Regardez bien ces photos, ne détournez pas les yeux, parce que c'est le quotidien des Mahorais depuis au moins deux à trois ans. Ces pe...
Regardez bien ces photos, ne détournez pas les yeux, parce que c'est le quotidien des Mahorais depuis au moins deux à trois ans. Ces personnes amochées et touchées dans leur chair ne représentent qu'une infime partie des victimes de l'insécurité grandissante à Mayotte. Et personne n'est épargné. Politiciens, chef d'entreprise, salariés, élèves, personnes âgées...personne, tout le monde y passe à un moment ou un autre.
A Mayotte on craint pour sa vie à tout moment de la journée. En allant au travail. Parce que des t...s du c...l forment des commandos, barrent les routes, tabassent les honnêtes gens à coup de machette, les dépouillent, les enferment dans leur voiture et cherchent même parfois à les brûler vifs à l'intérieur. On les appelle les coupeurs de route. A mon avis, un joli bien nom, pour des crimes horribles.
On craint sa vie dans sa propre maison. Des co....ds peuvent y faire irruption de jour comme de nuit et dans ces moments là, les victimes se sentent chanceuses quand elles sont "juste" tabassées quasi à mort et pas violées.
On craint pour sa vie en allant à l'école. Ce sont des scène de guérilla qui se sont produites ces derniers temps dans les lycées et dans les bus scolaires. Conséquences, plus de bus scolaires et des milliers de lycéens qui chôment à la maison parce que les professeurs usent de leur droit de retrait. Comment leur en vouloir? Ils se lèvent le matin pour aller enseigner et non pas se faire tuer sur leur lieu de travail.
On est frappé pour un téléphone portable, on est frappé pour nous voler notre voiture, on est frappé pour se faire dépouiller de quelques euros, on est frappé pour tout et n'importe quoi.
C'est pour toutes ces raisons que la population mahoraise est dans la rue depuis deux semaines, sous le soleil, la pluie, le vent. Les mahorais réclament le droit à la sécurité. A Mayotte, nous sommes plus nombreux que dans la région bordelaise. Et pourtant, Bordeaux bénéficie de 1200 policiers et nous, nous en avons 230. Voyez un peu le délire.
Deux semaines que le peuple est dehors, mais nous recevons d'un côté, les insultes et le mépris d'internautes complètement incultes qui pensent que nous ne sommes là que pour bouffer les impôts des Métropolitains, que nous sommes des musulmans assistés. Musulmans nous le sommes, mais assistés? Laissez moi rire. Nous avons droit aux devoirs, comme payer des impôts et des taxes d'habitations exorbitants, au point parfois de se demander si on doit se prostituer ou vendre un rein pour payer.
Mais pour ce qui est des droits, on nous rabâche encore et toujours que nous ne sommes pas prêts à avoir les mêmes droits que la France métropolitaine et le reste des DOM. Même ces victimes de l'insécurité qui, pour beaucoup porteront à vie des blessures, ne peuvent compter que sur leur famille et leurs amis pour les prendre en charge financièrement, psychologiquement, le temps de leur convalescence. Aucune aide n'existe pour eux. De l'autre, nous avons un gouvernement qui ne semble pas comprendre vraiment ce que nous vivons ou qui s'en moque. Qui sait.
On a fini par s'habituer à vivre, serrés comme des sardines tant nous sommes nombreux sur cette île. On a fini par s'habituer à devoir prendre une journée de congé quand on doit aller à l’hôpital, payer les impôts, aller à la poste, aller à la mairie....parce qu'il faut faire la queue pendant des heures. Mais on n'arrive pas à s'habituer au fait de voir des connaissances, des amis, des proches, se faire taillader à la machette, surtout que maintenant ça touche les enfants dans les établissements scolaires. Le stress permanent est trop. Nous étouffons.
Texte© Chafika Sonchéri