Avant "les journalistes frappait aux portes […] certaines s’ouvraient mais la plupart restaient fermées. Alors on repartait avec une m...
Avant "les journalistes frappait aux portes […] certaines s’ouvraient mais la plupart restaient fermées. Alors on repartait avec une mine renfrognée. Maintenant, on va sur l’ordinateur […] on analyse les bases de données […] pour en tirer des nouvelles informations. Au lieu d’interroger une personne, on interroge une base de données», ainsi parlait le journaliste Kenneth Cukier,https://bit.ly/2rfG5Bt coauteur du livre "Big Data, la révolution des données est en marche", de l’importance de ces gigantesques sources ouvertes sur internet. Cet outil qui va permettre aux journalistes de voir ce qui est d’habitude hors de vue.
Au x Comores, non seulement les portes des bureaux des ministères et des sociétés d’État sont des véritables forteresses infranchissables pour la plupart des journalises, mais l’on veut encore que rien d’important filtre sur internet. Ainsi, en ce 3 mai 2018 (Journée mondiale de la liberté de la presse), je voudrais parler d’un problème qui me préoccupe depuis un moment. La désactivation systématique d’un bon nombre de plateformes officielles, qui étaient une mine d’informations pour la plus part d’entre nous journalistes comoriens. Le phénomène s’est véritablement accentué à partir de l’année 2016.
J’ai du me rendre compte quand quelques semaines après un dossier consacré aux contrats publics, où l’on avait utilisé à profusion des bases données puisé du site de l’autorité de régulation des marchés publics, j’ai eu la désagréable surprise de constater que ledit site était inaccessible (tous les rubriques ont vidées de leurs contenus http://armp-comores.org/), laissant une coquille vide. Est-ce une coïncidence ou un acte délibéré ?
Ce n’était pas une première en tout cas qu’un site aussi important soit-il ferme du jour au lendemain. Ces dernières années, on assiste donc aux Comores à une forme de censure ou plutôt de rétention de l’information pernicieuse qui ne dit pas son nom : la désactivation, dite "temporaire", et la mise en mode maintenance d’un nombre considérable de sites et autres plateformes officielles. Privant ainsi à bon nombre de citoyens, aux journalistes en particulier, des sources d’informations fiables où l’on pouvait trouver des chiffres et autres données brutes à exploiter et à interpréter.
Cela va faire plus d’un an déjà que des sites comme celui du journal officiel www.jocomores.gouv.km, celui de la Cellule des reformes économiques et financières www.cref.gouv.km/, pour ne citer que ceux-ci, sont hors service sans que l’on ne sache pourquoi. Des bases de données officielles tel que dad.synisys.com/dadcomoros/# (mécanisme de coordination et de gestion de l’aide), ou comores.e-regulations.org/ (un guide des procédures d'investissement aux Comores) ou bien l'outil, IMIS/Comores-Info (censé stocker toutes les bases de données disponibles et de calculer aussi des indicateurs et d'archiver l'ensemble de la documentation des opérations de collectées de données sur les Comores) n’ont eu d’existence réelle qu’au moment des démonstrations (en PowerPoint) lors des ateliers de validation ou des cérémonies inaugurales.
Après la chasse aux sorcières lancées ces dernières années contres les sources (humaines) des journalistes, obligés par la justice à livrer les noms de leurs informateurs,- une méthode qui s’est avérée inefficace,- voilà la chasse lancée cette fois contre les sources ouvertes.
Kamardine Soule, journaliste et animateur de Comores 4.0