Le Comores va à l'envers du monde
Au Comores, on est fier d'afficher qu'on est docteur, professeur, médecin, avocat, notaire etc, en dénigrant ceux qui n’ont pas les fameux diplômes. Ils pensent aussi que ceux qui n’ont pas les diplômes sont des pauvres gens et qu’ils resteront mendiant jusqu’à leurs dernière souffle.
Au contraire, ceux qui n’ont pas les diplômes française surtout, ceux qui ont souffert, pour peu qu'ils ont pris conscience de la laideur, de la souffrance et de la misère, sont mieux portés à réussir que les autres. Parce que la route vers la réussite est comme une revanche contre les adversités passées de la vie.
On est obligé de réussir parce qu'on a trop de comptes à régler avec tous ceux qui nous ont fermé la porte un jour, tous ceux qui nous ont piétinés, tous ceux qui nous ont craché dessus. La réussite s'impose pour nous donner la joie d'envoyer balader tous ceux qui ont dit un jour que nous étions des nuls, des bâtards, des orphelins et comme on me l'a dit un jour, des cafards.
On est obligé de réussir parce qu'on a trop de comptes à régler avec tous ceux qui nous ont fermé la porte un jour, tous ceux qui nous ont piétinés, tous ceux qui nous ont craché dessus. La réussite s'impose pour nous donner la joie d'envoyer balader tous ceux qui ont dit un jour que nous étions des nuls, des bâtards, des orphelins et comme on me l'a dit un jour, des cafards.
Les comoriens ont la fâcheuse habitude de croire et de faire croire qu'ils sont les seuls au monde qui souffrent. Ce qu'ils ne savent pas, c'est que dans le monde entier les gens souffrent, il y a des drames humains, liés à la mort d'un proche, mais aussi à des événements qui mettent à rude épreuve la solidité des couples, des familles. Mais devant tout cela, il y a ceux qui abdiquent et ceux qui refusent la fatalité.
La question la plus importante à se poser aurait dû être pour le Comores : lorsque je vais mendier en France ou en Arabie-Saoudite, comment me trouvent-ils ? RIDICULES. Oui, vous l'avez bien lu, à leurs yeux, nous sommes ridicules. Parce que lorsque devant la misère, nous déléguons nos charges à une autre personne et sans vergogne, aux yeux de cette personne, nous ne mériterons jamais de respect, parce que nous sommes minables par de tels comportements.
Surtout qu'habituellement, ce sont les pays qui ont leurs propres pauvres et qui ne savent pas comment venir à bout de la misère domestique qui ont ce genre de comportement. Ou alors, ce sont des pays surendettés et qui ne savent pas comment faire pour rembourser leur dette et ne plus en avoir.
Il y a quelques années, dans le cadre d'une relation professionnelle avec une ambassade à Antanarivo, Madagascar, mon interlocuteur m'avait montré une pile de dossiers faits de demandes d'aide financière provenant d’un parti politique comorien. J'avais été très choqué parce que lorsqu'un parti politique écrit à une ambassade étrangère pour demander de l'argent, c'est que ce parti est en train d'offrir ses services de vendre le pays s'il a le pouvoir. Au-delà de cette indignation dont les moins avertis ne peuvent pas comprendre la gravité, il reste un fait : les Comoriens pour la plupart ont accepté la misère, la soumission.
La preuve est le fait que même l'école forme plus les jeunes Comoriens à recevoir les ordres qu'à en donner. C'est ce qui va expliquer que décrocher comme on dit, un emploi bien payé mérite souvent une célébration par tout un village. Mais si vous posez la question de savoir : que signifie « bien payé» ? Vous vous rendrez compte que nous ne sommes pas encore sortis de l'auberge.
Et nous n'avons pas encore touché le fond du puits. Il y a des intellectuels comoriens qui croient que les ambassadeurs des pays européens ou du golf au Comores sont au-dessus de leur président de leur roi. C'est le sommet de la stupidité humaine. Certains vont jusqu'à contester ou protester auprès des ambassades occidentales au Comores les attributions des marchés publiques par les autorités de leur propre pays. C'est en tout cas ce que j'ai découvert en tombant sur une correspondance, datée du 16 Mars 2013 et signée de la main du premier secrétaire de l'Ambassade de France aux Comores, M. Alexis MAZARS répondant à un Comorien en ces termes :
«L’Ambassadeur M. Philippe Lacoste m'a chargé de répondre à la lettre que vous lui avez adressée le 3 février 2013 et dans laquelle vous lui avez fait part de vos difficultés à faire adopter vos projets par le Gouvernement comoriens. Je vous remercie de votre lettre et de la confiance que vous placée en notre Ambassade. Je vous informe avec regret qu'en tant que mission diplomatique, l'Ambassade de France n'intervient pas dans le processus d'attribution des marchés au Comores.»
Cette lettre d'un intellectuel comorien à une ambassade étrangère dans son pays est la preuve même que non seulement nous n'avons pas pris le temps de bien apprendre les règles du jeu, mais pire, nous ne savons même pas à quel jeu on nous a invité à jouer depuis l'esclavage jusqu'aujourd'hui, en passant par la colonisation.
Par : Mohamed Soighir, Cadre Manager Coach en développement communautaire