La drogue "la Chimique", un mélange de tabac imprégné d'alcool et de cannabinoïdes de synthèse, s’est répandue de manière trè...
La drogue "la Chimique", un mélange de tabac imprégné d'alcool et de cannabinoïdes de synthèse, s’est répandue de manière très rapide à Mayotte "et concerne une part non négligeable de la population", notamment les jeunes hommes en situation précaire, selon l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT).
Cette drogue, dont "les effets spectaculaires" et "visibles dans l’espace public (décompensations psychiatriques, évanouissements, agressivité)", ont contribué à alerter sur sa dangerosité, est considérée par les autorités de Mayotte comme liée à une grande partie des actes de violence de la jeunesse.
La drogue est "partie, au début des années 2010, d’un cercle d’initiés très restreint de personnes appartenant plutôt à un milieu social inséré", mais "s’est répandue de manière très rapide sur le territoire, portée par une disponibilité en hausse et une accessibilité très aisée", explique l'OFDT, dans un rapport rendu public mercredi.
"Aujourd’hui, il semble qu’aucune partie du territoire n’échappe à la présence de ce produit", note l'étude, qui constate également le "développement dans des zones très défavorisées d’une sorte de +chimique du pauvre+ élaborée à partir des produits chimiques d'usage courant".
Cette drogue se caractérise "par une offre très offensive incarnée par une myriade d’acteurs qui vont des importateurs, intégrés socialement car disposant notamment de connections informatiques et de moyens financiers, aux bandes de dealers (...) qui en assurent la revente au détail, auxquelles s’ajoutent, à la marge des grands trafics, les multiples usagers-revendeurs".
Le profil-type de l’usager est un jeune homme "vivant en situation de fragilité sociale et affective". Il a souvent été "initié, parfois très jeune (dès 10-12 ans), à la consommation par des pairs et notamment via le phénomène des bandes d’adolescents et de jeunes adultes très présent dans l’île".
Le contexte familial est souvent problématique (absence du père, voire de la mère), avec un éclatement familial dû notamment aux migrations de Mayotte vers la France métropolitaine.
La dépendance "est à la fois rapide et forte" et appelle "d’importants besoins monétaires (de l’ordre d’une centaine d’euros par jour)", ce qui renforce "une délinquance et une criminalité déjà en hausse (cambriolages, vols avec violence, etc.)".
L'OFDT préconise de développer des outils de prévention en s’appuyant notamment sur le réseau des professionnels de santé et des travailleurs sociaux, et de créer un Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA), et un Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour les usagers de drogues (CAARUD). AFP