Les politiciens comoriens, des joueurs impénitents, mais aussi de très mauvais perdants « La différence entre les élections en France et a...
Les politiciens comoriens, des joueurs impénitents, mais aussi de très mauvais perdants
«La différence entre les élections en France et au Maroc, c’est que, chez nous, dès que les résultats sont connus, gagnants et perdants sont contents, alors que chez vous, personne n’est content après avoir appris les résultats d’un scrutin». Le mot est de Jacques Robert, grand constitutionnaliste français qu’on ne présente plus, nommé membre du Conseil constitutionnel français (1989-1998) par Laurent Fabius. Il répondait à la question d’un étudiant marocain de l’École nationale d’Administration de Rabat, au Maroc, sur la différence entre les élections en France et au Maroc. C’était en 1994. Apparemment, aux Comores, en dehors des candidats élus eux-mêmes, «personne n’est content après avoir appris les résultats d’un scrutin». C’est quand même grave parce qu’il règne un climat malsain aux Comores actuellement, un climat qui fait que les partis politiques ronchonnent, parce qu’ils n’ont pas obtenu les résultats qu’ils comptaient pouvoir réaliser. Le RIDJA n’avait pas engagé de nombreux candidats sur le front électoral, n’avait pas de candidats à Anjouan et à Mohéli, et finit le scrutin sans pouvoir faire élire ses hommes et femmes.
Sa posture, par trop insulaire, ne l’a pas aidé, alors qu’il avait une belle occasion pour afficher sa dimension nationale. D’autres partis ont affiché leur statut de partis insulaires, et le parti qui a le mieux prouvé son enracinement national est l’Union pour le Développement des Comores (UPDC), le «parti cocotte-minute» par excellence, le seul parti politique comorien qui sait faire un usage intelligent et efficace de la fraude électorale. En effet, l’UPDC est le seul parti politique comorien qui a des élus sur les trois îles, et cela en dit long sur l’inanité des formations partisanes comoriennes, dont on a toujours du mal à déceler la pertinence et l’utilité. Le Parti Orange de Mohamed Daoudou dit «Kiki», quant à lui, a fait montre de son incroyable don à remplir les salles de meeting et les places publiques, mais sans pouvoir remplir les urnes. Ce décalage prouve les limites du marketing politique tel qu’il est conçu par les partis politiques comoriens qui communiquent le plus sur leur activité: le Parti RIDJA, le Parti Orange et le Parti unipersonnel des Consanguins et de la Consanguinité politique d’Ahmed Sambi. On aurait voulu entendre la réaction officielle du RIDJA après la proclamation des résultats provisoires, mais il n’y eut aucune réaction. Le Parti Orange a essayé d’avoir un comportement agressif le dimanche 22 février 2015, et il était même question que Mohamed Daoudou, son leader, soit arrêté par les autorités pour troubles publics un jour d’élection.
Le Parti unipersonnel des Consanguins et de la Consanguinité politique, qui se voyait en parti majoritaire imposant une cohabitation politique au Président Ikililou Dhoinine, a cessé de communiquer sur son blog de propagande mensongère et haineuse, mais chaque fois qu’il le fait, c’est pour ressortir ses vieux clichés haineux, fangeux et détestables. En dehors de l’UPDC, aucun autre parti politique n’exprime une entière et sincère satisfaction. La contestation des résultats des élections est devenue la principale activité des partis politiques comoriens, trop nombreux, totalement discrédités, trop campés dans des positions insulaires, sans âme, ni crédibilité, ni cohérence, souvent dirigés par de mauvais chefs, sans objet, ni stabilité idéologique, et désormais contournés dédaigneusement par une flopée de candidats indépendants, qui leur expriment ainsi leur mépris et leur méfiance. Assister à une telle débauche de contestation nous incite à faire deux lectures différentes mais complémentaires de l’événement: d’une part, la contestation d’une élection entièrement marquée par une fraude massive et malsaine, et d’autre part, le refus de la plupart des partis politiques de leur caractère artificiel. Les partisans d’Ahmed Sambi ont même trouvé un slogan, et il est dangereux et irresponsable: «Parti Juwa: Soulever la colère du peuple contre l’injustice». Et quand Ahmed Sambi était le maître d’œuvre de la fraude électorale et a fait élire le Parlement de la honte en 2009, qui avait «soulevé la colère du peuple contre l’injustice»?
À Itsandra, Maître Fahmi Saïd Ibrahim, Président du Parti de l’Entente comorienne (PEC) et allié de l’«apatrîle» français Ahmed Sambi, est temporairement déclaré élu; mais, compte tenu des graves dysfonctionnements constatés sur les lieux, le candidat Hassani Soilihi, du RDC, le Parti du Gouverneur Mouigni Baraka, lui aussi, se déclare élu. Bonjour, les dégâts. Du coup, les partisans des deux candidats ont simultanément fait la fête pour célébrer «la victoire» de leur chouchou. On a assisté au même phénomène dans le Mitsamiouli-Mboudé, où les deux camps ont crié victoire. C’est très chou. Quand on y ajoute le désarroi de Mouigni Baraka, le plus grand boxeur-catcheur comorien de tous les temps, on obtient le plus saisissant des tableaux. Si les Comoriens passent leur temps à ce petit jeu, on assistera à la fin de la vraie compétition politique, à l’issue de laquelle on doit avoir un vainqueur et un vaincu qui, chacun, assume avec dignité son statut électoral. En attendant, les candidats sont dans une logique de «défaite dans la victoire».
