonel Azali a été sévèrement désavouée et l’affluence dans les bureaux de vote historiquement vides en est le témoin.
Si le Colonel Azali avait un minimum de respect vis à vis de la démocratie, il aurait présenté sa démission le 30 juillet au soir et aurait laissé le Vice Président Djaffar Ahmed mener la transition. Mais voir un putschiste multi-récidiviste respecter naturellement la loi et la démocratie relève a priori du rêve.
Ce qui choque le plus dans cette histoire abracadabrante c’est le fait que le Colonel ait modifié la Constitution avant même de faire son pseudo-référendum.
En effet, en convoquant le Président de la Cour Suprême en lieu et place du Président de la Cour Constitutionnelle pour justifier l’utilisation de l’article 12-3, le Colonel Azali a modifié une disposition constitutionnelle.
Ce premier acte est une haute trahison en lui-même. Ensuite, est-il nécessaire de rappeler qu’une révision constitutionnelle, quand elle est légale, n’est aucunement rétroactive et ne peut donc pas s’appliquer avec un effet immédiat.
Par ailleurs conformément à la charte universelle de l’UA dont nous sommes signataires depuis 2015, les changements constitutionnels ne peuvent bénéficier au président en exercice.
Ceci constitue une deuxième infraction suprême. Je doute sincèrement qu’il y ait des élections présidentielles et ce n’est pas le discours du Colonel qui me fera changer d’avis. Cet expert de la violation de la Constitution est un menteur patenté. Il n’a pas de paroles, donc ce qu’il dit n’a aucune valeur.
Mais supposons qu’il y ait des élections présidentielles [anticipées ]. Dans ce cas la tournante devra échoir à l’île comorienne d’Anjouan. Toute autre considération pourrait faire éclater les îles et fragiliser une paix déjà sévèrement mise à mal par le Colonel et ses acolytes.
Depuis le décret nommant un gouvernement dépassant les 10 membres fixés par la Constitution et sans la présence des 3 postes de vice-président, le Colonel Azali se trouve dans l’illégalité et a perdu le peu de légitimité qu’il lui restait.
Ainsi depuis plusieurs semaines le pays n’a plus de pilote et navigue à vue. Toutes les décisions prises, depuis la signature du décret formant son [nouveau gouvernement], sont ainsi purement et simplement illégales et n’engagent en rien les Comoriens.
Sachez qu’il n’y aura pas de reprise de négociations sans la libération préalable de tous les prisonniers politiques et sans la supervision permanente de l’union africaine. Comme je vous l’ai dit, pour nous le Colonel Azali n’a pas la légitimité nécessaire pour dialoguer seul avec nous.
D’ailleurs pour ceux qui pensaient que le Colonel Azali allait revenir à la raison, il suffit d’analyser la levée de l’immunité parlementaire des députés de l’opposition dans des conditions inédites et complètement ridicules. Avec 2 députés sur 9 qui votent, vous avez un exemple parfait de l’exercice du pouvoir du Colonel. La minorité l’emporte toujours.
Cette façon de gouverner, n’honore pas la république et prouve que nous vivons dans un état voyou, peu soucieux des règles et des principes sacro/saints. C’est tout simplement indigne! Enfin, je tiens ici à renouveler ma confiance et à réitérer ma solidarité à toute l’équipe de l’Union de l’opposition pour le travail exceptionnel qu'il réalise face à un régime fasciste et dictatorial.
Sans nul doute, la pire dictature qui n’ait jamais eu à présider à la destinée de notre pays.
Aujourd’hui, le régime des mercenaires passerait pour des enfants de coeur face aux barbares actuels, et là je pèse mes mots. Mais j’ai confiance en notre peuple.
Ce peuple fier qui a refusé la colonisation, qui s’est battu pour son indépendance. Ce peuple comorien uni et fier qui a toujours réussi à venir à bout de ses ennemis.
Ce peuple, notre peuple, vaincra.
Par Kemal Abdallah
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