Le samedi 17 février 2018, Dahari en partenariat avec l’Exécutif de l’île d’Anjouan, a procédé au lancement de la campagne de reboisement 2...
Le samedi 17 février 2018, Dahari en partenariat avec l’Exécutif de l’île d’Anjouan, a procédé au lancement de la campagne de reboisement 2018. C’est le village d’Outsa dans la commune de Ngandzalé, région de Domoni Anjouan qui a eu le privilège d’accueillir la cérémonie officielle de ce coup d’envoi, dans les locaux de l’école primaire en présence de la commissaire en charge de l’Environnement.
La campagne de reboisement 2018 s’inscrit dans le cadre de la mise en place du projet intitulé : ‘’A landscape Managment Model for Biodiversity Conservation in Comoros’’ autrement dit ‘’Un modèle de gestion du paysage pour la conservation de la biodiversité aux Comores'', financé par le CEPF (Critical Ecosystem Partnership Fund).
Outre la commissaire en charge de l’Environnement, plus de 200 personnes ont participé à cet événement dont les autorités de l’île, le Maire de la commune de Nganzalé, le premier adjoint maire de la commune d’Adda, les étudiants du département des Sciences de l’université des Comores/Site de Patsy, une partie de l’équipe du Parc National des Comores, des représentants d’ONG ainsi que des membres de la communauté d’Outsa.
Au total ce sont 913 plants qui ont été mis en terre par les participants avec une grande fierté d’avoir contribué à la préservation de l’environnement. Cette année, le programme de reboisement de Dahari prévoit de mettre en terre 10 000 plants composés d’espèces forestières, fruitières et à croissance rapide, dans les villages d’Outsa, Adda, Ouzini et Lingoni. Les principaux résultats attendus sont de limiter l’impact environnemental de la déforestation sur l’île d’Anjouan (un des plus haut taux au monde : 9,3%/an) et de protéger les ressources en eau et les espèces faunistiques endémiques aux Comores.
En effet, le constat amer des sécheresses enregistrées ces dernières années, qui a engendré la disparition de plus de 40 des 50 rivières permanentes de l’île d’Anjouan, ne laisse indifférentes ni les autorités politiques, ni les communautés qui vivent déjà régulièrement des pénuries d’eau. Ces communautés assistent également impuissantes aux destructions des productions agricoles de plus en plus importantes pendant les périodes sèches (KUSSI) de l’année. Plusieurs causes expliquent cette situation, notamment les phénomènes naturels liés aux changements climatiques mais aussi les déforestations massives faites par les populations afin de répondre à leurs besoins primaires.
Cette activité de reboisement menée par Dahari entre dans le cadre de sa politique de préservation des ressources naturelles de l’île d’Anjouan. C’est ainsi que l’ONG a lancé depuis 2015 des campagnes de reboisement dans quatre sous bassins versants de ses villages d’intervention autour de la forêt de Moya. Les actions de l’ONG consistent à reboiser autour de sources d’eau afin de permettre à celles-ci d’être protégées ainsi qu’aux ménages de ces localités d’avoir accès à de l’eau pour la consommation ou l’utilisation agricole en qualité et en quantité suffisante. Ce sont des actions qui visent également la protection des espèces faunistiques et particulièrement les espèces endémiques dont la chauve-souris de Livingstone, en danger critique d’extinction.
Les actions mises en place par Dahari entre 2015 et 2018 nous amènent aux résultats suivants : 46 825 arbres plantés (forestiers, fruitiers et à croissance rapide) afin de protéger trois sources d’eau ; trois sous bassins de 400 ha aménagés par des actions de lutte antiérosive de reboisement ; quatre comités de gestion d’eau des villages de Adda, Outsa, Ouzini et Lingoni soutenus avec des capacités renforcées sur la gestion des ressources naturelles et l’entretien des arbres en pépinière ; une base de données pour le suivi de l’ensemble des arbres plantés, trois périmètres irrigués installés à Adda, Ouzini et Pomoni et gérés par les comités de gestion d’eau. Des actions qui ont apporté beaucoup de changements dans la vie quotidienne des communautés.
Au cours de la cérémonie officielle de lancement de cette campagne de reboisement, la commissaire en charge de l’Environnement, dans son discours, a souligné les agressions perpétrées délibérément dans les forêts comoriennes, plus particulièrement à Anjouan et qui ont contribué à la dégradation de l’environnement et au tarissement progressif des rivières. Pour elle, ‘’couper un arbre est un crime contre l’humanité car on ne peut pas continuer à agresser la nature sans en recevoir les conséquences’’. Elle a également signalé que ‘’l’explosion démographique entrainant une forte pression sur les ressources forestières protégées, suivie d’une urbanisation sauvage et incontrôlée, restent d’importants facteurs de dégradation de l’environnement’’. La commissaire a invité toutes les autorités de l'île autonome d'Anjouan à ‘’protéger nos ressources naturelles et à prendre toutes les dispositions nécessaires pour la sauvegarde des sites écologiques qui, non seulement abritent d’importantes sources d’eau pouvant ravitailler nos villes et villages, mais aussi qui jouent le rôle de poumons verts pour les populations sauvages comme les animaux’’.
Ce programme de reboisement 2018 se poursuit jusqu’à la fin du mois de mars à Adda, Ouzini et Lingoni. Et par la suite, il restera la réalisation du suivi et de l’entretien des plantes par les communautés sous l’œil des techniciens de Dahari.
Ramoulati Ben Ali