La réponse du vice-président S. Ahmed Djaffar à une question d’un député relative à l’achat d’une centrale électrique, rapportée par Al-Wat...
La réponse du vice-président S. Ahmed Djaffar à une question d’un député relative à l’achat d’une centrale électrique, rapportée par Al-Watwan, a quelque chose d’inquiétant. Elle porte à croire que les pouvoirs publics n’auraient pas tiré les leçons du contrat résilié avec Salama international Trading et qu’ils pourraient copter un autre fournisseur afin de conclure un autre marché sur la base du gré à gré une fois encore
Le haut responsable se demandait à haute à voix si au regard de l’urgence, ce ne serait pas perdre un temps précieux de lancer une procédure d’appel d’offre.
Photo d'archives: Le vice président Djaffar et le président Azali ©La rédaction |
Le fait que le gouvernement ait dénoncé l’accord passé avec Salama est en soi la preuve qu’un entrepreneur qui donne, au départ, une apparence de fiabilité peut manquer à sa parole. L’unique moyen de tester sa fiabilité, son professionnalisme, sa solidité, sa trésorière, son sérieux c’est de le mettre en concurrence avec d’autres puis faire analyser ses offres par des professionnels indépendants. C’est précisément ce que permet un appel d’offres.
En situation d’urgence, il est d’usage de procéder à un type d’appel d’offre limité ciblant seulement quelques fournisseurs préalablement identifiés. Cette procédure a l’avantage d’être rapide. Cela, les pouvoirs publics le savent mais paradoxalement ils n’excluent pas de contourner la loi.
Il est surprenant que l’ancien juge anti-corruption que fut le vice-président Djaffar ne puisse intégrer la crainte partagée par des milliers de Comoriens de voir une partie de l’argent affecté à cet achat se transformer en retro-commissions.( En tant que jeunes magistrats, Ahmed Djaffar, Azad Mze et Idi bazia s’etaient illustrés en s’attaquant à des dossiers portant sur des faits détournement de deniers publics).
L’Union des Comores est aujourd’hui considérée comme un pays gangrené par la corruption. Toutes les rapports sérieux le disent. Le nouveau régime ne devrait-il pas commencer par fermer les vannes ayant alimenté ce fléau dont les marchés publics non encadrés notamment ?
Pvahanu mdru yafunga mna ambe yahafa
Le peuple comorien a élu des responsables pour gouverner le pays en respectant nos lois. Mais personne n’a recu un quelconque blanc seing pour se mettre au dessus des lois et jeter l’argent public par les fenêtres. A ce propos, combien coûtera au contribuable comorien un nouveau litige avec Salama ? Ceux qui sont convaincus que cela n’aura aucune incidence financière ont de la chance.
A noter que lorsqu’un fournisseur réussit à gagner un responsable censé contrôler la qualité d’une commande quelconque, il livrera forcément des biens ne répondant pas aux normes exigées et qui ne donneront pas la qualité de services attendue. Il y a donc double pénalités pour la collectivité nationale : elle perd de l’argent en pots-de -vin et ses représentants perdent toute autorité de faire respecter les termes du contrat.
C’est pour cette raison qu’au fil des années, des entrepreneurs n’hésitent pas à remettre à l’Etat comorien des ouvrages qui se dégradent quelques mois après leur réception officielle sans que nos dirigeants puissent émettre la moindre réclamation.
Je me demande enfin si le pays n’est pas en train de laisser passer une occasion d’adopter des solutions alternatives pour l’énergie dans le sillage de la récente COP 21 et de l’accord de Paris comme le font déjà des pays comme le Sénégal et le Burkina Faso. Pourquoi imposer à la génération montante une politique de l’énergie qui a montré ses limites ? Pourquoi persister à vouloir produire toute notre énergie à partir de groupes électrogènes dont l’entretien n’est jamais assuré correctement ( faute d’argent) avec une facture d’ hydrocarbures au dessus de nos capacités ? « pvahanu mdru ya funga mmna mbe yahafa mdru ka fungu tsena ». ©Ali Moindjié