Faux-pas, illusion, chausse-trappe ? En tout cas l'intervention du président comorien à la 71° AG de l'ONU a pour le moins, bien dé...
Faux-pas, illusion, chausse-trappe ? En tout cas l'intervention du président comorien à la 71° AG de l'ONU a pour le moins, bien déçu.
Le président Azali avait, de son propre chef initié un dialogue constructif avec le Comité Maore, il voulait élargir la concertation, il affirmait sa volonté de se conformer à une vieille résolution de l'Assemblée Nationale qui demandait l'inclusion dans le Gouvernement d'un Secrétariat d'Etat chargé de la question de Maore, une résolution ignorée pendant plus de 5 ans. Des signes tangibles qui auguraient d'une nouvelle dynamique dans le traitement de la question de l'ile comorienne de Mayotte. Et voilà que son intervention à la tribune de l'ONU vient ébranler les espérances.
Eh oui, on attendait une stigmatisation percutante du scandale des décasés de Mayotte, des crimes non punis et dont les menaces de poursuite se précisent.
Eh oui, on attendait une dénonciation vigoureuse du visa Balladur, la mise à nu des crimes contre l'Humanité dont se rend coupable la France aux Comores.
Eh oui, on attendait l'engagement d'une bataille diplomatique judicieuse pour la reprise des débats sur la question de l'ile comorienne de Mayotte aux AG de l'ONU et dont l'échéance devrait être la prochaine AG, celle de septembre 2017.
Malheureusement, Azali a préféré la continuité, un discours comme on nous en sert chaque année, aucun souffle nouveau. Rien qui puisse mobiliser les autres pays à défendre à nos côtés la Charte de l'ONU, à s'indigner face à la pratique de la loi du plus fort dans les relations internationales.
Comme à l'accoutumée, les dirigeants du pays ne font rien pour sensibiliser les autres pays sur le drame que nous vivions, sur les dénis de justice que nous subissons et ils se lamentent après de ne pas bénéficier de solidarité internationale. Ils se lancent dans des spéculations sur le changement des rapports de force dans le monde, quand ce n'est pas sur l'égoïsme des pays. Le dossier de l'ile comorienne de Mayotte est vieux, n'occupe pas les devants de la scène internationale, pire elle n'est plus débattue aux AG de l'ONU depuis plus de dix ans. Comment voulez-vous que les dirigeants des autres pays s'en rappellent, s'en soucient.
Inquiétude enfin quand Azali se réfère à son dialogue avec Chirac. Car ce sont ses concessions, en particulier sur la participation des Maorais, en tant qu'entité distincte des Comores, aux jeux des iles de l'Océan Indien qui ont ouvert la brèche dont se sont servis les dirigeants français pour départementaliser l'île comorienne.
Vigilance et ressaisissement. L'intervention à l'ONU n'est qu'un discours. Les actions à venir sont plus importantes. Notre vœu est qu'il s'est agi d'un faux pas malheureux résultant d'une certaine précipitation, entre la prise de fonction fin mai et l'AG de septembre, le temps était court.
Comme l'a souligné le Président Azali, il faudra mobiliser tout le pays derrière une stratégie nationale sur la question de Maore. Son élaboration, son appropriation et sa mise en œuvre sont l'essentiel. Puisse cette voie être suivi avec plus de conséquence.
Le Comité Maore
02/10/2016