Par ARM
© www.lemohelien.com – Vendredi 27 février 2015.
«La différence entre les élections en France et au Maroc, c’est que, chez nous, dès que les résultats sont connus, gagnants et perdants sont contents, alors que chez vous, personne n’est content après avoir appris les résultats d’un scrutin». Le mot est de Jacques Robert, grand constitutionnaliste français qu’on ne présente plus, nommé membre du Conseil constitutionnel français (1989-1998) par Laurent Fabius. Il répondait à la question d’un étudiant marocain de l’École nationale d’Administration de Rabat, au Maroc, sur la différence entre les élections en France et au Maroc. C’était en 1994. Apparemment, aux Comores, en dehors des candidats élus eux-mêmes, «personne n’est content après avoir appris les résultats d’un scrutin». C’est quand même grave parce qu’il règne un climat malsain aux Comores actuellement, un climat qui fait que les partis politiques ronchonnent, parce qu’ils n’ont pas obtenu les résultats qu’ils comptaient pouvoir réaliser. Le RIDJA n’avait pas engagé de nombreux candidats sur le front électoral, n’avait pas de candidats à Anjouan et à Mohéli, et finit le scrutin sans pouvoir faire élire ses hommes et femmes.
Sa posture, par trop insulaire, ne l’a pas aidé, alors qu’il avait une belle occasion pour afficher sa dimension nationale. D’autres partis ont affiché leur statut de partis insulaires, et le parti qui a le mieux prouvé son enracinement national est l’Union pour le Développement des Comores (UPDC), le «parti cocotte-minute» par excellence, le seul parti politique comorien qui sait faire un usage intelligent et efficace de la fraude électorale. En effet, l’UPDC est le seul parti politique comorien qui a des élus sur les trois îles, et cela en dit long sur l’inanité des formations partisanes comoriennes, dont on a toujours du mal à déceler la pertinence et l’utilité. Le Parti Orange de Mohamed Daoudou dit «Kiki», quant à lui, a fait montre de son incroyable don à remplir les salles de meeting et les places publiques, mais sans pouvoir remplir les urnes. Ce décalage prouve les limites du marketing politique tel qu’il est conçu par les partis politiques comoriens qui communiquent le plus sur leur activité: le Parti RIDJA, le Parti Orange et le Parti unipersonnel des Consanguins et de la Consanguinité politique d’Ahmed Sambi. On aurait voulu entendre la réaction officielle du RIDJA après la proclamation des résultats provisoires, mais il n’y eut aucune réaction. Le Parti Orange a essayé d’avoir un comportement agressif le dimanche 22 février 2015, et il était même question que Mohamed Daoudou, son leader, soit arrêté par les autorités pour troubles publics un jour d’élection.
Le Parti unipersonnel des Consanguins et de la Consanguinité politique, qui se voyait en parti majoritaire imposant une cohabitation politique au Président Ikililou Dhoinine, a cessé de communiquer sur son blog de propagande mensongère et haineuse, mais chaque fois qu’il le fait, c’est pour ressortir ses vieux clichés haineux, fangeux et détestables. En dehors de l’UPDC, aucun autre parti politique n’exprime une entière et sincère satisfaction. La contestation des résultats des élections est devenue la principale activité des partis politiques comoriens, trop nombreux, totalement discrédités, trop campés dans des positions insulaires, sans âme, ni crédibilité, ni cohérence, souvent dirigés par de mauvais chefs, sans objet, ni stabilité idéologique, et désormais contournés dédaigneusement par une flopée de candidats indépendants, qui leur expriment ainsi leur mépris et leur méfiance. Assister à une telle débauche de contestation nous incite à faire deux lectures différentes mais complémentaires de l’événement: d’une part, la contestation d’une élection entièrement marquée par une fraude massive et malsaine, et d’autre part, le refus de la plupart des partis politiques de leur caractère artificiel. Les partisans d’Ahmed Sambi ont même trouvé un slogan, et il est dangereux et irresponsable: «Parti Juwa: Soulever la colère du peuple contre l’injustice». Et quand Ahmed Sambi était le maître d’œuvre de la fraude électorale et a fait élire le Parlement de la honte en 2009, qui avait «soulevé la colère du peuple contre l’injustice»?
À Itsandra, Maître Fahmi Saïd Ibrahim, Président du Parti de l’Entente comorienne (PEC) et allié de l’«apatrîle» français Ahmed Sambi, est temporairement déclaré élu; mais, compte tenu des graves dysfonctionnements constatés sur les lieux, le candidat Hassani Soilihi, du RDC, le Parti du Gouverneur Mouigni Baraka, lui aussi, se déclare élu. Bonjour, les dégâts. Du coup, les partisans des deux candidats ont simultanément fait la fête pour célébrer «la victoire» de leur chouchou. On a assisté au même phénomène dans le Mitsamiouli-Mboudé, où les deux camps ont crié victoire. C’est très chou. Quand on y ajoute le désarroi de Mouigni Baraka, le plus grand boxeur-catcheur comorien de tous les temps, on obtient le plus saisissant des tableaux. Si les Comoriens passent leur temps à ce petit jeu, on assistera à la fin de la vraie compétition politique, à l’issue de laquelle on doit avoir un vainqueur et un vaincu qui, chacun, assume avec dignité son statut électoral. En attendant, les candidats sont dans une logique de «défaite dans la victoire».
Par ARM
© www.lemohelien.com – Vendredi 27 février 2015.