Victime de sa culture, l’Africain ne reconnait pas son sauveur que quand il est mort. En étudiant la civilisation africaine, on se rend com...
Victime de sa culture, l’Africain ne reconnait pas son sauveur que quand il est mort. En étudiant la civilisation africaine, on se rend compte que partout en Afrique depuis toujours d’ailleurs, les Africains considèrent leurs morts comme des êtres vivants. En effet, selon les Africains, ces ancêtres ont quitté la terre et ils continuent à veiller sur leurs progénitures sur terre. Chaque ethnie africaine a cette croyance à commencer par les Egyptiens anciens. Cette culture continue à se perpétrer de génération en génération jusqu’à nos jour que nous parlons d’une jeunesse africaine consciente. Certes, un mort est un mort ; mais l’histoire nous apprend que les morts ne se valent pas. La manière dont on vénérait nos ancêtres ne devrait pas être la même manière dont on vénère nos Héros qui sont tombés au Combat.
Chaque année nous rendons hommage à des grands hommes comme les Lumumba, les Cheikh Anta Diop, les Malcom X et j’en passe. Vous m’excuserez d’être si directe mais ces sont des hommages vides de sens. Comment peut-on comprendre qu’un demi-siècle après la mort de ces Héros, nous continuons à les rendre hommage sans incarner leur idéologies. Et moi qui croyais qu’on rend hommage à une personne dont on admire par son courage et son combat. Mais aussi admirer une personne, c’est l’envier en voulant être comme cette elle.
Par contre, ce n’est pas le cas avec nos Héros africains. Nous les admirons mais nous ne sommes pas prêts à être comme eux et nous ne voulons pas d’ailleurs être comme eux. Ceux qui nous dirigent aujourd’hui étaient les compagnons de ces Héros et certains parmi eux étaient des admirateurs et ils disent être toujours des admirateurs de ces Héros. À quoi bon d’admirer quelqu’un si l’on n’est pas prêt à l’imiter. C’est le cas des beaucoup des chefs d’états africains à l’exemple du président Macky Sall dont son discours hier à l’occasion de la commémoration de la mort de Tomas Sankara m’a laissé perplexe. Selon notre président fondateur, ‘’Sankara incarnait le Ché Guevara africain. Il était l’espoir de tout un continent. Il avait conçu le modèle du développement économique africain ‘made in Africa’’. Et il termine en disant qu’à la fin de ses études, ‘Sankara était un modèle pour moi’.
Mais pourquoi diable aujourd’hui que vous êtes président vous ne faites pas comme lui pour que demain vous soyez un Héros pour les Sénégalais et les Africains en général. N’est-ce pas de la lâcheté car même s’il aurait envi d’incarner Sankara, il a peur de subir le même sort que Sankara. Et c’est pareil pour beaucoup des chefs d’états africains. Ils ont peur des subir ce que Sylvanus Olympio et Muamar El-Kaddafi ont subi s’agissant de la lutte contre le FCFA et pour une monnaie commune africaine. Ils ont peur de faire face à l’homme blanc car c’est le sort de Sankara, Modibo Keita et d’Ali Soilihi-des pionniers d’une vraie indépendance de l’Afrique-qui les attend.
Donc, que pense cette jeunesse africaine soi-disant consciente ? Ne sommes-nous pas en train de répéter les mêmes erreurs ? Si chaque année nous sommes prêts à faire tout pour revivre la mémoire de nos Héros, sommes-nous prêts à incarner leur idéologie ? Rien ne nous dit que cela soit le cas car de ce que nous voyons aujourd’hui, la jeunesse se contente de célébrer des Héros morts en délaissant les Héros vivants. En effet, aujourd’hui que Kaddafi est mort, il a beaucoup d’admirateurs que quand il était en vie! C’est les mêmes bêtises que ce qu’ont fait nos papas et mamans ; ils se permettent de rendre hommage aux Nkrumah, Sankara, Ali Soilihi etc. alors qu’à leur vivant, ils les ont traité des dictateurs et violeurs. Au lieu de se soulever et prendre la défense de Kaddafi, la jeunesse africaine a laissé les puissances occidentales avec la complicité des dirigeants africains comme le président Wade le liquider. Et aujourd’hui cette même jeunesse se permette de lui rendre hommage alors qu’il est trop tard.
Il est clair que nos Héros ne sont pas des Héros quand ils sont vivants mais ils le deviennent après la mort. Cela est la volonté des Occidentaux car c’est eux qui fabriquent nos Héros. C’est eux qui nous disent qui aimer et qui détester. Si non, pourquoi ne défendons-nous pas les Sankara, les Nkrumah et les Malcom X d’aujourd’hui ? Je veux parler par là des KEMI SEBA, Des LOUIS FARAKHANE des gens qui se battent pour le respect et la dignité de l’homme noir. Mais, comme c’est dans nos gènes, nous attendons leurs morts pour commencer à les rendre hommage.
Mais Quelle Hypocrisie!!!
Anthoumani Moussa
Doctorant en «African and PostColonial Studies»
Conférencier et Chroniqueur Pan-Africain
Professeur d’Anglais