Je crois que le risque d’affrontements post-électoraux est réel. Il faut le mesurer pour prévenir d’autant qu’il n’est pas sûr que l’on pou...
Je crois que le risque d’affrontements post-électoraux est réel. Il faut le mesurer pour prévenir d’autant qu’il n’est pas sûr que l’on pourra guérir. Selon moi les deux camps (Azali et Mamadou) se sont engagés dans une dynamique qui pourrait aboutir à des affrontements post électoraux.
Le camp Azali est convaincu de l’emporter après son alliance avec Sambi. Il faudra des éléments tangibles pour lui faire accepter un échec éventuel. Qui plus est l’expérience du tour préliminaire a laissé des traces indélébiles d’une tricherie manifeste. Cette affaire suspecte du fonctionnaire de l’Union Européenne est encore venue renforcer les appréhensions de fraudes soutenue par des forces étrangères.
Pour sa part, le camp Mamadou n’est pas prêt à quitter le pouvoir. Les enjeux sont trop importants. L’argent a coulé à flots mais cela n’offre aucune garantie. Les chances de succès d’Azali sont allées crescendo. D’où des craintes sérieuses d’échec. La tentation d’utiliser l’appareil pour gagner à tout prix est forte ; elle a ses partisans. Il y a enfin le style arrogant de Msaïdié qui fait craindre le pire au camp d’en face.
Enfin le protocole pour sécuriser les élections, une avancée sérieuse, n’est qu’un texte et on connait le peu d’importance accordé aux lois du pays par ceux qui sont au pouvoir. La bonne volonté suivra-t-elle ou bien les mauvaises pratiques l’emporteront encore une fois.
Plus les scores seront serrés, plus les risques d’affrontements seront grands !
Ces ingrédients qui n’intègrent certainement pas tous les facteurs, méritent de retenir l’attention. Si le pays s’embrase, les principaux responsables de cet état de fait doivent déjà être sur la sellette. Qu’ils sachent que le pays les condamnera avec la plus grande rigueur.
Il s’agit en premier d’Ikililou, avec son laisser-faire irresponsable. Il faut qu’il s’implique pour empêcher toute fraude. C’est à lui de rassurer la Cour Constitutionnelle et la CENI. Il faut que ces institutions puissent travailler sans la pression du pouvoir. Il a hérité d’un pays en paix relative, va-t-il le laisser en guerre civile ?
En deuxième lieu, le Ministre de l’intérieur, chargé des élections et le Chef d’Etat-major de l’armée nationale. La force c’est eux. Le Chef d’Etat-major doit faire preuve d’une impartialité sans faille. C’est à lui d’assurer la transparence dans le déroulement des élections, le transfert des caisses et la ventilation des résultats.
Bien évidemment la responsabilité de la Cour Constitutionnelle et de la CENI ne peut pas être ignorée malgré leur peu de crédit, il faudrait qu’elles se refassent une nouvelle image !
Au total l’acceptation des résultats par toutes les parties exige une plus grande circonspection, une transparence sans faille des opérations électorales. En tout cas, la triche ne passera pas simplement comme ce fut le cas le 21 février. Elle risque de faire exploser ce qui reste de pays. Chacun a son parti pris. Mais nous avons tous le même pays, un pays tellement fragilisé par le séparatisme et les interférences de la France. Nous devons tous prendre garde et ne pas tout perdre.
Idriss (06/04/2016)