Donald Trump, de clown à président
PORTRAIT - Indomptable, il a fait de son nom une machine à rêves avant d'oser défier l'establishment politique. Cette stratégie lui a permis de s'assurer le succès malgré les inquiétudes et critiques de l'ensemble de la classe politique américaine.
L'Amérique en colère qui s'est levée telle une déferlante à travers le pays pour soutenir sa candidature ne l'a jamais lâché, malgré les scandales. Donald Trump a su la séduire avec son style indomptable et ses sorties non consensuelles, injurieuses. Trump, milliardaire sans peur et sans limites à la mèche orangée et à l'ego surdimensionné, est devenu l'improbable «héros politique» de cette année électorale. Avec sa candidature à laquelle peu de commentateurs croyaient initialement et sa campagne explosive, Donald Trump a cassé les codes politiques des USA.
Aussi loin que sa mémoire remonte, Donald Trump dit avoir toujours été un rebelle. À l'école, il menait la vie dure à ses professeurs. Le piquet était baptisé de ses initiales, DT! Cette attitude désinvolte lui vaudra d'être envoyé dans une académie militaire. Le futur candidat républicain s'adaptera sans difficulté et s'affirmera auprès de ses camarades. «Tu seras président!», lui confie un de ses amis de promo, alors qu'il lui avoue vouloir «faire quelque chose de grand». Trump se forme ensuite auprès de son père, en suivant ses chantiers. Il y rencontre les ouvriers qui construisent et apprend à les connaître et discuter avec eux. Il se positionnera rapidement à contre-courant des élites de sa génération, dans les années 1960, plutôt du côté de la majorité silencieuse nixonienne qu'aux côtés des militants contre la guerre au Vietnam.
Derrière cette attitude, l'ambition sans faille de Donald Trump se révèle. Se jurant de ne pas se laisser dominer et de s'affranchir du soutien financier de son père, il se lance à l'assaut de Manhattan et s'entoure de mentors qui connaissent les jeux de pouvoirs. Son mot d'ordre: n'avoir peur de rien et surtout pas de la publicité, qu'elle soit bonne ou mauvaise. Sa première démangeaison politicienne survient en 1988, quand il évoque une première candidature présidentielle côté démocrate, et avance brièvement l'idée de prendre la célèbre animatrice noire Oprah Winfrey comme vice-présidente. Il remet ça en 2000, mais cette fois, sur la droite du spectre politique. Déjà à l'époque, il se dit horrifié par les traités de libre-échange qui font partir les emplois et dénonce aussi l'immigration illégale massive. Deux thèmes qui vont joueront un rôle central dans la campagne de 2016.
Un «Robin des Bois» milliardaire
Nominé d'un parti qui a tout fait pour le faire échouer, il devient, lui le milliardaire, le messager paradoxal des petits et de la révolte populiste antiglobalisation et anti-immigration illégale qui traverse l'Occident, avec des accents qui rappellent Marine Le Pen ou le Brexit. Les questions sur la véritable personnalité de celui que l'on traitait de clown s'enchaînent: qui est-il vraiment? Que cache sa démagogie? Que se passerait-il s'il était élu puis échouait? Comment se comportera-t-il?
Ces questions et inquiétudes, égrenées au fil d'une campagne explosive marquée par une série de scandales et d'attaques sur ses propos sexistes, n'ont pas effrayé son électorat. Dans les stades et sur les tarmacs bondés, où il faisait campagne les dernières 48 heures avant l'élection, promettant «d'assécher le marigot» de la corruption, ses fans restaient inébranlables dans leur soutien à leur «Robin des Bois milliardaire», appréciant justement un leader qui casse les règles et joue de son art de la mise en scène. Un atout déjà repéré par d'autres personnalités: «Quand vous vous présenterez, vous gagnerez», lui écrira Richard Nixon après l'avoir rencontré, «séduit», selon son gendre Ed Cox, par le charisme exubérant du futur président. Par lefigaro.fr