Appels sur l’actualité revient sur la situation de l’ancien président malgache Marc Ravalomanana, détenu après son retour d’exil en Afrique...
Appels sur l’actualité revient sur la situation de l’ancien président malgache Marc Ravalomanana, détenu après son retour d’exil en Afrique du Sud en octobre 2014, puis assigné en résidence surveillée alors que certains de ses proches ont été graciés.
Quelles sont les craintes du gouvernement par rapport à la présence de l’ex-président malgache sur le territoire ?
Quelles sont les craintes du gouvernement par rapport à la présence de l’ex-président malgache sur le territoire ?
Il faut rappeler que quand Marc Ravalomanana est rentré d’exil au mois d’octobre, la première chose qu’il a faite a été de convoquer la presse, lors d’une conférence où il a tenu un discours jugé provocateur : il a remis en cause la légitimité des autorités actuelles, sans appeler explicitement au soulèvement. Il a affirmé que maintenant qu’il était là, le peuple savait ce qu’il avait à faire. Et deux heures après, il a été arrêté. Donc, la crainte première, c’était qu’il agite les foules, qu’il joue les trouble-fêtes dans un moment où la stabilité politique est très fragile, la situation économique et sociale est aussi encore très tendue. Autre crainte, qui est la raison officielle de sa mise en résidence surveillée, c’est sa propre sécurité. Et il est raisonnable de penser que Marc Ravalomanana garde beaucoup d’ennemis cinq ans après son renversement, et que certains préféreraient l’éliminer plutôt que de le voir revenir jouer un rôle quelconque sur la scène politique ou économique du pays.
De quels soutiens Ravalomanana bénéficie-t-il à l’intérieur comme à l’extérieur du pays ? Quel est son pouvoir d’influence ?
A l’intérieur du pays, les dernières élections ont montré qu’il reste très populaire sur les Hauts plateaux, c’est-à-dire dans l’intérieur des terres, les régions les plus peuplées y compris dans la capitale. Dans ces régions, les membres de sa mouvance ont remporté la majorité des voix l’an dernier. A Antananarivo, son candidat à la présidentielle était arrivé en tête et c’est un atout important d’avoir avec soi la capitale. Il faut néanmoins relativiser cette popularité. Marc Ravalomanana n’est plus la figure charismatique qu’il a pu être par le passé. Son retour d’exil n’a pas provoqué d’élan d’enthousiasme particulier et quand il a été arrêté et que sa femme a appelé à manifester, il y a eu très peu de monde dans la rue.
La manifestation a été dispersée et elle est restée sans lendemain. La population de manière générale est fatiguée par la politique, et l’ancien président n’échappe pas à cette défiance, je dirais même cette désillusion. En clair, on peut dire que dans les urnes, son poids peut être important. Mais qu’aujourd’hui, peu de gens sont prêts à descendre dans la rue pour défendre sa cause. On peut faire le parallèle pour ses soutiens à l’extérieur du pays. Les Etats-Unis et les pays de la SADC (Communauté de développement de l'Afrique Australe) comme l’Afrique du Sud, ont toujours insisté pour qu’il puisse rentrer d’exil, ils l’ont soutenu dans ses démarches. Aujourd’hui, ce que ces partenaires recherchent, c’est surtout le retour à l’ordre constitutionnel et la stabilité politique. Et ils soutiennent d’abord le président de la république élu l’an dernier, Hery Rajaonarimampianina.