Mis en examen, ainsi qu’un mineur originaire comme lui de Mayotte, pour des crimes qui ont traumatisé Montluçon, Zaki A.T., était jugé mar...
Mis en examen, ainsi qu’un mineur originaire comme lui de Mayotte, pour des crimes qui ont traumatisé Montluçon, Zaki A.T., était jugé mardi pour des vols datant de 2016.DR. |
Jugé mardi pour de menus larcins, celui qui a par ailleurs reconnu le viol et les trois meurtres qui ont choqué Montluçon, a semblé peu concerné par son sort.
«Monsieur, prenez-vous des médicaments en détention, des stupéfiants ?» s'agace la présidente du tribunal correctionnel de Montluçon (Allier). Face à elle, survêtement et baskets noirs, dreadlocks hirsutes, Zaki A.T. se passe la main dans les cheveux, yeux plissés, avant de laisser ses bras retomber mollement. «Ben non», lâche-t-il d'un ton nonchalant, débit ralenti, sans bien comprendre le reproche sous-jacent.
«Lymphatique»
Extrait de la cellule où il dort depuis son arrestation en mars pour une série de crimes ultraviolents qui ont traumatisé Montluçon, Zaki A.T., 18 ans, était jugé mardi pour des vols datant de la fin 2016 : des tickets repas et du poulet dérobés dans une sandwicherie ; des bouteilles de vin, une rallonge électrique et des cassettes VHS dans la cave d'un voisin... Le plus élaboré de ces larcins concernait une grande surface dans laquelle il s'était caché à la fermeture. «Je me suis dit ça va marcher. Et puis... ça n'a pas marché», analyse lucidement l'intéressé, de son fort accent mahorais que le tribunal peine à décrypter.
«Parlez plus fort !» le tance ainsi la magistrate, suspectant une certaine désinvolture chez un jeune homme par ailleurs mis en examen pour ce qu'il appelle «une gravité d'assassinat» (sic) : Zaki A.T., ainsi qu'un mineur originaire comme lui de l'île de Mayotte, a reconnu avoir violé une jeune femme et sauvagement tué trois personnes âgées entre le 2 et le 13 mars dans le centre de Montluçon. Des faits passibles de la réclusion à perpétuité qui paraissent démesurés pour les épaules de ce jeune homme «immature» et «lymphatique», reconnaît son avocat Me Betrand Chautard.
Zaki, lui, ne s'attarde pas sur son parcours : «une grosse baston» en classe de 5eà Mayotte, et le voilà expédié à Toulouse (Haute-Garonne) à l'âge de 15 ans, bientôt déscolarisé, et dealeur. A Montluçon, Zaki A.T. avait rejoint son frère, étudiant, il y a trois ans. Sans ressources, il vivait de rapines et - «bien sûr», dit-il, ingénu - consommait alcool et cannabis.
Il a été condamné mardi à six mois de prison avec sursis... une peine anecdotique au regard de son avenir judiciaire. En prison, il a vu un psychiatre, une fois. «Et ?» lui demande la magistrate. «Je lui ai dit : Tout va bien.» ©Le Parisien